Malgré des exigences drastiques en matière d'exemplarité, et un tri sur le volet, certains des candidats investis par le mouvement d'Emmanuel Macron ne correspondent pas tout à fait aux engagements pris.
Législatives : même inquiétés par la justice, ces candidats LREM sont en tête
Richard Ferrand, Marielle de Sarnez, Bruno Bonnell... Ils sont une dizaine de candidats et se sont tous qualifiés pour le second tour des législatives.
Ils ont été impliqués dans une affaire pénale par le passé ou le sont actuellement, mais cela n'a pas eu d'impact sur leur candidature aux législatives. Si La République en marche faisait de l'exemplarité de ses élus une priorité, de nombreux dossiers sont ressortis dans la presse durant les semaines qui ont précédé les législatives. Mais ces «affaires» n'ont pas freiné les électeurs. Au contraire même, puisque dans dix cas sur onze, le candidat macroniste est arrivé en tête de ce premier tour.
• Ceux visés par une enquête préliminaire
- «Je constate que les Finistériens et les Finistériennes m'ont réitéré leur confiance à hauteur de presque 34%» a affirmé le ministre de la Cohésion des territoires dimanche soir. Et Richard Ferrand a de quoi être rassuré, puisqu'il est arrivé en tête de la 6e circonscription du Finistère avec 33,93%, contre le candidat LR.
L'affaire concernant le montage immobilier autour des Mutuelles de Bretagne n'a vraisemblablement pas eu d'impact sur le vote. Et ce, alors que le parquet de Brest a ouvert une enquête préliminaire pour «abus de confiance» le 1er juin.
Selon Mediapart, le ministre de la Cohésion des territoires se serait enrichi en revendant une partie de sa permanence parlementaire, qu'il aurait achetée avec des fonds publics.
Deux semaines après l'ouverture d'une enquête préliminaire à propos d'un montage dont aurait bénéficié sa compagne, Richard Ferrand se retrouve de nouveau au cœur d'une affaire, toujours sur fond d'opération immobilière trouble.
Cette fois, les faits remontent à septembre 2016 : l'actuel ministre de la Cohésion des territoires est alors secrétaire général du mouvement En marche !.
Selon les informations de Mediapart, le député socialiste du Finistère aurait décidé de revendre une partie de sa permanence parlementaire à la fédération PS du département : 40 000 euros pour 43m2.
Richard Ferrand aurait acheté ces locaux en octobre 2012, quatre mois à peine après son arrivée à l’Assemblée nationale. Plutôt que de louer une permanence parlementaire, le député breton aurait préféré acquérir "un rez-de-chaussée à Châteaulin, deuxième ville de sa circonscription, au prix de 115 000 euros pour 130 m2 environ", écrit le site d'investigation.
De l'argent public pour rembourser un bien privé ?
Un emprunt de150 000 euros lui est alors accordé, pour financer également les travaux. Et Mediapart de s'interroger ? "Pour régler ses mensualités, le député Ferrand a-t-il utilisé des fonds publics, en l'occurrence son IRFM [son indemnité parlementaire pour frais de mandat] ?" Si c'est le cas, le ministre "aurait ainsi réussi une sacrée culbute : acquérir un bien immobilier avec l'aide de fonds publics, en conserver une partie à la fin de son mandat, en revendre une autre à des concurrents politiques".
La pratique a finalement été réglementée en février 2015, comme le précise Médiapart. "Aujourd'hui, les députés n’ont plus le droit d’employer l’IRFM pour une 'dépense afférente à une nouvelle acquisition de biens immobiliers'", écrit le site.
Les députés peuvent par contre continuer à rembourser un emprunt contracté avant février 2015, "contrairement aux sénateurs", ajoute le journal.
- Même soulagement chez sa collègue ministre Marielle de Sarnez. Elle a recueilli 41,27% des votes dans la 11e circonscription de Paris.
Soupçonnée d'abus de confiance concernant son assistante parlementaire lorsqu'elle était au parlement européen, elle fait l'objet d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris depuis le 30 mai.
- Dans la 1ère circonscription de la Côte d'Or, le candidat LREM Didier Martin est arrivé en tête avec 36,08% des voix.
Comme les deux ministres, il est visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Dijon fin mai suite à trois plaintes déposées pour « tentative d'escroquerie au jugement ». La justice cherche à savoir si, lorsqu'il était directeur de l'office de tourisme de la ville, il aurait fait pression sur des salariés afin qu'ils produisent de faux témoignages pour faciliter le licenciement d'une salariée.
Celle-ci l'accusait d'utiliser trop souvent la carte bleue de l'office pour des motifs personnels.
