EXPOSÉ DES MOTIFS 
                Mesdames, Messieurs, 
                Le 5 juillet 1962 restera la date d’une tragédie pour les Européens installés en Algérie lorsqu’elle était française. 
                Le journaliste Georges-Marc Benamou a   écrit à juste titre, « le massacre du 5 juillet d’Oran semble être un   évènement clandestin, discutable, fantasmé, et dont les seuls survivants   se repassent le souvenir. Aucune étude historique définitive. Pas de   véritable investigation. Peu de livres. Pas une plaque, nul hommage   officiel de la République ». 
                La reconnaissance, en octobre dernier par   François Hollande, de la responsabilité de la France dans la tuerie   d’Algériens à Paris en octobre 1961, semble être une pierre de plus dans   cette volonté d’ignorer celles et ceux qui ont payé de leur vie le fait   d’être français durant cette période. 
                Le 5 juillet 1962 il reste à Oran, environ 100 000 Européens. 
                Les accords d’Évian du 18 mars 1962 ont   fixé la date du cessez-le-feu au 19 mars entre le FLN et la France et le   principe d’indépendance de l’Algérie. 
                À compter de cette date, massacres de   harkis, enlèvements d’Européens contraints de traverser des quartiers   musulmans pour se rendre à leur travail, se multiplient faute de   patrouilles militaires. 
                Dès lors, la population civile française   terrorisée comprend la fragilité de son statut défini par les accords   d’Évian, son manque de protection, dont la seule issue est l’exode   massif en métropole. 
                Si l’exode s’organise, celui-ci est très   vite ralenti, faute de moyens suffisants, terrestres et aériens, pour   assurer le retour sur le continent de toutes les familles, qui,   effrayées par les exactions, tentent de fuir un territoire qu’elles ont   aimé. 
                Le 3 juillet 1962, après le référendum   organisé en Algérie, le Général de Gaulle reconnait officiellement   l’indépendance de l’Algérie et le transfert de la souveraineté à   l’exécutif provisoire algérien. 
                La proclamation de cette indépendance est prévue pour le 5 juillet, date du 132ème anniversaire de la prise d’Alger par les Français en 1830. 
                Cette journée sera une journée dont   l’histoire restera à jamais écrite avec le sang d’innocents, lynchés sur   la place d’armes d’Oran, tués à coup de fusils ou de couteaux. 
                Les témoignages recueillis sont accablants ; les chiffres varient de quelques centaines à quelques milliers de victimes. 
                À la douleur des souffrances vécues, s’est ajoutée au fils des ans, la douleur de l’inacceptable oubli de ce massacre. 
                Certains, pourtant, se sont élevés pour   que les Français d’Algérie, sacrifiés à des dessins politiques, ne le   soient pas par l’indifférence qui confine à la négation des faits. 
                Le Révérend Père Michel de Laparre, présent lors des massacres, fut l’un des premiers à publier en 1964 « Le journal d’un prêtre en Algérie »,   relatant les heures durant lesquelles les Français furent massacrés   dans les rues du centre-ville, sans qu’intervienne ni l’armée, ni les   gardes mobiles, pourtant encasernés en grand nombre dans les différents   bâtiments militaires, lycées ou collèges, et qualifiant cette journée de   « journée de honte ». 
                Jean-Jacques Jordi, dans son livre « Un silence d’État : Disparus civils et européens de la guerre d’Algérie »   retrace les évènements de ce 5 juillet 1962, où hommes, femmes, enfants   furent lapidés, égorgés, torturés, sur la place publique, sans que   l’armée française n’intervienne pour les sauver. 
                Plus récemment, Guillaume Zeller, dans son livre publié en 2012 « Oran, 5 juillet 1962, un massacre oublié » pointe du doigt cette ignorance voulue jusqu’au plus haut sommet de l’État. 
                Qualifié par l’auteur de « nouvelle   Saint Barthélémy », le massacre d’Oran, grâce à sa position de   journaliste, sort peu à peu de l’ombre, touche le grand public, et fait   reculer le déni historique. 
                Reste l’État français, qui a fait sienne une théorie fort connue en psychanalyse : « ce qui n’est pas dit, n’existe pas ». 
                Ce massacre collectif, rendu possible par   une passivité coupable au plus haut niveau de l’État, a volontairement   été occulté par les  protagonistes qui n’avaient aucun intérêt à la   vérité. 
                Mais, comme le souligne Jean-Pierre   Pister, Agrégé de l’Université, Professeur de Chaire supérieure   honoraire, lycée H. Poincaré à Nancy, « l’Histoire, la vraie, celle qui   n’est pas falsifiée, ni par les idéologies, ni par les raisons d’État,   finit toujours par s’imposer ». 
                Ce massacre qui a blessé dans leur chair   les Français d’Algérie, mais qui blesse aussi aujourd’hui les Français   qui n’ont pas vécu ces évènements, doit être enfin reconnu par l’État   français qui ne peut plus s’extraire d’une mémoire collective, dont il   doit être le gardien, et qui est aujourd’hui partagée par des   historiens, des journalistes, des écrivains… 
                Il n’est que temps que la République   française honore les victimes innocentes dont le seul tort fut d’être   françaises, ou d’avoir servi la France le 5 juillet 1962 à Oran. 
                Il vous est ainsi soumis la proposition de loi suivante. 
                 
              PROPOSITION DE LOI 
                Article unique 
                La République française reconnaît le massacre de la population française du 5 juillet 1962 à Oran.  |