| Accueil | | Théma | Retour pages Disparus |
  Réponse d'une fille de Disparu du *5 juillet 1962 à Oran «Non ! au musée de la mairie de Perpignan à la gloire de la colonisation »  
     
De quel « Homme » parlez-vous ?
Apparemment, vous faites une discrimination entre les victimes selon leurs origines.
Compassion pour les unes et déni des souffrances pour les autres.
Vous accusez certaines associations Pieds Noirs « d’amalgame ». Je ne pense pas que ce problème, s’il devait exister, vous concerne.

Tout le peuple Pied Noir est victime de la décolonisation et il est normal que nous compatissions les uns envers les autres, à des dates symboliques : *26 mars, 5 juillet*, par-delà nos idées politiques, notre religion ou nos responsabilités citoyennes.
De quel droit, et à quel titre, voulez-vous nous en empêcher ?
Vous nous prêtez des intentions coupables, qui sont en fait les vôtres
selon un procédé pervers bien connu : Pour se disculper de toute responsabilité, on accuse l’autre de ses propres turpitudes!
*Qui croyez-vous protéger?*
Le "climat révisionniste", c’est vous qui l’entretenait: La réalité des faits ne correspondant pas à votre idéologie, vous essayez donc par intimidation ou menaces de nous faire taire !
En ce qui concerne le *26 mars*, vous ne parlez que de la thèse de "l’OAS agresseur", mais il y en a d’autres que vous vous gardez bien d’évoque.
C’est encore faire table-rase de l’histoire chronologique des faits et de tout ce que nous avons vécu et subi comme agressions du FLN dès 1954: assassinats, attentats à la bombe à Alger et dans d'autres villes, ou encore des promesses non tenues du chef de l’état Français: « vous êtes tous Français », etc...
Si nous manifestons encore *le 26 mars*, c’est parce que nous désirons que la Vérité soit enfin dite !
*Le 5 juillet*, que vous qualifiez pudiquement de "drame d’Oran», vous l’expliquez et l’excusez par "des attentats aveugles de l’OAS" perpétrés précédemment !
Interprétation réductrice et tendancieuse, pour camoufler sans doute les atrocités et les tortures de vos héros de l’Indépendance ?
*Encore une fois, c'est vous qui falsifiez l’Histoire !*
*Le 5 juillet*, les "résistants de l’OAS" étaient partis depuis bien longtemps déjà.
Nos biens et nos personnes étant garantis par les accords d’Evian, certains Pieds Noirs, qui voulaient croire encore en une possible réconciliation, étaient décidés à rester en Algérie.
Mais la politique et la rivalité, pour ne pas dire le rapport de force entre l’ALN et Le FLN en ont décidé autrement, avec comme complice le Gouvernement Français d'alors.
Le *5 juillet 1962 à Oran* , qui aurait du être un jour de joie et de réconciliation (voir le 13 mai 1958), s’est transformé en *un carnage bestial prémédité. *Sur les victimes *du 5 juillet*, vous dites : « de nombreux européens sont arrêtés, regroupés, parfois très gravement maltraités ».
Le comble pour décrire une Saint-Barthélemy!
Pas un mot sur les massacres en pleine ville, sur les femmes poursuivies dans leur propre maison, sur les rues pleines de sang, les barrages sur les routes en périphérie d’Oran, les exécutions sommaires, les cadavres suspendus à des crochets aux Abattoirs , ou jetés dans les fours des hammams, dans des prisons et salles de tortures disséminées dans toute la ville ...., et surtout, pas un mot sur *le charnier du PETIT LAC*, qui a répandu pendant des jours des odeurs pestilentielles, et qui a été recouvert depuis d’une chape de béton !
*Que de détails occultés, avec votre complicité !*
Personne à ce jour n’a fait de recherches, aucune autorité Française ou Algérienne n’a tenté de retrouver les corps, afin de leur offrir une digne sépulture.
*Cette revendication n’est-elle pas légitime ?*
Vous atteignez le comble de l’hypocrisie ..., lorsque vous déclarez respecter la mémoire des victimes, ou que vous soutenez les familles de Disparus ! (Pétition de la LDH, 18 septembre 2005)
*Quelles victimes et quelles familles soutenez-vous donc ?*
Je ne vous ai jamais vu à nos côtés lors de nos commémorations du *5 juillet*, qui pourtant ont lieu un peu partout en France ...
Par contre, vous exigez que *«le projet du Mur des disparus a Perpignan*
*ne voit pas le jour » !*
*Pourquoi faites-vous une discrimination entre les Disparus ? *
* Y a-t-il des bons et des mauvais Disparus ?
Vous vous apitoyez sur les familles algériennes de Disparus dont je partage la douleur, mais pas sur les familles Pieds Noirs!
Pourquoi ?
La souffrance et l’angoisse sont pourtant les mêmes !
"Pensez-vous être crédibles, avec une telle attitude ?*
Il faut vraiment que vous soyez aux abois pour commettre une telle erreur tactique.
Où sont passés vos désirs d’équité, ou de neutralité ?
Vous vous apercevez soudain que les Pieds Noirs sont encore là, qu’ils ne sont pas tous morts et qu’en plus ils osent parler, manifester et réclamer.
Cela vous gêne ?
Et pourtant, eux aussi ont le droit à la parole, comme tout être humain et de plus, ils sont des témoins précieux.
*Car eux, ont VÉCU la guerre d’Algérie*!
Il faut vraiment que vous ayez quelque chose à cacher et à craindre, pour vous acharner de telle sorte sur nos disparus !
Et sur le déni de la souffrance de ces familles qui réclament, elles aussi "*le Droit à la Vérité ", reconnu par le Droit International.*
Alors que vous accordez votre soutien et ce même droit aux familles algériennes de Disparus!(LDH Toulon : « Familles des disparus en Algérie : l’ONU ouvre le dossier », 21 juin 2006).
«Vision partielle et partiale de l’Histoire », écrivez-vous ? (LDH : Mépris de l’histoire et des victimes, avril 2005).
C’est bien ce que je vous reproche à mon tour !
Vous vous acharnez encore à vouloir retirer le droit aux familles de pouvoir offrir une sépulture symbolique à (ou les) l’être(s) cher(s) qu’elles ont perdu, comme de pouvoir enfin se recueillir ensemble et partager leur douleur.
Ces Disparus, messieurs, ont existé.
Ils avaient une famille et étaient des êtres de chair et de sang, des victimes innocentes prises dans la tourmente d’une guerre de rivalité fratricide entre Algériens.
*Si les responsables de l’époque avaient été poursuivis et jugés, il* *n’y aurait pas de familles algériennes de Disparus aujourd’hui !*
Votre attitude et vos écrits sur ce sujet douloureux sont abjects et irresponsables.
*Qu’avez-vous à cacher, et que craignez vous que soit révélé ? *
Pour ma part, je ne renoncerai jamais à mon combat.
Vous ne me faites pas peur, je dirais mieux, vous êtes en train de galvaniser mes forces.
Tôt ou tard, la vérité émergera, malgré vos gesticulations, car comme le dit Florence Beaugé, en citant l’avocat des familles algériennes, dans le Monde du 3 mars 2006 :
*« Peut-on empêcher tout un peuple de parler de son histoire ? »*
Marie-Claude Teuma
Fille de Paul Teuma, disparu le 5 juillet 1962 à Oran.