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Exposition de la FNACA au collége Alain Savary de Fronton
         
 
 

Monsieur le Recteur

Il a été porté à ma connaissance un courrier qui vous aurait été adressé le 6 Janvier 2010 par une certaine Anne Cazal, déléguée générale d’une association « VERITAS » mettant en cause l’indépendance de la seule association spécifique à la guerre d’Algérie et aux combats du Maroc et de la Tunisie (La FNACA) que j’ai l’honneur de présider dans le département de la Haute Garonne depuis 1981.

Certains membres de cette association tentent par tous les moyens parfois sans aucun scrupule (comme cela a été le cas à Boulogne sur Gesse) à interdire la présentation de notre exposition sur la guerre d’Algérie, exposition constituée par 35 panneaux, réalisée par notre commission Guerre d’Algérie, Jeunesse, Enseignement, (GAJE). Exposition qualifiée d’objective et de remarquable par l’ancien Préfet de la région Midi-Pyrénées, Préfet de la Haute Garonne Jean DAUBIGNY, historien de formation.

Madame Cazal se permet dans son courrier de cataloguer la FNACA d’obédience marxiste et  pour ce qui concerne la présentation au collège de Fronton, il est écrit : je cite :…. « Par des membres d’une association d’anciens combattants politisée ».

Il est bien évident que nous réfutons ces accusations. Ceux qui ont pris le risque de tenter de nuire à la FNACA par des accusations mensongères ont été condamnés par les tribunaux. C’est ce qui risque d’arriver à cette personne si elle persiste.

La FNACA dont je suis le vice-président national délégué, président départemental de la Haute-Garonne et président du comité cantonal de Fronton, reste fidèle à l’article 2 de ses statuts, à savoir : Indépendante à l’égard des pouvoirs publics (civils ou militaires) et de tout parti politique, philosophique ou religieux. Cela monsieur le Recteur, personne ne peut le contester et encore moins cette dame. Il est vrai que les 358 505 adhérents de la FNACA dont 8 500 en Haute Garonne répartis dans les 65 comités locaux ou cantonaux gênent quelques nostalgiques d’un passé à tout jamais révolu, qui refusent d’accepter la vérité historique de cette guerre qui s’est achevée par le cessez le feu officiel le 19 Mars 1962. Cessez le feu approuvé par 90,8% des Française et des Français à l’occasion du référendum à l’initiative du Général De Gaulle, le 8 Avril 1962.

Cette date du cessez le feu officiel, le 19 Mars 1962, a été choisie par la FNACA dès 1963 pour la réserver tous les ans à perpétuer le souvenir des 30 000 Français morts pour la plupart à l’âge de 20 ans et aux victimes civiles de cette guerre et de ces conflits.

Comptant sur votre bienveillante attention pour que le « cas Boulogne sur Gesse » ne se renouvelle pas, je vous prie de croire monsieur le recteur à l’expression de toute ma considération.

Le vice-président national délégué, Président départemental, De la FNACA
Guy DARMANIN   

 
Il s'agit d'un droit de réponse de la FNCA à la lettre adressée par l'association VERITAS au recteur O. Dugrip voir utilement la narration de l'exposition de la FNACA et du courrier correspondant : http://babelouedstory.com/veritas/17472/17472.html
   
 
 
Un certain Guy Darmanin répond à Madame Anne Cazal

Dans sa réponse il précise que La FNACA n'est pas " une association d’obédience marxiste ", et récite a l'infini comme une sorte de prière que depuis 1963 la FNCA souhaite fêter le cessez le feu du 19 mars 1962, en oubliant volontairement les victimes civiles et militaires des mois qui suivent cet accord.
La FNACA vient de s’élever avec force contre la décision du secrétaire d’État aux Anciens combattants, Hubert Falco, visant à inscrire les noms des victimes de la fusillade de la rue d’Isly du 26 mars 1962, sur le mémorial national de la guerre d’Algérie du quai Branly. Cette initiative serait ressentie selon elle comme « une véritable insulte à l’armée française ».
 La FNACA affiche ainsi, à nouveau, son mépris pour les drames et les souffrances des Français d’Algérie. Pour cette association il y aurait parmi nos compatriotes, des victimes acceptables et d’autres qui ne le seraient pas, en particulier les femmes, les enfants et les vieillards assassinés le 26 mars 1962 rue d’Isly à Alger. 

