Et si on réfléchissait au lieu de tout avaler ?
Le nombril au CAR d’Aix en Provence est-il aussi sage, confidentiel et humain que le prix Nobel de littérature 2007; il est aussi intense, artificiel et publicitaire qu'une belle au bois dormant noyée dans sa déconfiture ?
C’est dans cette affirmation de sa centralité que le microcosme insulaire retrouve l’universel. C’est dans cette affirmation qu’il traduit son caractère sacré. En effet, « si la notion de centre intègre rapidement des éléments mâles, il est important de signaler ses infrastructures obstétricales et gynécologiques : le centre est nombril, omphalos du monde. C’est pour ces raisons utérines que ce qui sacralise avant tout un lieu c’est sa fermeture : îles au symbole amniotique, ou encore forêt dont l’horizon se clôt lui-même. Le lieu sacré est bien une cosmisation. »
Cette idée de l’île comme nombril du monde existait déjà dans la Grèce antique. Les Grecs anciens, s’ils n’avaient apparemment aucun terme pour désigner l’insularité, l’ont cependant figurée par des expressions métaphoriques comme « l’omphalos », mais aussi « le bouclier » ou « la coupe ». En réalité, l’omphalos est aussi le point central et le plus haut du bouclier. Et l’image de l’île s’élevant, montagne au-dessus des eaux, qu’Homère, dans l’Odyssée, évoque à plusieurs reprises constitue, « le trait d’union naturel entre le ciel et la terre, entre le monde des Olympiens et celui des hommes »
Chaque groupuscule a tendance à croire qu'il est le nombril du monde, et pour mieux se mettre en valeur, il a tendance aussi à ridiculiser son voisin ou tout peuple différent. Ce réflexe fait sourire en générant notamment des histoires - plus ou moins - drôles, mais il peut irriter, voire inquiéter, car il alimente le racisme.
Mis en ligne le 14 mars 2009 |