- Une enquête préliminaire a également été lancée par le parquet de Perpignan à l'encontre de Romain Grau. Arrivé en tête de la 1ère circonscription des Pyrénées-Orientales avec 31,75%, l'énarque est soupçonné d'«harcèlement moral».
D'après France Bleu, il aurait fait pression sur les salariés de son entreprise d'aéronautique EAS alors que ces derniers étaient en plein surmenage. Travaillant pour certains jusqu'à 60 heures par semaine, les ouvriers auraient eu l'obligation de produire des avions le plus rapidement possible, jusqu'à un par semaine.
• Ceux déjà condamnés
- Le macroniste Bruno Bonnell est arrivé devant Najat-Vallaud-Belkacem dans la 6e circonscription du Rhône avec 36,69% des suffrages.
Sanctionné en 2008 par l'Autorité des marchés financiers concernant des spéculations boursières douteuses, Médiacités a dévoilé que la justice s'intéressait à nouveau à lui concernant ses sociétés Robopolis et Awadot.
Ces dernières sont domiciliées dans le Delaware, État américain considéré comme un paradis fiscal, ce qui lui a permis d'éviter l'ISF. Par ailleurs, l'adversaire de l'ancienne ministre de l'Éducation n'a pas payé d'impôts sur le revenu en 2008 et 2009 grâce à une restructuration de son patrimoine.
Cela lui a été possible par un endettement important alors que l'homme menait un «train de vie absolument sans rapport avec ses ressources avouées, comme l'occupation d'un château féodal dans le Beaujolais...», selon Libération.
- Dans un tout autre genre, la candidate LREM dans la 2e circonscription du Nord (Villeneuve d'Ascq-Ronchin) Houmria Berrada a également eu à faire à la justice. Arrivée première avec 22,53% des voix, elle a été condamnée en 2011 pour falsification d'un diplôme de l'Institut d'études judiciaires (IEJ) de Strasbourg.
Elle avait écopé d'une peine de huit mois de prison avec sursis pour faux et usage de faux d'un document administratif.
• Ceux dont le jugement arrive prochainement
- Stéphanie Jannin est candidate macroniste dans la 2e circonscription de l'Hérault. Dimanche soir, elle était en tête avec un score de 28,58%.
Pourtant, l'actuelle adjointe au maire de Montpellier sera jugée, avec son compagnon, le 18 septembre prochain au tribunal correctionnel. La justice l'accuse de « prise illégale d'intérêt » dans un appel d'offres du Conseil municipal.
D'un montant de 70.000 euros, ce projet aurait été remporté par une entreprise dont elle était encore salariée alors qu'elle avait débuté son poste d'adjointe.
Elle encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.
• Celle dont une plainte a été déposée
- Dans la 7e circonscription du Var, Emilie Guérel a raflé 31,55% des suffrages devant le candidat du FN.
Parmi ses 23 autres adversaires, l'un a porté plainte contre elle pour « escroquerie à l'assurance maladie », l'accusant d'avoir fait campagne alors qu'elle était en arrêt depuis décembre. Cette dernière s'est justifée auprès de 20 Minutes en précisant qu'elle faisait campagne de son domicile et «n'avait tracté que trois fois».
• Ceux dont les actes n'ont pour le moment pas fait l'objet de plainte
- Seule candidate parmi ces onze à être arrivée seconde au premier tour, Véronique Avril a fait parler d'elle récemment pour avoir loué un logement insalubre en Seine-Saint-Denis. Celle qui a recueilli 20,69% des voix derrière le candidat PCF Stéphane Peu (27,69%) a été pointée du doigt pour avoir mis à disposition un studio de 23 mètres carrés « en état de péril imminent », pour 650 euros par mois. Il a notamment accueilli une famille de cinq personnes.
- L'affaire étant plus ancienne, elle n'a visiblement pas porté préjudice au candidat. Dans la première circonscription de la Guadeloupe, le candidat Olivier Serva ayant eu des propos homophobes a atteint le score de 43,70%. Dans une vidéo de 2012, ce dernier avait déclaré que l'homosexualité était « une abomination »: il avait ensuite présenté ses excuses.
- Dans l'Eure enfin, Claire O'Petit, chroniqueuse de l'émission « Les Grandes Gueules»sur RMC, ne faisait pas l'unanimité au sein des marcheurs. Elle s'était fait une réputation en tenant des propos outranciers à l'antenne à l'encontre de Roms, ou en traitant des femmes de « connes » en 2014. Le Parisien précise par d'ailleurs qu'elle aurait tenté d'être investi au Front national avant de bifurquer vers LREM.
Elle arrive pourtant en tête avec 28,55% contre le candidat frontiste.
