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........ par la disparition d'un ou plusieurs des leurs, un lieu de recueillement. Ce tombeau symbolique, tant espéré, le voici.
La mobilisation nationale a eu lieu. Cette union historique de notre communauté dans le souvenir de son passé le plus tragique a permis la réalisation de ce mémorial. Car en effet, c'est bien un droit naturel, imprescriptible, de tous les hommes de rendre hommage aux leurs. Comment les nôtres pourraient-ils en être exclus ? En citoyens instruits de nos droits et nos devoirs, il est légitime de nous retrouver aujourd'hui en ce lieu de mémoire. « O Chers Disparus, que vos noms soient absents ou gravés dans le bronze de ce mur, hommes, femmes, enfants de toutes origines, vous qui n'avez eu droit ni aux croix de bois, de fer ou de pierre, vous qui n'avez eu droit ni à l'étoile, ni au croissant, ni même à la colonne tronquée des agnostiques, hommes, femmes, enfants de toutes confessions, recevez ici l'hommage ému des vôtres qui n'ont rien renié de leur passé et qui ne vous ont pas oubliés ». Il n'est jamais revenu
François quant à lui, commande une SAS dans le Sersou, il est officier de réserve en situation d'activité. Il a une femme et quatre enfants. Le 24 avril 1962, il est enlevé dans la région montagneuse de Teniet-el-Haad.
Et toi que l'on appelait l'Italien. Tu avais 37 ans. Près d'Orléansville, dans la plaine du Cheliff, ta voiture a été stoppée. On ne t'a jamais retrouvé, ni ton épouse, ni ton bébé de 18 mois. Juin 1962. Août 1962. Ils étaient six, six hommes, près de leur village de Saint-Ferdinand, dans le Sahel d'Alger. Disparus à jamais. À 70 ans, Monsieur le maire d'un petit bled de la Mitidja, au pied de l'Atlas, a refusé de partir. Le 23 août 1962, il n'est pas parti de son plein gré... Forgeron de son état, et bien décidé à rester vivre au pays, il est allé « faire des courses », entre Misserghin et Oran. Seul ce 6 juillet 1962.
Sa famille depuis est, elle aussi, restée « seule ». Avec deux gamins dans sa vieille voiture, le curé de Parmentier a été kidnappé près de Sidi-Bel-Abbès ; depuis plus aucune nouvelle.
Et eux, songeaient-ils à l'abandonner leur propriété dans le Sersou ? La mère 63 ans, son fils 37 ans, sa belle-fille 37 ans, son deuxième fils 34 ans, sa femme enceinte 28 ans, son petit-fils 2 ans, et un aimi de la famille, ont été arrachés à leur erre. 21 juin 1962.
Son frère a été assassiné en 1956. Hacène levient alors harki et, comme lui, son père aussi s'engage. Le père est arrêté en octobre 1962. « Trop français »; depuis il Va plus donné signe de vie. an avril, peu de temps après le cessez-le-feu, sur une route de l'Oranie, le neveu et un cousin, 37 et 20 ans, l'oncle et la tante, 54 et 47 ans, sont arrachés aux leurs. Il y a avec eux Kheïra, 12 ans, la fllette qu'ils ont adoptée. Dans la nuit du 31 octobre au Ler novembre 1956, Claude et son copain Patrick le Nantais, Michel le gars du Nord et, avec eux, dix-huit de leurs camarades militaires se volatilisent aux Abdellys près de Tlemcen. A quelques kilomètres de là, au printemps de 1957 Louis taille sa vigne. Un peu trop tard le soir. La taille ne sera jamais terminée...
Entre Béni-Saf et Oran, ils sont partis :comme des fous à la recherche de leur fils. La famille de Jean-Jacques n'est jamais arrivée nulle part. Leur fils non plus. 19 juin 1962,
six jours avant, cet agriculteur, par ailleurs bon arabisant, est enlevé avec ses deux ouvriers musulmans. À eux trois, ils laissent trois femmes et douze enfants en bas âge.
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Vous êtes entre les mains de Dieu, pour l'éternité,
En nos cœurs pour la vie,
En notre mémoire pour la Paix. |
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Claude et son copain Patrick le Nantais, Michel le gars du Nord et, avec eux, dix-huit de leurs camarades militaires se volatilisent aux Abdellys près de Tlemcen. |
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Théodore, Henri, Antoine, Ange et André, Gérard, Solange,Jacques, Emile, Manuel, Marcel et Lucien, Jules, Marius et Claude, Christian, Yvon, Alain, son fils 14 ans et sa fille 19 ans, sa sœur et ses deux fillettes de 14 et 17 ans, et aussi l'ami le l'une d'elles, Christian, Eusebio, Joaquim, Michel et Joseph, Jean-Roger, Aline, François et leurs deux enfants, Huguette et Thomas, Paul, Youcef, Marcel, Élie, Renée, Francisco et Marie-Rose, Edouard, Joseph, Guy et avec eux des centaines de vieillards, d'hommes, de femmes, d'enfants, vont se volatiliser ce 5 juillet 1962 à Oran.
Robert et Chantal aussi, ils laissent neuf orphelins. Arrêtés, enlevés, kidnappés, jamais rendus, jamais revenus, enfouis, abandonnés, dissimulés, ce sont nos Disparus. Le mot est froid et juridique pour les administrations, il est pour nous douloureux, à fleur de peau, jamais cicatrisé. Et c'est la raison de ce Mur. Non pas une réparation de l'irréparable, mais une reconnaissance, un hommage, une prière. Action tardive sans doute (il aura fallu attendre un demi-siècle!). Action d'une communauté d'exilés qui n'oublie pas et qui a le sens de ce qui est dû. Soit dit sans acrimonie (la polémique ne sera pas de notre fait, pas ici, pas maintenant), un tel monument aurait mérité une réalisation plus précoce, d'envergure nationale et une initiative publique. Mais il sera notre fierté. Je dis à chacun d'entre vous: quand vous passerez devant cette œuvre, découvrez toute la signification symbolique de son apparent mystère, ralentissez, recueillez-vous devant cette litanie de patronymes dont beaucoup vous seront familiers et qui, peut-être, sont les vôtres. Ces noms sont gravés dans le bronze. Ce métal venu du fond des âges résonne d'une musique éternelle, la musique longtemps étouffée de notre mémoire.
Vous êtes entre les mains de Dieu,pour l'éternité, En nos cœurs pour la vie,
En notre mémoire pour la Paix.
Suzy Simon-Nicaise |
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