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Un journaliste du Figaro piège au téléphone
un secrétaire du Cercle Algérianiste qui décroche
La réponse du Cercle Algérianiste à l'article ci-dessous
 
Débarquement de Provence 2004, le numéro un algérien est invité, parmi seize chefs d'Etat et de gouvernement, à la célébration du débarquement allié en Provence, le 15 août . La visite contestée de Bouteflika à Toulon
 

La venue du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion des cérémonies du 60e anniversaire du débarquement en Provence, le 15 août, fait grincer des dents. Le président algérien fait partie des seize chefs d'Etat et de gouvernement invités par la France à Toulon. Mais la communauté pied-noir, les anciens Français d'Algérie, supporte mal la présence annoncée de l'ancien responsable du FLN, qui a mené la guerre contre la France pour l'indépendance de l'Algérie. L'armée d'Afrique, qui a participé au débarquement allié en Provence, était composée en grande partie de Français d'origine algérienne.
«Il est utile de préciser qu'aucune confusion n'est à faire entre cette page d'histoire écrite en commun en août 1944 et d'autres événements ultérieurs, aussi douloureux soient-ils», a expliqué hier le ministre délégué aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, pour couper court aux polémiques. Il a assuré qu'un «légitime et digne hommage» sera rendu «à nos alliés et à l'ancienne armée d'Afrique».
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, l'Algérie est un ensemble de départements français. Mais la situation s'envenime. La revendication d'indépendance conduit à l'insurrection en 1954. La violence s'installe des deux côtés. La guerre d'Algérie prendra fin en 1962, avec les accords d'Evian. La France reconnaît la souveraineté de son ancienne colonie. Après deux décennies d'affrontements, les Français vivant en Algérie quittent le pays. Les plaies ne se refermeront pas.
Mi-juillet, une soixantaine de députés de la majorité ont signé une pétition, lancée par Claude Goasguen, député de Paris, et Geneviève Lévy, député du Var, pour s'«indigner» de la visite du président algérien qui représente, selon eux, «une insulte à la mémoire de ceux qui sont tombés pour libérer la France et que M. Abdelaziz Bouteflika a toujours ignorés, voire bafoués». Pour le député européen Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, il est «paradoxal de célébrer la mémoire des anciens combattants d'Afrique du Nord qui ont cru en la France et d'inviter parallèlement à cette manifestation celui qui s'est distingué à plusieurs reprises par ses propos provocateurs et insultants, à l'égard des harkis notamment». Même hostilité à l'extrême droite : le traditionaliste Bernard Antony a appelé à manifester contre la présence d'Abdelaziz Bouteflika.
Les déclarations du président algérien, lors de sa visite en France en juin 2000, assimilant les harkis à des «collabos» n'ont pas été oubliées. «Les conditions ne sont pas encore venues pour des visites de harkis, avait-il déclaré. C'est exactement comme si on demandait à un Français de la Résistance de toucher la main d'un collabo.»
Les signataires de la pétition demandent à l'inverse «le respect des accords d'Evian et plus particulièrement la libre circulation des harkis entre l'Algérie et la France, la coopération sur le sort des disparus et l'ouverture complète des archives algériennes concernant cette période».
Aujourd'hui, alors qu'un traité d'amitié est en préparation pour 2005, Paris n'entend pas se brouiller avec son voisin en abordant trop tôt les sujets qui fâchent. C'est pourquoi le gouvernement français n'a pas donné suite aux critiques qui lui avaient été adressées. «Les autorités françaises sont heureuses que le président Bouteflika ait accepté au nom de l'Algérie de participer à ces cérémonies, a fait savoir le ministère des Affaires étrangères, le 3 août. Nous menons par ailleurs avec l'Algérie, depuis la visite d'Etat du président de la République en mars 2003, un travail de mémoire commun qui a déjà donné lieu à des réalisations concrètes.» Mais certains réclament des symboles plus forts.
Les associations d'anciens de l'Algérie française critiquent elles aussi la venue du président algérien. «Par respect pour la mémoire des victimes du terrorisme, nous allons réagir dans la dignité», explique Yves Dertié, de la Fédération des cercles algérianistes (12 000 adhérents), en annonçant des manifestations culturelles à Saint-Raphaël. Pour lui, les deux parties qui s'affrontaient pendant la guerre d'Algérie doivent maintenant faire un pas. «Des gens de l'OAS ont fait des choses lamentables, ceux du FLN aussi», explique-t-il.
Pour le Recours, l'une des principales associations de rapatriés, au sein de l'armée d'Afrique, «les Français de souche européenne connurent en Algérie le plus haut taux de mobilisation au monde (18%), soit environ 168 000 hommes». «Ceux de souche musulmane» ont eu pour leur part un taux encore plus élevé avec «environ 180 000 hommes» pour l'Algérie, la Tunisie et le Maroc.
IN Nicolas Barotte 07 août 2004 4h CET Le Figaro