Hors la loi de Rachid Bouchareb :
Frédéric MITTERRAND se trompe et nous trompe.

   

Abdelaziz Belkhadem Président du FLN apporte un soutien au film de Rachid Bouchareb, les Hors-la-loi, qui traite les méfaits de la colonisation. « Qui rappelle, leurs méfaits».Belkhadem aurait eu un long entretien avec le Président Bouteflika avant de téléphoner à Rachid Bouchareb, pour l’assurer de son « soutien » et de celui de « Bouteflika ». « Ce dernier se réjouirait de voir le massacre de Sétif qui avait coûté la vie à un milliers de personnes en 1945 occuper le devant de la scène et gêner les responsables français ».
L'essentiel du financement de Hors-la-loi vient de France (parmi ses financeurs, figurent France FLN vision, France 2 et France 3, Canal+, Studio Canal, Kiss Films – la société de Jamel Debbouze , la région PACA Michel Vauzelle 150.000,00 €, l'ACSE, Ciné-cinéma et le CNC). Le budget est estimé à 19,5 millions d’euros. Pour Véronique Cayla, présidente du CNC « La part française de financement est de 12 millions d'euros, dont 7 % d'aides publiques » le CNC n'ayant même pas lu le scénario; (15% du financement provient de l’Europe et 25% de l’Algérie)

     
 
     

Interrogé dimanche soir lors du « Grand Rendez-vous » Europe 1- « Le Parisien- Aujourd’hui en France », Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture, a estimé que le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb « remplit les critères esthétiques pour figurer à Cannes et n’est pas un film historique mais une fiction »
Il reprend ainsi les déclarations du réalisateur qui, dans un souci d’apaisement, rappelait par un communiqué qu’il avait adressé à l’AFP depuis Los Angeles, que « Hors-la-loi était un film de fiction, une saga qui raconte l’histoire de trois frères algériens depuis les années 30 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.

 
 
     

Il n’y a pas de doute que devant la grande émotion et la mobilisation contre ce film, Rachid Bouchareb veut, en France, nous faire oublier ce qu’il avait déclaré en Algérie au journal EL Watan le 21 juin 2009 « rétablir avec son film une vérité historique jusque là confinée dans les coffres (français cela va de soi !) et tout déballer à travers ce long métrage de 2h30 où 25 minutes seraient consacrées aux événements du 8 mai 1945 à Sétif et Kerrata.

Alors on peut se poser la question : film qui rétablit la vérité historique, comme annoncé par le réalisateur en Algérie et pour les spectateurs algériens, ou film de fiction pour sa présentation au festival de Cannes par le jury de sélection et destiné à des spectateurs que l’on veut ménager voire conditionner. Les ficelles sont un peu grosses Monsieur le Ministre et, même si le trucage fait partie des recettes du cinéma, le sujet de ce film est trop grave pour tenter comme vous le faites d’abuser les français en agissant de la sorte.

 Vous êtes le Ministre de tutelle de la création cinématographique et vous cautionnez toute une entreprise de désinformation et de manipulation de l’opinion française dont les conséquences seront gravissimes car nous pensons que vous vous rendez ainsi complices d’une supercherie que vous ne pouvez pas ignorer. Vous savez, comme nous, pourquoi la projection officielle du film hors la loi qui était programmée en grande pompe le 8 mai dernier à Sétif, dans le pays qui le présente, a été annulée et reportée au 21 mai au soir. Vous n’ignorez pas non plus que la séquence consacrée aux événements de Sétif, initialement de 25 minutes, a été copieusement raccourcie dans le film présenté à Cannes.

Ce que nous voulons surtout vous dire Monsieur le Ministre, c’est qu’au nom de la liberté d’expression, de la création artistique et de l’esthétisme, on ne peut pas faire offense, discriminer, blesser en toute impunité. On ne peut pas laisser une photo s’exposer dans les locaux de la FNAC de Nice présentant un homme qui bafoue le drapeau français. On ne peut pas non plus, au nom de la création artistique, laisser toute la communauté des Harkis et leur famille être traités de collabos dans le musée Picasso de Vallauris et, même si vous avez regretté que cette exposition ne soit pas accompagnée des explications nécessaires, le mot collabo est aussi discriminant pour nos frères harkis que les propos hélas malheureux d’un élu qui les a cependant toujours soutenus.

Enfin, Monsieur le Ministre, dans un film et au nom de la même création artistique, on ne peut pas laisser nos institutions républicaines, toute une population française et l’armée de notre pays être discriminées, salies, traitées de racistes, colonialistes insatiables, meurtriers organisés en milice, alors que les pauvres villageois européens que l’on désigne ainsi venaient d’assister au massacre des leurs, ceux qui n’avaient pas pu rejoindre les quelques familles harcelées qui s’étaient regroupées pour organiser leur auto-défense.

Honte à ceux qui cautionnent de telles falsifications de notre histoire, ils jouent les apprentis sorciers comme Rachid Bouchareb dans son rôle de pompier pyromane. Pour toutes ces raisons, nous exprimerons notre total désaccord en rendant un hommage digne et solennel aux nombreuses victimes oubliées dans le film Hors-la-loi. Nous serons le 21mai prochain, jour de la présentation du film, non pas au Palais du Festival, mais au monument aux morts de Cannes.

Le Collectif Vérité Histoire Cannes 2010