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Même si la guerre d'Algérie est loin, elle n'en finit pas d'imprégner nos vies et le débat politique. Surtout à Perpignan. Pourquoi selon vous, Perpignan a accueilli un mur à la gloire de l'OAS ? Je crois que c'est une conjonction de facteurs. D'abord la présence d'un cercle algérianiste important qui n'est pas directement lié à l'OAS, mais qui entretient des liens de connaissance avec des pieds-noirs très mobilisés sur la nostalgie et la question OAS. Mais c'est la municipalité dirigée par Jean-Paul Alduy qui a joué un rôle...

Même si la guerre d'Algérie est loin, elle n'en finit pas d'imprégner nos vies et le débat politique. Surtout à Perpignan.

Pourquoi selon vous, Perpignan a accueilli un mur à la gloire de l'OAS ?

Je crois que c'est une conjonction de facteurs. D'abord la présence d'un cercle algérianiste important qui n'est pas directement lié à l'OAS, mais qui entretient des liens de connaissance avec des pieds-noirs très mobilisés sur la nostalgie et la question OAS. Mais c'est la municipalité dirigée par Jean-Paul Alduy qui a joué un rôle déterminant. N'oublions pas que le premier adjoint était alors Jean-Marc Pujol, l'actuel maire, qui a toujours été complaisant envers ces gens-là. Ils ont donc passé un accord qui leur a accordé un emplacement au cimetière nord pour édifier le monument. La présence du sculpteur des armées, très lié aux ex-OAS et qui réside dans le département a grandement facilité les choses.

Elle a été la première du genre. Elle se situe de plus dans un ensemble de cénotaphes dont l'un est dédié aux soldats d'Outre-mer, un autre aux Harkis. Ça leur permet, à chaque commémoration de fleurir les trois monuments. N'oublions pas que figurent sur la stèle, les noms de deux responsables directs de tueries. Je me demande si Jean-Paul Alduy n'a pas été roulé dans la farine par son premier adjoint.



Sur le mur des disparus, l'autre monument contesté, vous annoncez 40 % d'erreurs. Pourquoi autant d'imprécisions ?

Oui nous le maintenons. Nous nous basons pour cela sur les travaux de Jean-Jacques Jordi, historien sérieux, très lié aux Cercles algérianistes.

Neuf cents noms ont été gravés abusivement sur ce mur faute de recherches sérieuses. On ne conteste ni le mur ni les disparus mais sur un sujet aussi grave, on ne peut faire de l'à-peu-près. Cette surenchère mémorielle met mal à l'aise. Le nom de gens vivants avait même été gravé sur le mur. Que la mairie qui finance en grande partie se prête à cela, je ne le comprends toujours pas. Nous aurions préféré un mur pour tous les morts en Algérie, même pour les Français qui étaient du côté algérien dont certains ont disparu.


Le musée à la gloire des pieds-noirs ne trouve pas non plus grâce à vos yeux. Que lui reprochez-vous ?

En m'intéressant à cette question je me suis rendu compte qu'il fallait être instruits des questions historiques. J'ai beaucoup travaillé et n'ai écrit qu'en fonction des recherches historiques. Les collections du musée sont certes surannées, mais surtout les textes qui les accompagnent sont partisans, par leur sens mais aussi par leurs "oublis". Certains de ces textes sont scandaleux et que la mairie ait cautionné cela, l'ait officialisé en quelque sorte me stupéfait. Comment une mairie et son personnel peuvent participer à cela ? J'espère que des professeurs n'emmèneront pas là-bas des gamins de collèges, car cela peut faire des dégâts dans les esprits. Cette triade n'a pu naître que par la complicité de la mairie et des cercles algérianistes. Je n'en reviens toujours pas. La préfète nous reçoit le 8 juillet pour parler de cela. Jusqu'à présent, les préfets refusaient de nous voir.