Deux anciens combattants membres de la FNACA s'interrogent encore sur la guerre d'Algérie.
     

Deux anciens combattants s'interrogent encore.
Auguste Remigereau et Claude Vrigneau se demandent encore pourquoi on les a envoyés en Algérie. Le premier a été « rappelé », le second a vécu dans l'Oranais la période des accords d'Évian.
Auguste Remigereau avait passé déjà 18 mois en Allemagne, quand 15 mois après, il a reçu sa feuille de route pour l'Algérie : « Ce ne fut pas une surprise ». Il n'empêche que le départ de la ferme familiale, en Vendée, a été très dur. Il est de ceux qui ont freiné les départs, « décrochant les wagons à Miramas ». À Marseille, les CRS attendaient les appelés « marqués d'un numéro sur les casques ». Même révolte à Alger, même refus de partir : « Nous avions des fusils et pas de munitions ».
Le jeune Auguste passera sept mois en Kabylie, « plus deux semaines car le bateau qui devait nous ramener en France a brûlé en Méditerranée ». Malade de la dysenterie, blessé après une chute, « hospitalisé, j'ai vu des choses horribles ». Et c'est « comme égaré » qu'il a retrouvé la Vendée.
Après 18 mois à Toulon, « parce que j'avais un frère en Algérie », Claude Vrignaud fêtera ses 21 ans en pleine Méditerranée, sur le Ville de Marseille. Le 26 février 1962, il est dans l'Oranais, dans une petite ville très isolée. « Période calme, se souvient-il. Mais nous ne savions rien, nous n'avions aucune nouvelle ». Tout juste s'il a connaissance que ça négocie du côté d'Évian. Le 18 mars, les accords sont signés : « Ça nous rassure ».
Il restera en Algérie jusqu'en novembre 1962, participant à la garde d'un puits, travaillant au mess à Oran, servant au bar ou à la table des officiers. Il entend les conversations, « plutôt joyeuses », des gradés. Ils n'étaient pas putschistes, « en général, des gaullistes ».
Pas de douleur donc chez Claude Vrignaud, mais comme chez Auguste, une certitude : « J'ai perdu mon temps ». Auguste a adhéré, il y a 35 ans, à la Fnaca (fédération des anciens combattants d'Afrique du nord) et Claude, il y a 4 ans.
Source : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_--Pourquoi-etions-nous-en-Algerie-_44143-avd-20100429-58128612_actuLocale.Htm

 
 
   
       
 
     
 
 
     
   
       
 
 
 

N° 2477 ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
TREIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 29 avril 2010.
PROPOSITION DE LOI
visant à établir la reconnaissance par la France des souffrances subies par les citoyens français d’Algérie,
victimes
de crimes contre l’humanité du fait de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique,

(Renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées, à défaut de constitution
d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

