Comme de nombreuses personnes qui ont déjà fait part de leur indignation à vos services de programmation, je vous adresse aujourd'hui mon sentiment de dégoût devant ce film de propagande FLN qui fait un éloge indécent de tueuses d'innocents ( particulièrement d'enfants ) osant se faire passer pour des " Résistantes " comme si la Résistance pouvait consister dans le meurtre de civils innocents, désarmés, coupables simplement d' être nés "gaouris", c'est-a-dire "petits Blancs", Européens chrétiens ou juifs. Ceci déjà pour situer la connotation clairement "ethnique" des actes de ces "héroïnes".
Mais il y a plus grave. Il se trouve que je suis l'une des victimes de ces "dames", mutilée a 10 ans par la (les ?) bombe du Milk-Bar, le 30 septembre 1956, veille de la rentrée des classes - ce qui explique le grand nombre d'enfants fêtant leur dernier jour de vacances dans les glaciers et cafés de la ville : Que ce choix de toucher en priorité des enfants ne soit pas dû au hasard,mais ait fait partie de la "stratégie révolutionnaire" des terroristes, voila qui est bien sûr moins glorieux pour nos "héros", qui préfèrent le "passer sous silence"....
Les coupables se reconnaîtront. Je dois préciser que je n'étais pas la plus jeune parmi les victimes (morts et blessés), car il y avait aussi des enfants de 5 ans, 8 ans ... Mais qu'importe, puisqu'il s'agissait de gosses "Ultra", ultra-colonialistes s'entend.
Le film de Faouzia Fekiri, qui donne une large place a l'attentat de la rue de Thèbes pour nous expliquer - selon la thèse officielle - les attentats organisés "en représailles" par Yacef Saadi, fait malheureusement l'impasse sur les attentats terroristes précédents, ayant causé la mort et la mutilation de très nombreux civils européens ET musulmans réfractaires au FLN, et ce depuis 1954...
C'est d'ailleurs bien cet engrenage qui avait poussé Albert Camus a organiser une Trêve civile en 1956, rejetée
(faut-il le rappeler?) non seulement par les "Ultras colonialistes",mais surtout par les amis FLN de ces "dames", que le projet de paix dérangeait dans leurs plans ....
De cela le film ne dit mot.
Loin de moi de chercher à justifier cette escalade de la violence, mais il y a je pense une certaine hypocrisie a vouloir camoufler ces faits et a inverser les dates. Ceci autant de la part de la réalisatrice qui, au cas ou elle les "ignorerait", aurait dû s'informer plus sérieusement avant le tournage du film, que de la part des poseuses de bombes et de leur patron Yacef Saadi lesquels, bien évidemment, ont tout intérêt a les taire et a présenter une version qui les avantage.
Mais tous les spectateurs n'étant pas des ignares manipulables a merci, il aurait par conséquent été plus judicieux, ou tout simplement plus honnête, d'en tenir compte et de montrer les faits RÉELS dans leur exacte chronologie et leur enchaînement : Concernant cet "épisode connu et notoire inséré dans ce qu'on a appelé la bataille d'Alger",
je rappelle que les attentats terroristes n'ont pas débuté en 1957 comme il est dit dans le film - ce qui voudrait dire qu'ils n'étaient qu'une réponse légitime à la répression militaire , mais en 1956 - ce qui veut dire exactement le contraire, la répression
militaire ayant été une réaction logique au terrorisme qui ensanglantait la ville . Il convient de ne pas mélanger les EFFETS et les CAUSES, ou
sinon cela s'appelle de la manipulation de l'information. J'ajoute que le film-culte d'une certaine époque déjà lointaine, "La bataille d'Alger" de Pontecorvo, n'est plus aujourd'hui une référence même s'il a été "très primé"..., et si "ses images illustrent le documentaire de FR3 de Y.Boisset et plus récemment 'L'avocat de la terreur de B. Schroeder" - ces deux films ne faisant que reprendre un discours classique, complaisant, et entre-temps terriblement banal.
Ce film de Pontecorvo,bien fait sur un plan formel,n'en reste pas moins contestable aux yeux de ceux qui, comme moi, ont vécu en VICTIME ces événements.
Léché, propret, astiqué selon la propagande FLN pour public parisien, sans une goutte de sang ni blessures visibles ( en tout cas pas chez les Européens), il a fini par ne plus être crédible.
Tout y est trop propre, surtout les explosions ... La réalité du terrorisme est hélas bien plus sordide pour les victimes, aussi a l'heure actuelle de sa recrudescence, version islamiste... Chaque nation a ses héros, et l'Algérie a le droit d'avoir les siens. Mais chez elle en Algérie. Pas chez nous en France. Car il me semble qu'en 1962, la France est devenue indépendante de l'Algérie ...