Croyez-vous que les pieds-noirs se réconcilieront un jour avec leur histoire ? Non je ne crois pas. Les pieds-noirs progressistes sont certes nostalgiques, mais ils ont fait un gros travail de réflexion et admis que l'Algérie devait être indépendante. Pour les autres, confortés par la mairie, c'est fini. J'ai espoir dans les générations de pieds-noirs plus jeunes.

 

Les réactions à l'article indigne du journal local

L’interview de Roger Hillel parue le 3 juillet 2015 dans nos colonnes, présentant son livre « La triade nostalgérique» a suscité une énorme émotion dans la communauté des rapatriés d’Algérie. Nous avons ainsi reçu plusieurs dizaines de courriers.

Nous publions une part d’entre eux en gardant l’essentiel de leur contenu et en tentant d’éviter les redites, car beaucoup de rapatriés ont malheureusement vécu les mêmes souffrances. '

Nous avons aussi pris le parti de supprimer de ces courriers les attaques personnelles qui ne font que fausser le débat.

L’association des familles de disparus, Association du Mur des Disparus de Perpignan.

A l’heure de la commémoration des tragiques événements du 5 juillet 1962 à Oran où nombre de nos parents ont été enlevés et jamais retrouvés, nous avons été choqués et abasourdis à la lecture de l’article du 3 juillet paru dans L’Indépendant consacré à une interview de monsieur Hillel.

Sur le Mur des Disparus (photo Michel clementz), seul cénotaphe devant lequel nous pouvons nous recueillir puisque nos parents disparus n’ont jamais été recherchés par les gouvernements français et algériens, monsieur Hillel prétend des imprécisions. 40%?
Nous attendons évidemment que les 900 erreurs de noms abusivement gravés soient communiquées par M. Hillel.
En bon scientifique, il a dû s’interroger sur la méthode utilisée par J.-J. Jordi et savoir, sauf à l’ignorer volontairement, que l’historien, par un scrupule que nous ne sommes pas obligés de partager, n’a conservé que les noms des disparus civils, ce qui l’a conduit, par exemple, à exclure la famille de militaire, officier de son état, enlevé avec femme et enfants.

Les militaires ayant été écartés de l’étude de J.-J. Jordi, monsieur Hillel n’est pas honnête quand il parle de «surenchère mémorielle » ? Ses allégations nous sont insupportables !

Des erreurs ? Il y en a eu. Elles ont été corrigées.

S’il en existe encore, nous comptons sur M. Hillel pour les signaler. Il doit en avoir les moyens et ne pas se contenter, sans les vérifier, de répéter ce qui a été divulgué. Les noms de vivants ayant figuré sur la liste éditée par des instances gouvernementales compétentes, du moins pouvait-on l’espérer, nous étions en droit de la considérer comme fiable. Les personnes indûment inscrites comme disparues ont fort heureusement ressuscité, car il eut été regrettable, vu leur engagement en faveur des terroristes, qu’elles figurassent parmi les victimes innocentes. Un mur pour les morts en Algérie ?

M. Hillel a appris à faire des fouilles puisqu’il a même découvert des Pieds-Noirs progressistes (...).

Pourrait-il donner le nombre, exact, cela va sans dire, de « tous les morts en Algérie » quand on sait la propension à la « surenchère mémorielle » qu’il dénonce, mais qui prévaut dans les plus hautes sphères algériennes ?

Au demeurant, le mur ne recense que les disparus français, de confessions diverses, déclarés et recensés par les autorités françaises. Nul ne doute que l’Algérie ait fait de même en toute indépendance et que ses conclusions soient accessibles aux éminents progressistes qui ont dû garder là-bas d’utiles relations. Et qui peut affirmer que, parmi les disparus gravés sur le mur, certains ne sont pas de «ces Français qui étaient du côté algérien » (...). Bel euphémisme pour désigner des collaborateurs plus ou moins actifs du FLN, avec lequel, au moins jusqu’au 19 mars 1962, la France était en guerre.

