Même Le Nouvel Observateur a eu sa part du gâteau de la part du FLN à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance. L’hebdomadaire fondé en 1964 par Jean Daniel et Claude Perdriel a publié dans son numéro 2489 de l'édition du jeudi du 19 juillet 2012, un supplément de 4 pages intitulé « L’Algérie en bonne voie ». Payé par l'ANEP évidemment.
Dans le Nouvel Observateur, ces progrès sont en effet immenses. La jeunesse y est « de plus en plus éduquée » et la grande réforme de l’éducation « a déjà produit des résultats dont le pays a tout lieu d’être fier. »
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Le système LMD (Licence-Master Doctorat) contre lequel les étudiants algériens ont organisé en 2011 des dizaines de manifestations réprimées dans le sang a porté ses fruits, note le supplément.
La formation professionnelle des adultes ? Elle a « fait l’objet de toutes les attentions pour permettre d’améliorer la compétitive de l’économie et l’employabilité de la population.»
Les réformes dans l’enseignement supérieur ? Elles « ont aussi permis d’adresser les carence d’un système qui a connu une croissance énorme depuis l’indépendance et a su former des dizaines de milliers de cadres très rapidement. »
La place des femmes ? C’est la présence de 146 députées dans la nouvelle Assemblée nationale qui donne la parfaite illustration du rôle qu’elles jouent aujourd’hui dans la société algérienne. « Le pays entier y voit un avenir plein de promesses pour les femmes », écrit-on dans l’Obs.
Le développement du territoire ? Il a enregistré des avancées remarquables grâce à l’enveloppe de 286 milliards de dollars allouée par le gouvernement dans le cadre d’un plan quinquennal. En 2010, « le taux d’électrification du pays avait atteint plus de 98 % » alors que Sonelgaz s’est engagé « à investir plus de 48 milliards de dollars entre 2010 et 2020 ».
Ceci au moment où le pays est secoué par des émeutes pour protester contre les coupures fréquentes du réseau électrique et contre les défaillances de Sonelgaz et au moment où le ministère algérien de l’Energie est contraint de sensibiliser l’opinion, via des sms, pour consommer moins et utile.
Bref, personne n’est en mesure de communiquer sur ce supplément commandé par l’ANEP, l’Agence de publicité et édition qui relève du secteur public, et goupillé via une boite de communication en France.
La publication de ce supplément intervient quinze jours après que le quotidien Le Monde et cinq autres quotidiens américains, britanniques et allemands ont édité des « dossiers » spécial Algérie commandés et financés là encore par le gouvernement algérien pour la même occasion.
Il intervient une semaine après que le directeur et fondateur du journal Jean Daniel exprimait, dans son éditorial, son « amertume » que la France n'ait pas été invitée par « Les Algériens aux cérémonie du cinquantenaire de l'indépendance ».
A une différence près, dans le Nouvel Observateur le nom du président Bouteflika n’est nullement mentionné et le supplément ne contient aucun entretien avec un membre de son gouvernement comme ce fut le cas avec Le Monde, USA Today où le Times.
Qu’importe : dans Le Monde autant que dans Le Nouvel Observateur, c’est L’Algérie en bonne voie qui est célébrée à coups de dizaines de milliers d’euros du contribuable algérien. |