Je  trouvais mon oncle dans un état physique qui est difficile de décrire : il  me dit qu’à 15 heures on frappait à sa porte, croyant à ma présence, il ouvrait  et  trouvait face à lui 2 FLN en treillis  et armés, au même moment une jeep avec à son bord des militaires français  ( c’étaient en fait ce qu’on appelait des Gardes Rouges ) assistaient et ignoraient  le drame qui allait peut être se passer. A aucun moment ils ne sont intervenus.   
          Mon oncle étant donné son âge et sa corpulence ( de petite taille et très  maigrichon ) un FLN a dit à son collègue : laisse tomber il est  « chibani » ce que l’on cherche : les jeunes ils sont de l’OAS  et il faut les tuer. Si à 15 heures j’étais chez lui, j’avais 25 ans, je ne  pense pas qu’aujourd’hui j’aurais raconté cet épisode. Après avoir récupéré  quelques unes de ses affaires, nous retournons aux Castors Familiaux et  attendons on ne sait quoi. 
             Le 9 juillet miracle : un jeune  Lieutenant et ses hommes, désobéissant à leurs supérieurs nous demande de  rassembler rapidement quelques affaires, le temps de faire le tour de la cité  des Castors pour prévenir d’autres personnes. Le lieutenant forme un convoi  avec  un Half-Track à l’avant, un autre à  l’arrière, et entre les deux ses hommes en jeeps et les quelques civils  récupérés dont mon Beau-père, mon Oncle et moi-même.  On traverse tout ORAN et direction le port  qui était encore sécurisé par des militaires (des PURS). 
            Aux  quais du port des bateaux dont un dont un que   je n’oublierai jamais : le SS AMIENOIS de la CBVM  (Compagnie des Bateaux  à Vapeur du Nord).  Ce bateau rapatriait le personnel de la dite compagnie.  
            A la passerelle je  voyais un collègue de travail de l’Arsenal de Tafaroui qui me dit de monter à  bord : le Pacha du bateau «  fermait les yeux ». Nous montons à  bord et quelque temps après 80 policiers arrivent en trombe, montent sur le  bateau et se cachent dans les cales. Leurs adresses avaient été  communiquées au FLN  par des autorités de notre « mauvaise »  armée française. Quant aux autres policiers d’ORAN ????? 
            Le  bateau lève l’ancre vers 20 heures le 11 juillet. Quelle tristesse de voir son  pays s’éloigner à tout jamais (en ce qui me concerne j’en suis persuadé) mais  quel soulagement d’avoir échappé à un massacre et d’avoir la vie sauve. 
             
            J’AURAI  TANT AIMER LE REMERCIER DES MILLIERS DE FOIS.  
             
            Quand je pense à ce jeune Lieutenant, que je  n’ai jamais revu et dont j’ignore le nom, J’AURAI  TANT AIMER LE REMERCIER DES MILLIERS DE FOIS.  
              Une fois en mer, le commandant  du bateau demande, par haut-parleur, aux clandestins de se faire connaître afin  de leur souhaiter la bienvenue à bord et de leur faire servir un repas puis une  distribution de couverture 
              ( la nuit est fraîche en mer ). En ce qui me concerne  c’était ma première nuit à dormir dans une cale de bateau, mais qu’elle nuit  paisible et de tranquillité. 
             
            UN GRAND UN TRES GRAND  MERCI COMMANDANT. 
             
             
              Le  13 juillet arrivé à SETE ;  le  cauchemar est terminé. 
            Voila  la fin de ce dont nous avions ébauché au téléphone. 
            Coïncidence  aujourd’hui 5 juillet : 46 ans après 
           Pierre ASNAR  juillet 2008 courtoisie de JP Ferrer  |