présentée par Messieurs Thierry MARIANI, Michel VOISIN, Lionnel LUCA, Claude GOASGUEN et Élie ABOUD, députés.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Le 19 mars 1962, le Gouvernement français signait avec le FLN seul, et non avec les représentants des différentes communautés algériennes ou avec ceux des autres partis, autonomistes ou indépendantistes, un cessez-le-feu dit « accords d’Évian ».
Ces « accords » prévoyaient :
– L’indépendance
– Le retrait des autorités françaises des trois départements français, Alger, Oran et Constantine.
En réalité, il ne s’agissait pas d’accords au sens juridique du terme, le mot ne figurant nulle part dans le texte.Il ne s’agissait que d’une déclaration d’intention qui ne définissait pas les droits et obligations des deux parties ni ne prévoyait de sanction si les « intentions » n’étaient pas suivies des faits.
D’ailleurs, le GPRA (Gouvernement provisoire de la République d’Algérie), réuni à Tripoli, refusa d’entériner le texte.
Dès la fin du mois de mars 1962, les fonctionnaires et représentants de l’État (police, gendarmerie, postes, administration fiscale, etc.) commencèrent à se retirer des villes et villages de l’intérieur du pays.
Face à ce vide administratif et en l’absence de forces de l’ordre, le pouvoir dans chaque ville ou village évacué par les autorités françaises fut pris soit par des groupes de l’ALN, soit par des groupes souvent violents se réclamant la plupart du temps du FLN.
Les musulmans, notables, anciens combattants et en général ceux qui avaient participé d’une façon ou d’une autre à l’administration du pays, par exemple comme fonctionnaires, furent rackettés, arrêtés, torturés, forcés de céder leurs biens, le plus souvent tués et leurs filles violées ou mariées de force.
Il en alla de même pour les européens habitant à l’intérieur du pays, soumis dès lors à la terreur et notamment à la pratique systématique de l’enlèvement. Les hommes, femmes et enfants enlevés qui ne firent pas l’objet de rançons étaient systématiquement tués.
Ceux qui étaient enlevés lors des attaques menées par les groupes se réclamant du FLN étaient souvent enfermés dans des camps tenus par des responsables du FLN où ils étaient l’objet de mauvais traitements et tortures, soumis au travail forcé pour les hommes, violées et transformées en esclaves sexuels pour les femmes et les jeunes filles ; les survivants de ces camps sont peu nombreux, la plupart furent assassinés.
À noter que ces camps de détention furent installés dès avril 1962 sur un territoire qui était français sous les yeux des autorités françaises.
Ces enlèvements, tortures, viols, meurtres pillages constituent des crimes contre l’humanité au sens :
– Du code pénal français :
« La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d’actes inhumains, inspirées par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisées en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile sont punies de la réclusion criminelle à perpétuité. Les deux premiers alinéas de l’article 132-23 relatif à la période de sûreté sont applicables aux crimes prévus par le présent article ». (Article 212-1) – Du Traité de Rome instituant la Cour Pénale Internationale : L’article 7 définit onze actes constitutifs de crimes contre l’humanité, lorsqu’ils sont commis « dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile et en connaissance de l’attaque » : meurtre ; extermination ; réduction en esclavage ; déportation ou transfert forcé de population ; emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international ; torture ; viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ; persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour ; disparition forcée de personnes ; crime d’apartheid ; autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale ».
– Des Traités et Conventions signées sous l’égide des Nations Unies depuis 1945 :
– L’article 6-C du statut du Tribunal militaire international de Nuremberg (Charte de Londres, 8 août 1945, résolution de l’ONU du 13 février 1946), dans le droit positif français, définit crimes contre l’humanité comme : « L’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre ; ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du tribunal ou en liaison avec ce crime. »
– En 1948, une résolution des Nations unies est votée « confirmant les principes du droit international reconnus par le statut de la Cour de Nuremberg».
– En 1968, la Convention sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité déclare solennellement l’imprescriptibilité des crimes les plus graves.
– La résolution de l’ONU créant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY Résolution 827) reprend en 1993 la définition du crime contre l’humanité du Statut du tribunal de Nuremberg.
- La même démarche est suivie le 8 novembre 1994 lors de la création du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR – Résolution 955).
– La Convention contre les disparitions forcées, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 mars 2006 dispose dans son article 5 que « la pratique généralisée ou systématique de la disparition forcée constitue un crime contre l’humanité, tel qu’il est défini dans le droit international applicable, et entraîne les conséquences prévues par ce droit ».
La France est signataire de tous ces instruments juridiques et les a ratifiés.
Il y eut dans l’année suivant le cessez-le-feu du 19 mars 1962, plus d’enlèvements et d’assassinats de musulmans pro-français, de juifs ou civils européens que durant toutes les années de guerre précédentes.
Un mouvement d’exode des européens, des non-arabes et non-musulmans (notamment des membres des communautés juive ou berbère chrétienne) commença.