Par ailleurs, et pour en terminer, M. Hillel, décidément peu inspiré, semble ignorer que des membres - nombreux - du Parti communiste algérien, ou certains sympathisants du gaullisme, ont répudié ces instances quand ils ont considéré que les hommes et les idéaux qu’ils avaient soutenus les avaient cyniquement trahis. (...)

«L’histoire de la guerre d’Algérie ne peut s’écrire en noir et blanc »
Le Cercle algérianiste national.

(...) L’auteur, Roger Hillel, fait assaut de contre-vérités sur le Mur des Disparus, et état de son mépris pour les douleurs et les souffrances des Français d’Algérie.

Le Cercle algérianiste, mis en cause dans cet article, tient à rappeler, n’en déplaise à l’intéressé, que l’histoire de la guerre d’Algérie ne peut s’écrire en noir et blanc, et que toutes les souffrances et les douleurs doivent avoir droit de cité.

Perpignan peut s’enorgueillir, elle qui a tendu la main aux Français d’Algérie, victimes de l’exil et de l’exode, d’avoir été la première ville à honorer la mémoire de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de toutes confessions, enlevés et assassinés dans d’indescriptibles conditions, par le FLN, notamment après le 19 mars 1962.

Prétendre, comme le fait M. Hillel, que le Mur des Disparus serait truffé d’erreurs, vise un objectif, celui des éternels thuriféraires du FLN : nier les drames qui ne leur conviennent pas, et ne commémorer que ceux qui leur semblent politiquement corrects.

Rappeler, en effet, que le Mémorial des Disparus est le seul lieu de sépulture et de mémoire, pour des milliers de familles de victimes innocentes, répond à une exigence d’équité et de vérité.

(...) Nous l’invitons également, puisqu’il semble épris de justice, à exiger du gouvernement algérien, dont il est l’un des laudateurs habituels, qu’il effectue son chemin de vérité, et reconnaisse enfin la responsabilité du FLN dans le massacre des Harkis, et l’enlèvement de milliers d’Européens, notamment le 5 juillet 1962, à Oran.

«Notre mémoire, c’est tout ce qu’il nous reste »
De Renaud Boulet

En tant que fils de disparu, enlevé par le FLN le 24 mai 1962 à Alger, je vous fais part de mon indignation absolue à la lecture de l’article de M. Hillel dans vos colonnes.

Que ce monsieur (...) ait pu avoir une position en faveur de l’indépendance de l’Algérie est une chose, que je n’ai pas à juger, mais qu’il se permette d’insulter notre mémoire, ça c’est inadmissible. Je vous prie de considérer ceci : le corps de mon père n’a jamais été retrouvé, même si j’ai eu témoignage de sa mort, donc il n’a eu aucune sépulture où la famille puisse se rendre pour faire son deuil.
Avant l’édification du Mur des Disparus, le nom de mon père n’apparaissait nulle part, pas de tombe, rien, comme s’il n’avait jamais existé !

Madame, Monsieur, imaginez que vous êtes à ma place, comment réagiriez-vous à ce déni d’existence d’un être cher ? Et aux propos lamentables de ce (...) monsieur qui se permet de cracher sur notre mémoire, puisque c’est tout ce qu’il nous reste ? Nous avons perdu des êtres chers, nos avoirs, même modestes, et surtout ce qui était pour nous notre pays. Ne peut-on après tant d’années nous accorder le droit de mémoire de toutes ces pertes irremplaçables, ne peut-on pas au moins respecter nos morts ?(...)

«L’ordre de sauver les Européens n’avait pas été donné »
De Paulette Perez

La vision de ce sieur Hillel est à vous couper le souffle ! Juillet 1962, maman et moi adolescente - mon papa mort en 1960, enterré au cimetière d’Oran -, nous attendions des places de bateau pour quitter notre terre natale et celle de ma famille, implantée à Oran depuis 1853.