Des profils plus ou moins en accord avec le projet de loi de moralisation de vie publique, sur lesquels le gouvernement devra se pencher si, comme les prévisions l'envisagent, ces onze candidats rejoignent l'Assemblée.
Malgré des exigences drastiques en matière d'exemplarité, et un tri sur le volet, certains des candidats investis par le mouvement d'Emmanuel Macron ne correspondent pas tout à fait aux engagements pris.
La moralisation de la vie politique est l'un des principaux engagements du mouvement du président Emmanuel Macron pour cette campagne des législatives. François Bayrou doit d'ailleurs présenter ce jeudi après-midi les grandes lignes de sa nouvelle loi sur la moralisation de la vie publique. Mais cette exigence pose déjà des difficultés à l'équipe gouvernementale, logiquement passée à la loupe, et notamment au ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand. Des critères d'exemplarité qui doivent également s'appliquer aux candidats investis par La Républiques en marche (LREM) pour les législatives. Le mouvement d'Emmanuel Macron se trouve confronté à cet égard également à quelques difficultés.
- Un candidat condamné à une peine d'inéligibilité
Début mai, Richard Ferrand avait rappelé qu'aucun candidat ne serait investi par LREM si son casier judiciaire n'était pas vierge ou s'il avait été condamné pour une peine d'inéligibilité.
Investi dans la 1ère circonscription de Haute-Garonne, Pierre Cabaré semble être passé entre les mailles du filet. Passé par plusieurs écuries politiques, ce dernier n'est pas un néophyte des campagnes électorales. Il a d'ailleurs déjà fait campagne pour les législatives de 2002 sous l'étiquette Divers droite dans la même circonscription.
Mais comme le révèle la Dépêche du midi ce mardi, cette campagne lui a valu une condamnation en 2003 à un an d'inéligibilité pour la gestion de ses comptes. Il n'avait alors ni mandataire financier ni compte bancaire spécifique pour la prise en charge de ses frais de campagne. Un passif incompatible avec les exigences du mouvement macroniste.
Lui-même juge l'histoire sans intérêt et n'en a d'ailleurs pas fait mention à la commission d'investiture de LREM: « Si j'avais pensé que c'était important, je l'aurais signalé ». «Il y a inéligibilité et inéligibilité, considère le candidat.
À l'époque, j'ai péché par inexpérience», argue-t-il encore. Son investiture a été suspendue dimanche soir selon l'AFP, mais Pierre Cabaré se dit déterminé à aller jusqu'au bout.
- Une candidate loue un logement insalubre
Autre potentiel couac parmi les candidats LREM, cette fois en Seine-Saint-Denis. Selon les informations de Mediapart, Véronique Avril, investie dans la 2e circonscription du 93, est accusée d'avoir loué un logement insalubre au prix fort pendant 5 ans.
Il s'agissait précisément d'un appartement de 23 m², situé dans un immeuble «classé depuis des années en état de péril imminent», et loué au prix de 650 euros par mois. Une famille de 5 personnes a même été hébergée sur les lieux.
Chargée de mission pour la ville de Paris, la candidate se pose en victime et assure que la mairie de Saint-Denis avait promis d'engager des travaux. « La famille locataire ne voulait pas partir. Ils ont été violents, ont changé la serrure. Je m'estime victime », a-t-elle encore plaidé. Le mouvement d'Emmanuel Macron indique que son comité d'éthique a été saisi sur le sujet, et précise que « la candidate n'a pas été condamnée et qu'à ce jour aucune plainte n'a été déposée contre elle ».
- Les propos homophobes d'un candidat en Guadeloupe
Loin des valeurs d'ouverture et de tolérance prônées par En Marche, Olivier Serva, candidat dans la 1ère circonscription de Guadeloupe, jugeait dans une vidéo diffusée en 2012 que l'homosexualité était «une abomination». Il avait alors mis en avant sa foi chrétienne pour appuyer cette position, dans le cadre d'un débat local sur le mariage pour tous. Contacté par Le Figaro, le président de la Commission nationale d'investiture d'En marche!, Jean-Paul Delevoye, n'excluait cependant pas mercredi 31 mai de maintenir son investiture à Olivier Serva «s'il récuse ces propos», qui «datent de 2012». «Dans notre philosophie, tout le monde a le droit à l'erreur, justifie-t-il, acceptant ainsi de «créer un bémol».
Contacté par France Info, Olivier Serva s'est exécuté: «Si ces propos ont pu choquer ou blesser, j'en suis fort désolé, ce n'était pas mon objectif et je m'en excuse». Et le candidat d'ajouter: «Je n'ai jamais été homophobe, j'ai beaucoup d'amis homosexuels. Je respecte le choix de chacun».
