Pour Jean-Marc Pujol maire de Perpignan Hollande continue la division des Français
 
       
 

A l'occasion de la visite officielle de François Hollande en Algérie, les 19 et 20 décembre 2012 le maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol, a adressé une lettre au Président de la République.

Cette missive interpelle François Le Normal (FLN) qui regrettait, le 17 octobre 2012, la répression du 17 octobre 1961 contre une manifestation parisienne du Front de Libération Nationale algérien (FLN).
Le premier magistrat, lui-même né à Mostaganem, dans l'Ouest algérien, s'exprime au nom de "ces millions de Français qui, pendant 130 ans (...) ont sacrifié leur vie" en Algérie "pour une certaine idée de la France".

M. Pujol estime que le choix historique de l'Etat pour le 17 octobre et le 19 mars, date de signature du cessez-le-feu en Algérie, comme repère officiels rappelant le conflit, va "diviser les Français".
En guise de dates alternatives, il évoque notamment le 26 mars 1962, marqué à Alger par "58 morts et 180 blessés" parmi les Français, et le 5 juillet, lorsque des "centaines de Français" ont été "enlevés, torturés, assassinés" à Oran.

Monsieur le Président, de vous exprimer pour dire la vérité sur la guerre d'Algérie mais surtout de parler de ces millions de français qui, pendant 130 ans, y ont sacrifiés leurs vies pour une certaine idée de la France.

Vous avez jugé utile de retenir deux dates pour faire part de votre compassion, celle du 17 octobre 1961 journée de manifestation du FLN à Paris et celle du 19 mars 1962 date de la signature du cessez le feu en Algérie.
Ces deux dates vont diviser les français alors que vous êtes garant de leur unité.

Vous savez très bien qu'après le 19 mars 1962, les exactions du FLN ont continué et que les harkis, abandonnés par la République Française, ont été massacrés.

Vous savez très bien que le 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger, une manifestation publique de Français d'Algérie, a été réprimée par l'armée causant plus de 60 morts et 180 blessés.
Vous savez très bien que le 5 juillet 1962 à Oran, des centaines de français ont été enlevés, torturés, assassinés.
Vous savez très bien qu'après le 19 mars 1962, des dizaines de milliers de harkis ont été assassinés, inscrivant sur notre drapeau une tâche indélébile.

Vous savez très bien que plus d'un million de Français d'Algérie a dû partir de son pays en quelques jours sans aucun mot de compassion du gouvernement d'alors.

Alors, voyez-vous, Monsieur le Président de la République, celui qui vous écrit, a lu des articles indiquant que c'est la guerre d'Algérie qui vous avait fait prendre conscience de la réalité du colonialisme.

C'est vrai que vous deviez être un enfant précoce car vous aviez 8 ans en 1962.

Certes, je n'avais que 12 ans mais je vivais sur place dans la crainte des événements et des tueries, mon oncle Paul ROMERO devait être assassiné le 2 mai 1962 à Perregaux.

Je devais quitter de force, le 26 juin 1962, le pays qui m'avait vu naître.
Alors, Monsieur le Président, ce que je vous demande c'est de dire la vérité aussi sur le drame des pieds noirs et des harkis. Dire la vérité sur ce peuple malheureux arraché à son pays par la politique, victime de ce que l'on a appelé la raison d'état.

Dites aussi la vérité de ce qu'ils ont apporté à l'Algérie par la puissance de leur travail et la volonté de construire un monde nouveau.

Bien sûr, tout n'était pas parfait mais vous devez dire que le système colonial était celui de la République Française et de vos référents politiques et littéraires, que votre prédécesseur socialiste François MITTERRAND s'est illustré dans la répression des algériens, que c'est une chambre socialo communiste qui a donné les pleins pouvoirs au général MASSU pour la bataille d'Alger.

Vous devez dire que la France en Algérie, c'était la République Française en Algérie.


Et puis, si vous devez rendre un hommage à Maurice AUDIN et ouvrir les archives sur sa disparition, n'oubliez surtout pas les 2410 disparus dont les noms sont inscrits sur le mémorial des disparus de l'Algérie française dans l'enceinte du Couvent Saint Claire à Perpignan et ouvrez aussi les archives d'état sur leurs disparitions.

Et si vous devez vous excuser au nom de la France comme l'a fait Jacques CHIRAC pour la rafle du Vel d'Hiv, n'oubliez personne et pensez à tous, à tous ceux que l'on veut oublier.
Albert CAMUS écrivait «seule la vérité peut affronter l'injustice, la vérité ou l'amour ».
Alors, Monsieur le Président de la République, en Algérie pensez à Albert CAMUS l'algérien et si vous aimez son oeuvre, à défaut d'aimer les Français d'Algérie, pensez à réparer les injustices... toutes les injustices.

Jean Marc PUJOL