Monsieur Olivier DUGRIP -
Recteur de l’Académie de Toulouse
Monsieur le Recteur,
Je tiens, au nom des adhérents de la première association de Français Rapatriés, créée dès 1956 à l’initiative de nos compatriotes chassés de Tunisie et du Maroc, à vous remercier pour la sagesse de votre décision.
Le rappel de cette date du 19 mars 1962 fouaille, vous l’avez compris, des blessures jamais refermées chez nous, Français d’Algérie. Ce cessez-le-feu qui n’a été respecté par personne, y compris par la troupe française qui tirait dès le 26 mars sur une foule de manifestants pacifiques, sans sommation ni provocation, tuant ou blessant plus de 300 civils innocents, a constitué le signal de l’abandon de ces départements français et livré la population à une folie meurtrière qui a connu son apogée le 5 juillet 1962 à Oran. L’exode qui nous a été imposé a jeté plus d’un million de personnes affolées, désemparées sur un territoire national et face à des compatriotes que rien ni personne n’avait préparé à les accueillir.
Cette association d’anciens combattants, dont l’obstination singulière à imposer cette commémoration pose quelques questions de fond, se montre sourde à notre douleur et présente d’une façon partiale et manichéenne un conflit complexe, horrible dans son déroulement et d’une brutalité rare dans sa solution, pour le malheur de populations qui avaient appris à vivre côte à côte, dans un respect mutuel jusqu’à ce gâchis irrémédiable. Les expositions que cette association tente d’introduire dans nos établissements scolaires comportent un message transparent et fortement orienté qui présente un risque pour un public non averti et perméable. Nous ne voulons pas de ce message pour nos enfants et petits-enfants !
Merci de l’avoir si bien compris.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de notre reconnaissance et de ma profonde considération.
Le Président
Yves Sainsot
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