- Les faux diplômes d'une candidate dans le Nord
Candidate de La République en marche dans la deuxième circonscription du Nord, Houmria Berrada s'est trouvée épinglée par La Voix du Nord mercredi 31 mai. Alors que les règles de candidature pour LREM impliquent la probité et donc l'absenc e de condamnations, cette dernière pourtant bien a été condamnée en 2011 pour falsification d'un diplôme de l'Institut d'études judiciaires (IEJ) de Strasbourg. Elle avait écopé en mars 2011 d'une peine de huit mois de prison avec sursis pour faux et usage de faux d'un document administratif et à 500 € de dommages et intérêts pour Marie Metzger, l'étudiante dont elle est accusée d'avoir usurpé l'identifiant et les diplômes.
Auprès du quotidien régional, la candidate souligne que cette condamnation ne figure pas sur son casier judiciaire.
-Patrick Mennuci menacé de mort
Dans la 4ème circonscription de Marseille, il n'y a pas que l'arrivée de Jean-Luc Mélenchon qui perturbe le jeu politique local. Entre le socialiste et la candidate LREM Corinne Versini, la tension est à son comble. le député sortant accuse le suppléant de son adversaire, Said Ousmane Diallo, d'avoir proféré à son encontre des menaces, rapporte le journal 20 Minutes.
Les faits évoqués remontent aux précédentes législatives, et les propos enregistrés.
En réaction à ces accusations, LREM précise avoir sélectionné les candidats, mais pas leur suppléants.
De son côté Corinne Versini n'entend pas changer de suppléant pour l'instant. La candidate dénonce par ailleurs une campagne «d'un autre monde» , arguant d'avoir été cambriolée deux fois déjà depuis le début de la campagne.
La cour des miracles
Corinne Vignon, candidate LREM aux législatives dans la Haute-Garonne fait l’objet d’une enquête. Le parquet de Toulouse a en effet ouvert une enquête pour dissimulation d’activité.
Une candidate LREM poursuivie pour fraude fiscale. La maire de Flourens, en banlieue de Toulouse, est en effet astrologue à ses heures perdues. Elle aurait facturé certaines séances à 90 euros.
Des revenus d’astrologues juteux non déclarés. Cependant, elle n’aurait jamais déclaré les revenus qu’elle dégageait de cette activité secondaire. Pourtant, certains séances pouvaient s’élever jusqu’à 90 euros. D’après France 3, elle a également oublié de déclarer lasomme versée par son ancien employeur après une rupture conventionnelle de contrat.
Dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine, Laurent Zameczkowski sous une plainte déposée par sa femme pour violence conjugale au mois d’avril pour coups et blessures, violence conjugale. Le 9 juin dernier, c’est Jean‐Pierre Elkabbach qui, le premier, évoque l’existence d’une plainte pour violence conjugale contre le candidat En Marche dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine (Neuilly, Puteaux, Courbevoie-Sud), Laurent Zameczkowski. Jean-Paul Delevoye, le président de la commission d’investiture LREM invité ce jour-là sur CNews, répond alors : “Bien évidemment si nous avions connu ces faits avant, peut-être que nous n’aurions pas donnél’investiture”.
Plusieurs mains courantes déjà déposées contre le candidat
Le Canard enchaîné révèle de nouveaux témoignages dans l’affaire des assistants parlementaires.
L’étau se resserre autour de François Bayrou et du MoDem. Recadré par Édouard Philippe ce mardi pour avoir tenté d’en savoir davantage sur l’enquête que menait Radio France sur l’affaire des assistants parlementaires, le garde des Sceaux se retrouve encore une fois visé par de nouvelles informations du Canard enchaîné.
Selon l’hebdomadaire, sa propre secrétaire particulière, Karine Aouadj, aurait cumulé, dès 2010, sa fonction avec celle d’assistante parlementaire de la députée européenne et actuelle ministre chargée des Affaires européennes, Marielle de Sarnez. Les deux tiers de son salaire auraient alors été réglés par le Parlement européen, alors que, selon Le Canard, qui cite l’entourage de la secrétaire, le travail réalisé par cette dernière se limitait à des questions d’agenda.
Source : http://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/affaire-richard-ferrand/richard-ferrand-est-il-au-coeur-d-une-nouvelle-affaire-immobiliere_2234143.html
Source : http://www.lefigaro.fr/elections/legislatives/2017/06/12/38001-20170612ARTFIG00239-legislatives-meme-inquietes-par-la-justice-ces-candidats-lrem-sont-en-tete.php
Source :http://www.lefigaro.fr/elections/legislatives/2017/05/30/38001-20170530ARTFIG00062-legislatives-des-candidats-lrem-dans-les-affres-de-l-exemplarite.php
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