Le documentaire de Mme Fekiri a donc toute sa place dans SON pays, où ces femmes terroristes peuvent se glorifier d'avoir "pris les armes contre les colonialistes". Mais lorsqu'il est montré sur le territoire français, où vivent les victimes de ces terroristes et leurs familles
(toutes contribuables je le rappelle),la moindre des corrections serait de respecter leur douleur et de ne pas verser dans la démagogie en
adoptant le "discours du vainqueur". Car pour les victimes du FLN, ces femmes n'ont pas " pris les armes ": Elles ont jeté des bombes pour tuer
et mutiler des civils innocents... Il n'y a pas la, que je sache, de quoi en tirer fierté. Les actes terroristes contre des civils innocents sont des actes criminels gravissimes, universellement condamnés par la communauté internationale et par l'ONU.
Cela aussi, faut-il le rappeler ?
Par ailleurs, les actes terroristes commis par ces femmes, s'ils sont instrumentalisés par certains - et d'abord par elles-mêmes - comme un modèle d'émancipation pour "la situation des femmes en pays musulman", sont révélateurs de l'état de régression avancée dans lequel se trouve ce malheureux pays.
Et franchement je dois dire que, en ce qui concerne "l'émancipation de la femme musulmane ", ....le 13 mai 1958, nous avions fait mieux.
Le terrorisme n'a jamais libéré personne.
La culture de la violence non plus
qu'on arrête enfin de vouloir nous faire avaler ces sornettes...
Il est également irrecevable d'affirmer que "l'existence des victimes innocentes est une telle évidence" qu'on n'a pas besoin de montrer les images. Car cette attitude permet tous les gommages de réalités dérangeantes, en allant de la propreté clinique d'un film a la Pontecorvo à l'escamotage total des victimes, qui deviennent de fait virtuelles jusqu'a douter de leur existence-même !
Personne ne "pense aux victimes " lorsqu'elles sont refoulées, occultées, = " PASSÉES SOUS SILENCE ", justement ... La seule manière d'y "penser ", c'est de les montrer, d'en parler.
De confronter le public avec leur réalité de TORTURE permanente , ... et ces "dames" avec les conséquences de leurs oeuvres. Là s'arreteraient l'idéologie et l'apologie, les grands discours, les beaux rôles avantageux, et les gestes théâtraux. Là commenceraient la vraie conscience, le vrai courage, et peut-etre aussi - s'il n'est pas trop tard - le vrai dialogue. L'OBJECTIVITÉ tout simplement, et non plus cet abîme insondable entre la représentation officielle de ces "Héros", ... et la sinistre réalité de leurs actes...
Mais c'est bien cela qu'il faut éviter a tout prix .... Surtout ne pas montrer la réalité,les preuves tangibles des "actions" de ces "héros et
héroïnes" qui semblent exercer une telle fascination sur l'intellectuel "romantique" occidental moyen ...
Séjournant régulièrement en Allemagne depuis des décennies, j'ai invité récemment un groupe d'amis allemands et étrangers à visionner ce film "Les porteuses de feu", et à me donner leur avis. Tous étaient atterrés. Tous ont remarqué le ton ouvertement apologétique de cette oeuvre, l'adhésion terrifiante a la violence et au terrorisme de ces "fidayate" qui les confondent avec une émancipation en tant que femmes. Les plus choqués étaient les Espagnols et les Anglais, encore marqués par les récents attentats terroristes dans leur pays, mais aussi des opposants iraniens.
Aucun ne comprenait qu'un "tel film ait pu être diffusé SANS COMMENTAIRE ET SANS DÉBATS sur une chaîne publique française", "dans un pays démocratique comme la France", "la patrie des Droits de l'Homme...!"
Difficile de leur expliquer qu'en France la presse est libre, mais pas la voix de (certaines) victimes, celles-ci étant "PASSÉES SOUS SILENCE".
Leurs commentaires étaient unanimes : Les méthodes terroristes employées contre des civils innocents, QUELLE QUE SOIT LA CAUSE, sont indéfendables
et impardonnables .
Si nous devions avoir appris quelque chose des dernières décennies, ce serait pourtant bien cela ... Car, concluaient mes amis : "LES VRAIS HÉROS NE TUENT PAS D'ENFANTS".
Il y a des jours où j'ai honte d' être française ...
Nicole Guiraud Frankfurt/Main
- Victime à l'age de 10 ans de l'attentat du Milk-Bar (30.09.1956)
- Artiste en France et en Allemagne.
- Réalisatrice du court-métrage "La valise à la mer" (15 mn),
primé internationalement, diffusé sur plusieurs chaînes a l'étranger
(dont ARTE), mais jamais en France. |