Dans les zones côtières et notamment autour des villes peuplées en grande partie d’européens (Oran : 230 000 européens ; Alger), les forces de l’ordre françaises restèrent présentes mais n’intervinrent plus pour protéger les populations civiles, indigène (musulmans, chrétiens ou juifs) ou européenne.
Les autorités françaises, tant en Algérie qu’en France, tant militaires que civiles, étaient au courant de ces exactions et persécutions que subissaient les citoyens français du fait de leur appartenance à telle ou telle communauté, notamment définie par la religion (menaces, persécutions, enlèvements, meurtres subis par les chrétiens – européens ou berbères – par les juifs etc.) mais aussi par l’origine ethnique ou l’appartenance politique.
Rien n’a jamais été fait pour protéger les citoyens français habitant en Algérie à l’époque.
Rien n’a jamais été fait pour rétablir la loi et l’ordre.
Rien n’a jamais été fait pour rechercher, arrêter, juger et punir les assassins et violeurs.
Au contraire, des ordres stricts ont été donnés aux forces de l’ordre et à l’armée française pour ne pas intervenir.
Ces exactions, pillages, viols, meurtres, répondaient à une politique concertée visant notamment à faire partir toute la population non-musulmane d’Algérie. Cette politique fut décidée au plus haut niveau de l’appareil du FLN et mise en œuvre partout sur le territoire algérien au fur et à mesure que les représentants du FLN prenaient le pouvoir dans les villes et villages.
L’établissement de camps s’inscrit dans cette logique.
Les massacres d’Oran s’inscrivent aussi dans cette logique.
Ils commencèrent dans la matinée du 5 juillet 1962, le jour officiel même de l’indépendance. Ils prirent fin officiellement le soir, mais dans les centres de détention où avait été rassemblée la population européenne, les tueries continuèrent pendant plusieurs jours.
Une fois obtenue la neutralité des forces françaises qui étaient cantonnées dans les casernes de la ville et dans le port, des unités militaires du FLN accompagnées de civils venant de l’intérieur du pays se répandirent dans tous les quartiers d’Oran, entrant dans les lieux publics (postes, restaurants, etc.), pillant les magasins et entrepôts, forçant les portes des appartements, rassemblant les habitants non-musulmans désarmés, les emmenant dans des commissariats ou d’autres centres de détention (comme les Abattoirs d’Oran), les tuèrent ou les livrèrent à la foule qui lyncha, après les avoir torturés, ceux qui lui étaient livrés.
Policiers et soldats français observaient les tueries, qui avaient lieu parfois à quelques mètres de leur casernement, sans qu’aucun d’entre eux ne soit intervenu.
Les jours qui suivirent, la population d’Oran – qui était en majorité européenne – s’exila et quitta le pays, abandonnant tous ses biens.
Le nombre de victimes du massacre d’Oran se compte en milliers de morts, hommes, femmes et enfants.
Il s’agissait de terroriser et faire fuir du pays les habitants de la plus grande ville européenne après Alger.
De la même manière, les massacres, moins spectaculaires, commis dans l’Algérois et le Constantinois aboutirent à l’exil des populations non musulmanes, le gouvernement français s’étant opposé au rapatriement des harkis et de leurs familles.Les européens, prêts à vivre sur le territoire d’une Algérie indépendante, renoncèrent alors.
En quelques semaines, ce sont plus d’un million de non-musulmans qui fuirent le pays victimes de la stratégie d’épuration ethnique pratiquée par le FLN. Cette politique, fondée sur le programme nationaliste des années 30, qui consistait à prôner une Algérie indépendante et uniquement arabo-musulmane, fut mise en œuvre sciemment par une politique de terreur systématique (attentats visant des civils dans des lieux publics, enlèvements, massacres, etc.).
Ces exactions ont eu lieu dans un pays qui n’était plus en guerre depuis les accords d’Évian : au cours de cette période, il n’y a plus aucun combat signalé entre forces françaises et troupes du FLN.
En revanche, les forces françaises s’attèlent à désarmer les groupes d’auto-défense harkis ou européens constitués pour parer les attaques menées depuis des années contre les civils
Les musulmans pro-français restés sur place, soit parce qu’ils avaient confiance dans les déclarations de fraternité des nouvelles autorités, soit parce que les autorités françaises les avaient empêchés de fuir, furent massacrés dans une vaste opération d’élimination qui commença après les accords d’Évian et se poursuivit longtemps après l’indépendance.
Les spécialistes estiment à cent mille les victimes de ces massacres commis sur des populations désarmées, hommes, femmes et enfants, tous assassinés dans des circonstances atroces, torturés, énuclées, émasculés, amputés, déchiquetés, brulés vifs.
Le caractère réfléchi et prémédité d’une telle politique d’élimination fondée sur des critères religieux, ethniques et politiques ressort aussi du fait que les persécutions continuèrent pendants des mois après l’indépendance proclamée le 5 juillet 1962, jusqu’à la disparition complète de la population européenne, de la population juive et des populations berbères ou arabes chrétiennes, leurs biens confisqués, leurs cimetières détruits, les traces historiques de leur présences anéanties, y compris les temples juifs, protestants et les églises.
Les massacres, enlèvements, viols et assassinats continuèrent jusqu’au départ des derniers juifs et européens, au moins jusqu’en décembre 1963.
Les dépouilles des victimes se trouvent dans des charniers situés à l’emplacement des camps et des lieux de détention.
PROPOSITION DE LOI

