Viviane Pinto Ezagoury
- Depuis la fin de la guerre beaucoup de familles sont sans nouvelles des disparus, notamment à la suite de la journée du 5 juillet à Oran
- Pourquoi avoir créé un comité des disparus, quelle en est l'origine ?
-Viviane Pinto Ezagoury Mon père a disparu le 5 juillet 1962 à Oran, en même temps que des milliers de Pieds Noirs qui ont été tués ce jour-là, égorgés pour la plupart. Les chiffres officiels du Quai d'Orsay font état de 3182 disparus depuis le cessez-le-feu dans toute l'Algérie. J'ai voulu savoir.

Le comité que j'ai créé avec deux filles de disparus, Marie Claude Teuma et Elise Aguera a pour objet de recueillir les témoignages des familles de disparus pour les renseigner sur toutes les informations dont nous disposons, et les aider dans leurs démarches afin de leur permettre d'accéder aux archives officielles et récemment celles de la gendarmerie nationale. Nous avons recueilli à ce jour, de multiples témoignages qui reflètent la même angoisse, la même souffrance avec la même question : l'attente et l'ignorance.
- Quelles sont les actions que vous avez menées et celles que vous projetez ?
Viviane Pinto Ezagoury . Nous avons porté plainte en 2002 pour crime contre l'humanité et non-assistance en personne en péril, mensonge d'État. En 2005,nous avons organisé une marche silencieuse à Marseille sur la Canebière. Elle avait réuni plus de 1000 personnes. Elle sera reconduite cette année le mercredi 5 juillet 2006 à 15h, le point de départ de la marche silencieuse le bas de la Canebière. Nous souhaitons sensibiliser l'opinion sur cette méconnaissance de ce drame, toujours volontairement occulté par les gouvernements successifs, par de telles des actions ponctuelles. Une pétition au plan national circule en ce moment C'est un combat que vous menez, une quête...
- Quel est le but?
Viviane Pinto Ezagoury . Nous avons le droit légitime de savoir où sont passés tous ces corps.
Comment faire le deuil d'un proche sinon ? Après 44 ans de silence et de non-dits, il est temps de connaître toute la vérité sur ce drame enduré par les familles, notamment celui du 5 juillet 1962 à Oran. Nous souhaitons la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans ses massacres. Depuis 1962 nous sommes restés dans l'ignorance. Que le voile soit enfin levé...