5 juillet 1962, 11 heures du matin, je suis devant l’hôtel Martinez, face au Cercle militaire français, pas loin de l’hôtel de ville : tout à coup, je suis encerclée par des Algériens armés (l’indépendance ayant eu lieu le 3 juillet) qui me disent « On va s'occuper de toi ». Ne comprenant pas ce qui se passait, je leur demande de me laisser, partir car je dois rejoindre ma maman. «Non », me disent-ils ! À un moment, ces Algériens sont attirés par des coups de feu, à hauteur du magasin Prisunic et je profite de ce moment pour m’échapper (...) en espérant être prise en charge par les militaires français se trouvant à l’intérieur du Cercle militaire. La réponse du planton «Nous avons ordre de ne pas bouger ». Naturellement l’ordre de sauver les Européens qui étaient pourchassés par les Algériens n’avait pas été donné par le «général en chef » Katz. Ce jour-là, j’ai pu échapper à cet « Oran-sur-Glane », mais des membres de ma famille n’ont pas eu cette chance. Ils sont inscrits sur le Mur des Disparus. Ces Français enlevés, égorgés et disparus n’ont-ils pas le droit d’avoir une sépulture ? La haine idéologique doit-elle amener jusqu’à refuser ce dernier geste humain : une sépulture, même une sépulture ? (...)

«Un crime d’Etat »
De Manuel Gomez

«Juillet 1962 à Oran : un crime d’État ». C’est sous ce titre que Manuel Gomez, ancien journaliste nous a fait parvenir un très long témoignage sur ces journées de Juillet inscrites à jamais dans la mémoire collective des pieds-noirs.

(...) Le colonel Fourcade a témoigné sous la foi du serment, déclarant avoir assisté en début de matinée, ce 5 juillet, à l’entretien téléphonique entre le général Katz, qui informait le chef de l’État que dans toute la ville se perpétrait un massacre au «faciès blanc » et De Gaulle lui a donné l’ordre criminel le plus formel : «Surtout ne bougez pas !»

Le général Katz a décidé dans la matinée de survoler la ville en hélicoptère. Voici le témoignage du pilote : «Nous survolons la ville. Partout des gens qui fuyaient et des cortèges de bras en l’air, escortés par des ATO (auxiliaires de l’Armée nationale populaire) ou des civils en armes. Nous avons survolé le Petit lac. Là aussi une foule compacte bras en l’air, des gens qu’on faisait entrer dans l’eau et qu’on abattait froidement. J’ai hurlé : «Mon général on abat des gens, je vois l’eau qui devient rouge de sang ». Le général m’a répondu : «Retour à la base ».

(...) Le lieutenant Rabah Khélif fut le seul officier français qui a eu le courage de désobéir aux ordres criminels de sa hiérarchie en se portant au secours de Français pourchassés et massacrés. Il a sauvé des centaines de vies et son témoignage est accablant. Le général Katz l’a convoqué et sanctionné : «Si vous n’étiez pas un Arabe, je vous casserais ». Le lieutenant Khélif a été sur le champ muté et rapatrié en métropole.

Cette déclaration (...) de De Gaulle avouant sa complicité dans ce crime d’État: «La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes, mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-mas-sacrent, ce sera l’affaire des nouvelles autorités » (...).

« Les vérités de M. Hillel ne sont pas LA vérité i »


Mme Suzy Simon-Nicaise, adjointe au maire de Perpignan, conseillère communautaire, présidente du Cercle algéria-niste des P.-O., communique suite à la parution dans nos colonnes hier d’un article intitulé “Perpignan capitale de l’Algérie française?” : «Je suis abasourdie par les propos tenus, en page 9 du journal L’Indépendant, par M. Roger Hillel, dans le cadre de l’entretien que vous lui avez accordé pour la promotion de son dernier livre: La triade nostalgérique.

