«Un film révisionniste, une falsification de l’histoire». Le député UMP Lionnel Luca, ne mâche pas ses mots à l’encontre du film de Rachid Bouchareb, «Hors-la-loi», sélectionné au prochain Festival de Cannes. En question, le massacre de Sétif du 8 mai 1945 et le poids de l’Histoire face à la création artistique.
Pour Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, sur la foi du scénario du film, «Hors-la-loi» de Rachid Bouchareb, le réalisateur d’«Indigènes» est «révisionniste». «J’ai saisi le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants dès que j’ai eu connaissance du scénario. Celui-ci l’a transmis au service historique du ministère de la Défense (SHD) qui a confirmé que de nombreux faits sont erronés et réinterprétés», nous a-t-il expliqué. «Ce que je voulais avant tout c’est que le film ne soit pas dans la sélection officielle française. Le projet me dérange.
Il ne représente pas la France mais l’Algérie, cela me convient. Je ne connais pas la nationalité de Rachid Bouchareb (il possède la double nationalité, française et algérienne, NDLR), mais cela n’est pas supportable».
«Une vision hémiplégique de l’histoire»
Que reproche ce professeur d’histoire de formation à «Hors-la-loi» ?
Une vision partielle et surtout partiale des évènements du 8 et 9 mai 1945, à Sétif, quand les autorités françaises en Algérie ont réprimé dans le sang - le nombre des victimes sujet à controverse - une véritable «chasse aux Français» comme le rappelle Lionnel Luca. «Le film rend hommage aux membres du FLN. Pour la France, ce sont des traîtres à la nation.», explique-t-il. «L’histoire est suffisamment douloureuse pour que l’on nous offre pas une vision hémiplégique de l’histoire». Pour ce spécialiste de la question tibétaine, on ne peut ni excuser «la réaction disproportionnée» des dirigeants de l’époque et du Général de Gaulle, ni occulter les raisons de celle-ci.
Dans une interview accordée à «El Watan», Rachid Bouchareb, le réalisateur des beaux «Little Sénégal» et «London River», a expliqué que le film «va sans doute rétablir une vérité historique confinée dans les coffres.
Je voudrais, à travers le cinéma, mettre la lumière sur une partie de l’histoire commune des deux nations». «On va tout déballer à travers ce film !» prévient-il, en amont.
Si Lionnel Luca ne conteste pas que l’on puisse raconter l’histoire d’un point de vue algérien, il estime qu’il a aussi le droit de s’élever contre les contre-vérités exprimées. «J’ai posé des questions sur le financement. Le film bénéfice d’une aide technique du Centre National de la Cinématographie, qui est presque automatique, mais pas d’une aide du gouvernement français», précise-t-il.
Concédant qu’il n’a pas vu le film fini et qu’il souhaite que «Hors-la-loi» soit plus fin et plus juste dans sa représentation que son scénario ne le laisse supposer, le député UMP espère surtout que La Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie qui sera présidée par Claude Bébear sera rapidement mise en place, afin de mieux approcher la vérité et la réconciliation entre les peuples. «Car ce sont eux qui souffrent des décisions des dirigeants», conclut l’homme politique. |