Article unique

La France reconnait les souffrances subies par les citoyens français d’Algérie victimes de crimes contre l’humanité commis du 19 mars 1962 au 31 décembre 1963 du fait de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique.


 
 

Par Joseph CASTANO

André AUSSIGNAC, originaire de Bordeaux, militaire appelé en Algérie, était venu relater en détail son enlèvement par le FLN, après l’indépendance, et le calvaire inhumain qu’il a subi dans une mine de fer près de Miliana, avec d’autres français civils ou militaires. Le témoignage écrit ci-dessous correspond tout à fait à ce qu’il avait dit lors de cette conférence.

André Aussignac, 68 ans, appelé du 23e Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l’armée française.

 


     

« Le soir du 21 juillet 1962, j’ai quitté, en uniforme, la Maison carrée (caserne) d’Alger pour aller acheter des cigarettes. Je suis tombé sur un barrage de musulmans en uniforme. Ils m’ont pris ma carte d’identité militaire et l’ont déchirée. Je me suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le propriétaire du véhicule. On a été conduits dans une briqueterie, déshabillés et jetés dans un four encore tiède. Dans la nuit, d’autres Européens sont arrivés. A la fin, on était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter qu’ils allument le four. Au bout de quarante-huit heures environ, nous sommes partis en camion bâché. Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de Miliana. Là, on nous a jetés à moitié nus dans une galerie. Dans la mienne, on était environ 60, mais il y avait d’autres galeries avec d’autres Européens. On nous obligeait à creuser avec des petites pioches. On avait droit à un verre d’eau par jour et parfois à un plat de semoule. Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les parois humides de la mine et on suçait les gouttes d’eau. Quand le plat de semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous. Certains sont morts d’épuisement, d’autres se sont volontairement tués. Une fois, l’un d’entre nous a planté sa pioche dans la terre et s’est jeté sur la lame.

Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie. Je ne me suis pas levé pour le saluer. Il m’a balancé un grand coup de pied dans la tête [la cicatrice à l’arcade sourcilière est encore visible]. J’ai essayé de m’évader deux fois sans succès. La première fois, en représailles, on m’a donné de grands coups de bâton sur les chevilles. La deuxième, on m’a assis sur une pierre, ligoté à un pieu et arraché les ongles des orteils avec une pince. La troisième tentative a été la bonne. J’étais avec deux autres copains qui ont été abattus. J’ai marché jusqu’à l’épuisement. Des pieds-noirs m’ont découvert évanoui et nu dans un fossé. Ils m’ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en direction de Marseille. Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents ni ma fiancée ne m’ont reconnu. Je pesais moins de 40 kilos [contre 70 avant son départ].

Le 22 juillet 1963, j’ai été arrêté par la gendarmerie de Villeneuve-sur-Lot. C’était pendant mon voyage de noces. On m’a interné au fort du Hâ pour "désertion en temps de paix" ! J’ai été brutalisé. On voulait que je livre les filières qui m’avaient permis de revenir d’Algérie. Je suis resté muet. On m’a ensuite conduit à l’hôpital militaire Robert Piquet. Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit : "Individu dangereux, à ne pas mettre en contact avec les autres recrues". Le tribunal militaire de Bordeaux m’a finalement acquitté. Je rends hommage au commissaire du gouvernement qui a plaidé pour ma non culpabilité. Il a ensuite été muté. En novembre 1963, le sénateur Etienne Dailly a évoqué mon cas au Sénat (Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572). Quelques jours auparavant, la Sécurité militaire m’avait menacé pour que je me taise. Mon histoire gênait. Je me suis tû jusqu’à aujourd’hui. J’offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés. »