Outre le caractère infamant et insultant pour la communauté pied-noire de ces propos, je relève surtout qu’ils sont mensongers au regard de la réalité des faits et d’une époque que M. Roger Hillel se complaît à revisiter honteusement. Je démens formellement toutes ses allégations, ses prises de positions révisionnistes concernant notamment le mur des Disparus érigé à Perpignan grâce au maire Jean-Marc Pujol, ou encore le Centre des Français d’Algérie.

À travers une accumulation impressionnante de sottises distillées sous la forme d’un règlement de compte avec l’Histoire et la ville de Perpignan, que (re) cherche M. Roger HiUel ? Sans doute sa diatribe a-t-el-le pour but de masquer la misère communiste et son cortège de purges staliniennes... Pour quelqu’un qui se prétend universitaire, M. Roger Hillel fait ici preuve d’un interventionnisme idéologique inquiétant, voire alarmant. »

 
Le 6 juillet 2015
Droit de réponse du Cercle algérianiste national, à l'article de l'indépendant du 3 juillet 2015, intitulé « Perpignan capitale de l'Algérie française
? »
 


Dans un article de l'indépendant du 3 juillet 2015 consacré à la promotion de son livre « La Triade Nostalgérique » l'auteur, Roger Hillel, fait assaut de contre-vérités sur le Mur des Disparus, et état de son mépris pour les douleurs et les souffrances des Français d'Algérie.

Le Cercle algérianiste, mis en cause dans cet article, tient à rappeler, n'en déplaise à l'intéressé, que l'histoire de la guerre d'Algérie ne peut s'écrire en noir et blanc, et que toutes les souffrances et les douleurs doivent avoir droit de cité.

Perpignan peut s'enorgueillir, elle qui a tendu la main aux Français d'Algérie, victimes de l'exil et de l'exode, d'avoir été la première ville à honorer la mémoire de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants de toutes confessions, enlevés et assassinés dans d'indescriptibles conditions, par le FLN, notamment après le 19 mars 1962.

Prétendre, comme le fait Mr Hillel, que le Mur des Disparus serait truffé d'erreurs, vise un objectif, celui des éternels thuriféraires du FLN : nier les drames qui ne leur conviennent pas, et ne commémorer que ceux qui leur semblent politiquement corrects.

Rappeler, en effet, que des milliers de familles de victimes innocentes, pour lesquelles le Mémorial des Disparus est le seul lieu de sépulture et de mémoire, répond à une exigence d'équité et de vérité.

Mr Hillel, communiste militant et non repenti, n'est certainement pas le mieux placé pour se muer en arbitre des bonnes et des mauvaises souffrances, et serait bien inspiré, en premier lieu, de s'interroger sur la terrible responsabilité du parti qu'il n'a jamais renié, dans les drames les plus innommables, du siècle passé.

Nous l'invitons également, puisqu'il semble épris de justice, à exiger du gouvernement algérien, dont il est l'un des laudateurs habituels, qu'il effectue son chemin de vérité, et reconnaisse enfin la responsabilité du FLN dans le massacre des Harkis, et l'enlèvement de milliers d'européens, notamment le 5 juillet 1962, à Oran.

Il fera là, une œuvre salutaire.

Thierry ROLANDO
Président national du Cercle algérianiste

Polémique : le Centre de documentation des Français d'Algérie répond à M. Hillel

Après les vives réactions suscitées par l'interview de Roger Hillel, le Centre de documentation des Français d'Algérie défend la qualité de ses expositions.
Le Conseil d’administration du Cercle algérianiste des, P.-O. réagit à l’interview de Roger Hillel à propos de son livre « La triade nostalgérique » publiée dans L’Indépendant le 3 juillet.

