Le 9  novembre, l'espoir renaît : une lettre postée de Berrouaghia, près de Médéa,  signée de son père. « Je suis bien traité. Je serai bientôt de retour ». La  famille de Marcel Pereto en reçoit une, tout aussi rassurante. Le style est  mécanique mais qu'importe !  
                Marcelle,  sa sœur et son frère n'ont plus qu'à attendre. En vain. « Ma mère était  illettrée. Elle faisait trois ménages par jour pour nous faire vivre ». Le  prix à payer pour attendre. Les lettres s'empilent. Pour la Croix-Rouge, pour  De Gaulle, pour les militaires libérés par le FLN.  
                Les réponses  sont aussi polies que vaines. Quand les accords d'Evian sont signés le 18 mars  1962, Victor est toujours porté disparu.  
                Alors, ils restent. En 1963, les deux  enfants les plus jeunes sont mis à l'abri à Strasbourg. Jusqu'en 1965, leur  mère reste dans son HLM, à Médéa, guettant son homme. Un jour, il faut partir,  pour cette France « que nous ne connaissions que vaguement ».  
                Et faire  son deuil. Ou ne pas le faire. Marcelle « ne l'a jamais fait ». Pas plus  que sa mère, « déclarée officiellement veuve en      1969 ». Pour alléger leur chagrin, ceux  qui ont aimé Victor Temese ont « toujours voulu parler de ce qui s'était pas  passé. Pour que l'on oublie pas ».  |