Hors la loi : Polémique autour du prochain film de Rachid Bouchareb

   

Abdelaziz Belkhadem Président du FLN apporte un soutien au film de Rachid Bouchareb, les Hors-la-loi, qui traite les méfaits de la colonisation. « Qui rappelle, leurs méfaits».Belkhadem aurait eu un long entretien avec le Président Bouteflika avant de téléphoner à Rachid Bouchareb, pour l’assurer de son « soutien » et de celui de « Bouteflika ». « Ce dernier se réjouirait de voir le massacre de Sétif qui avait coûté la vie à un milliers de personnes en 1945 occuper le devant de la scène et gêner les responsables français ».
L'essentiel du financement de Hors-la-loi vient de France (parmi ses financeurs, figurent France FLN vision, France 2 et France 3, Canal+, Studio Canal, Kiss Films – la société de Jamel Debbouze , la région PACA Michel Vauzelle 100.000,00 €, l'ACSE, Ciné-cinéma et le CNC). Le budget est estimé à 19,5 millions d’euros. Pour Véronique Cayla, présidente du CNC « La part française de financement est de 12 millions d'euros, dont 7 % d'aides publiques » le CNC n'ayant même pas lu le scénario; (15% du financement provient de l’Europe et 25% de l’Algérie)

     
 

En compétition au Festival de Cannes du 12 au 23 mai, Hors-la-loi revient sur le massacre de Sétif, commis en Algérie française en mai 1945. Un film « anti-Français », s'insurge d'ores et déjà un député UMP.

«Révisionniste», «anti-Français»… Lionnel Luca n'y va pas par quatre chemins. Connu pour son franc-parler, le député UMP des Alpes-Maritimes a décidé de s'attaquer au prochain film de Rachid Bouchareb. Revenant sur le massacre de Sétif commis en Algérie française en mai 1945, Hors-la-loi doit sortir en salles le 22 septembre prochain, mais sera d'abord projeté entre le 12 et le 23 mai au Festival de Cannes, où il représentera l'Algérie.
L'histoire devrait à peu près débuter là où s'arrêtait Indigènes. En scène, trois frères algériens installés en France (Jamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila), dont deux militent avec ferveur pour l'indépendance de leur pays. En toile de fond, des manifestations nombreuses et des événements politiques tragiques. Pour Bouchareb, une des ambitions du film est de «faire la lumière sur ce pan de l'histoire commune aux deux pays» et de «rétablir une vérité historique confinée dans les coffres».


«Des anachronismes nombreux et grossiers»


Le député Lionnel Luca.

Le député Lionnel Luca. Crédits photo : AFP

«La première fois que j'ai lu Bouchareb parlant de son film, je me suis inquiété de ce que ça allait donner à l'écran. J'ai alors saisi le secrétaire d'Etat à la Défense, Hubert Falco, pour avoir un avis du Service historique du ministère de la Défense», explique Lionnel Luca au figaro.fr.
Les conclusions sont sans appel : en septembre dernier, après étude du scénario, le chef du SHD assure dans une note interne à l'attention d'Hubert Falco que «les erreurs et les anachronismes sont si nombreux et si grossiers qu'ils peuvent être relevés par tout historien». «Les nombreuses invraisemblances présentes dans le scénario montrent que la rédaction de ce dernier n'a pas été précédée par une étude historique sérieuse», poursuit le SHD.
«Un film anti-français », estime Lionnel Luca
Sans même avoir vu le film, le député se fonde uniquement sur ce rapport pour dénoncer notamment une «falsification» de l'histoire dans la présentation que ferait Rachid Bouchareb du massacre de Sétif. Une répression à laquelle avaient participé des milices de civils français et qui, selon les Algériens, aurait fait 45.000 victimes. Du côté français, le bilan oscillerait entre 1.500 et 8.000 morts.
«Je ne conteste pas le fait que les Français aient commis un acte condamnable. Mais la veille, ils avaient été tirés comme des lapins !», s'insurge Lionnel Luca. «Je ne veux pas faire de procès d'intention à Bouchareb. Simplement, tout le monde doit faire son mea culpa. Pourquoi, cinquante ans plus tard, la population française devrait-elle être la seule à tout le temps devoir faire des excuses et à reconnaître ses erreurs ?» Autre critique de Lionnel Luca : le fait que la France subventionne «ce film anti-français» par des aides publiques, à hauteur de 7% du budget du film.
Interrogé par le quotidien algérien L'Expression, l'un des producteurs du film, Mustapha Orif, a rejeté en bloc les accusations de Lionnel Luca. «C'est un film qui (…) est fait de la manière la plus correcte, avec beaucoup de retenue et en même temps beaucoup de dignité et de respect par rapport à l'histoire. Rachid Bouchareb a interrogé beaucoup de gens, de témoins et d'historiens. De ce point de vue, je ne pense pas du tout qu'il se soit écarté de la réalité historique.»
Menaces de l'extrême-droite
Toujours est-il qu'un comité proche de l'extrême-droite, intitulé «Pour la vérité historique - Cannes 2010», a aussitôt embrayé sur la polémique en menaçant sur un site Internet proche du Front national de mener des actions spectaculaires contre le film durant le Festival de Cannes. «Avec nos affiches, nos banderoles, nos slogans, nous pouvons ‘pourrir' ce Festival pour dénoncer cette machination politique qui va se dérouler sous couvert d'un évènement culturel de renommée mondiale», martèle le communiqué au ton acerbe. «Nous allons bien faire comprendre aux politiques que la repentance exigée par une clique de maffieux djihaddistes ne peut avoir aucune signification à nos yeux.» La devise de ce comité : «Croisade sur la Croisette».

Source : http://www.lefigaro.fr/festival-de-cannes/2010/04/29/03011-20100429ARTFIG00408-polemique-autour-du-prochain-film-de-rachid-bouchareb-.php
Par Bastien Hugues