(...) Les allégations mensongères de ce monsieur sont preuve une fois encore de sa volonté manifeste de regarder l’histoire qu’à travers son prisme idéologique. Vouloir faire croire à sa compassion à l’égard des pieds-noirs relève de l’hypocrisie, voire de la malhonnêteté tant nous savons pour l’avoir rencontré, combien monsieur Hillel hait les Français d’Algérie, à l’exception bien sûr de ceux qui partagent ses idéaux politiques.

■ « Une page d’histoire tournée »

Sur le Centre de documentation des Français d’Algérie (CDDFA), que péjorativement il dénomme «Musée à la gloire des pieds-noirs », il indique que «les collections du musée sont surannées... ». Se rapportant à des périodes antérieures à 1962, il est heureux et louable que les collections présentées (Photo Harry Jordan) aient un caractère démodé, périmé et fassent resurgir des techniques qui ne sont plus en usage. C’est la moindre des choses concernant une page d’histoire tournée depuis plus de cinquante ans. Mais sans doute est-il dé-
rangé par les collections exposées qui, à elles seules, démontrent que la France en Algérie pendant les 132 années de sa présence a apporté à ce territoire modernité, santé, éducation, infrastructures...

Il ajoute: «Mais surtout les textes qui les accompagnent sont partisans, par leur sens et aussi par leurs oublis». Monsieur Hillel, historien? À l’évidence sa mémoire est hémiplégique à moins que ses recherches n’aient pas été aussi approfondies qu’il le prétend car les textes commentant les vitrines et notamment les données statistiques affichées trouvent leur origine dans des documents administratifs officiels (législatifs, ministériels,

préfectoraux...), voire dans les travaux de professeurs agrégés dont on ne peut contester la neutralité (Age-
ron, Julien, Frémeaux, ou encore Mohamed Harbi par exemple). Notons que l’exposition a reçu la visite d’universitaires sans la moindre attache familiale ou autre avec l’Algérie française. Aucun d’eux n’a formulé une remise en cause des éléments présentés (...).

■ Un caractère pédagogique

«L’expositionpermanente limite son champ à la genèse de l’Algérie française et à la vie quotidienne des Français d’Algérie», dit-il. Elle n’a bien évidemment pas l’ambition d’être une illustration exhaustive de son histoire. À ce jour, 18627 visiteurs dont 28 chercheurs (Français, Américains, Japonais, Italien, Algériens,

Catalans...), 57 groupes dont 12 scolaires ou étudiants, 158 donateurs, ont franchi la porte du CDDFA
depuis son inauguration en 2012 ! Notons qu’ils sont nombreux à souligner le souci des responsables d’éviter de traiter de sujets intrinsèquement polémiques qui ne s’inscrivent pas directement dans le périmètre de recherche fixé au Centre de documentation des Français d’Algérie. Le caractère pédagogique des panneaux est relevé par beaucoup comme essentiel à la compréhension d’une page d’histoire savamment étouffée par une bien-pensance généralisée. Jeter l’anathème sur les Français d’Algérie pieds-noirs et harkis, polémiquer, déverser son fiel permanent sur eux, sont à l’évidence les chevaux de bataille de M. Hillel, quand il ajoute que «certains de ces textes sont scandaleux».

Si aider à établir la véracité d’éléments historiques en exposant des faits avérés relève du scandale, le Cercle algérianiste et Centre de documentation des Français d’Algérie sont heureux et fiers de s’en rendre complices. Non, monsieur Hillel, votre haine, votre mépris à l’égard des Français d’Algérie, votre enfermement idéologique ne vous autorisent pas à salir la mémoire des hommes et des femmes de toutes confessions qui ont fait l’Algérie française et dont l’histoire est rassemblée ici à Perpignan grâce à la volonté conjointe de la Ville et des cercles algérianistes.

 
 

Les pieds-noirs réagissent après l'interview de Roger Hillel auteur de « La triade nostalgérique »



L’interview de Roger Hillel parue le 3 juillet dans les colonnes de l'Indépendant , présentant son livre « La triade nostalgérique» a suscité une énorme émotion dans la communauté des rapatriés d’Algérie.

