Monsieur Max GALLO
Académicien
Académie Française
23, quai de Conti
75006 PARIS
Le Secrétaire Général
Objet : la Mémoire
Réf : 0412PN/CP0865
Monsieur l’Académicien,
Le mercredi 3 décembre 2008 sur FR3, vous avez animé l’émission « Droit d’inventaire » avec Marie Drucker. Nous l’avons regardé avec attention et elle a malheureusement comporté des lacunes et erreurs majeures dans l’évocation de la notion de sacrifice.
Vous avez évoqué, avec quatre grands anciens combattants de la dernière guerre, un certain nombre de souvenirs. Vous avez précisé qu’ils appartenaient aux soldats de la France libre. C’est une approche historique très partiale, car l’historien n’est pas sans ignorer que les Commandos Marines qui ont débarqué en Normandie, étaient un peu plus de 150 alors qu’en août 1943, 250 000 hommes de l’Armée d’Afrique débarquaient en Provence
Elle comportait près de 400 000 hommes et était composées pour moitié d’européens et pour l’autre moitié de non européens. Le taux de 18% de mobilisés a été appliqué aux européens d’Algérie, soit 180 000 hommes, l’un des plus fort au monde avec celui pratiqué en URSS.
Un et demi pourcent de mobilisation a été appliqué aux non européens, soit 180 000 hommes. 20 000 évadés de France ont rejoint cette armée ainsi que 35 000 corses après la libération de l’Ile de Beauté.
L’Armée d’Afrique a compté 40 000 soldats morts pour la France, 20 000 européens, 20 000 non européens.et plus de 80 000 blessés.
Il est curieux et choquant que pas un mot n’a été dit, pas une évocation n’a été faite au sujet de ces hommes parmi lesquels il devait y avoir de nombreux héros. Certains sont toujours vivants, nous en connaissons.
Vous n’avez même pas rappelé que le père de Monsieur Philippe Seguin, tombé dans les Vosges, appartenait à cette Armée d’Afrique. Il était né à Tunis.!...
Nous posons la question de savoir pourquoi, avec Marie Drucker, vous avez évoqué lors de cette émission la guerre d’Algérie avec des images peu glorieuses prises lors des événements de Sétif en 1945 et auxquelles nous avons régulièrement droit. Les témoins interrogés n’avaient rien à voir avec des héros digne de ce non.
Marie Drucker a omis, par manque de culture historique et par manque de volonté d’’informer complètement, de faire témoigner des soldats français qui ont servi en Algérie et qui dans leurs très grande majorité se sont comporté avec courage et humanité à l’égard des populations qu’ils ont protégé du terrorisme FLN, quelque soient leurs origines, soignées et enseignées, plus particulièrement les populations musulmanes.
Les mérites et les dévouements de ces garçons doivent être historiquement reconnus
Nous n’avons eu droit, une fois de plus, qu’à l’évocation de « torture »on aurait pu peut être interviewé un survivant de l’embuscade de Palestro, au cours de laquelle 25 soldats français ont été égorgés par le FLN. !
Les victimes civiles de toutes origines du terrorisme FLN n’ont même pas été évoquées.
Monsieur Chevènement a très partiellement rectifié le tir dans sa déclaration.
Cette approche de l’histoire avec ces oublis, ces erreurs historiques et ces orientations discutables est surprenante.
Quand, dans notre pays, aura-t-on le courage de dire l’histoire telle qu’elle est avec ses points positifs et ses points négatifs.je pose la question à l’historien.
Dans l’attente de vous lire,
Je vous prie de croire, Monsieur l’Académicien, en l’expression de ma respectueuse considération. |