Nous avons ainsi reçu plusieurs dizaines de courriers.

Nous publions une part d’entre eux en gardant l’essentiel de leur contenu et en tentant d’éviter les redites, car beaucoup de rapatriés ont malheureusement vécu les mêmes souffrances. '

Nous avons aussi pris le parti de supprimer de ces courriers les attaques personnelles qui ne font que fausser le débat.

les erreurs

L’association des familles de disparus, Association du Mur des Disparus de Perpignan.

A l’heure de la commémoration des tragiques événements du 5 juillet 1962 à Oran où nombre de nos parents ont été enlevés et jamais retrouvés, nous avons été choqués et abasourdis à la lecture de l’article du 3 juillet paru dans L’Indépendant consacré à une interview de monsieur Hillel.

Sur le Mur des Disparus (photo Michel clementz), seul cénotaphe devant lequel nous pouvons nous recueillir puisque nos parents disparus n’ont jamais été recherchés par les gouvernements français et algériens, monsieur Hillel prétend des imprécisions. 40%?

Nous attendons évidemment que les 900 erreurs de noms abusivement gravés soient communiquées par M. Hillel.

En bon scientifique, il a dû s’interroger sur la méthode utilisée par J.-J. Jordi et savoir, sauf à l’ignorer volontairement, que l’historien, par un scrupule que nous ne sommes pas obligés de partager, n’a conservé que les noms des disparus civils, ce qui l’a conduit, par exemple, à exclure la famille de militaire, officier de son état, enlevé avec femme et enfants.

Les militaires ayant été écartés de l’étude de J.-J. Jordi, monsieur Hillel n’est pas honnête quand il parle de «surenchère mémorieUe » ?

Ses allégations nous sont insupportables ! •

Des erreurs ? Il y en a eu.

Elles ont été corrigées. S’il en existe encore, nous comptons sur M. Hillel pour les signaler. Il doit en avoir les moyens et ne pas se contenter, sans les vérifier, de répéter ce qui a été divulgué. Les noms de vivants ayant figuré sur la liste éditée par des instances gouvernementales compétentes, du moins pouvait-on l’espérer, nous étions en droit de la considérer comme fiable. Les personnes indûment inscrites comme disparues ont fort heureusement ressuscité, car il eut été regrettable, vu leur engagement en faveur des terroristes, qu’elles figurassent parmi les victimes innocentes. Un mur pour les morts en Algérie ? M. Hillel a appris à faire des fouilles puisqu’il a même découvert des Pieds-Noirs progressistes (...). Pourrait-il donner le nombre, exact, cela va sans dire, de « tous les morts en Algérie » quand on sait la propension à la « surenchère mé-morielle » qu’il dénonce, mais qui prévaut dans les plus hautes sphères algériennes ?

Au demeurant, le mur ne recense que les disparus français, de confessions diverses, déclarés et recensés par les autorités françaises. Nul ne doute que l’Algérie ait fait de même en toute indépendance et que ses conclusions soient accessibles aux éminents progressistes qui ont dû garder là-bas d’utiles relations. Et qui peut affirmer que, parmi les disparus gravés sur le mur, certains ne sont pas de «ces Français qui étaient du côté algérien » (...).

Bel euphémisme pour désigner des collaborateurs plus ou moins actifs du FLN, avec lequel, au moins jusqu’au 19 mars 1962, la France était en guerre.

Par ailleurs, et pour en terminer, M. Hillel, décidément peu inspiré, semble ignorer que des membres - nombreux - du Parti communiste algérien, ou certains sympathisants du gaullisme, ont répudié ces instances quand ils ont considéré que les hommes et les idéaux qu’ils avaient soutenus les avaient cyniquement trahis. (...)

 

 
     
Source l'indépendant 3, 4 , 7 juillet & communiqué du Cercle algérianiste du 6 juillet 2015