Il en sera de même, et nous le regrettons, ce 14 juillet prochain, où vous serez accompagné lors des cérémonies officielles de l’actuel Président algérien qui n’est autre qu’un ancien terroriste ruisselant de sang, et notamment de sang français.
Vous nous aviez aussi affirmé : « Je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des Harkis et d’autres milliers de musulmans français qui lui avaient fait confiance afin que l’oubli ne les assassine pas une seconde fois. ».
Sarkozy aux Rapatriés d'Algérie :
"C’est plus qu’un engagement, ce sera un honneur de défendre votre cause.".
Croyez-vous, Monsieur le Président de la République, que les Harkis survivants – et même les morts, s’ils vous voient d’outre-tombe – seraient heureux de découvrir l’un de leurs assassins à vos côtés ?
Quelqu’un a dit : « Les promesses sont faites pour n’être pas tenues », ce qui n’est pas notre optique et nous pousse à vous rappeler d’autres promesses pour lesquelles nous attendons encore un début de réalisation : « Je souhaite que les victimes françaises innocentes de cette guerre, jusqu’à l’indépendance, et je pense tout particulièrement aux victimes du 26 mars, se voient reconnaître la qualité de « morts pour la France » et que leurs noms figurent sur une stèle officielle afin que personne n’oublie ces épisodes douloureux. ».
Qu’avons-nous vu se développer depuis ? Outre les propos inadmissibles d’hommes politiques français qui n’ont pas hésité à jeter l’anathème contre la France, lors de visites officielles à l’étranger, la programmation à la télévision française de l’apologie des crimes de guerre inénarrables perpétrés contre un grand nombre de civils français innocents, femmes, vieillards et enfants, et la célébration, jusque sous la Coupole, des auteurs de ces crimes, considérés et reçus comme des héros !
Quant aux victimes du 26 mars auxquelles vous pensiez particulièrement dans votre lettre, Monsieur le Président, comment concevoir de leur voir attribuer, aujourd’hui, la qualité de « morts pour la France », alors qu’elles ont été immolées par des armes françaises, sur ordre de la plus Haute Autorité de l’Etat, le Président Charles De Gaulle qui voulait, ainsi, porter le coup de grâce à l’Algérie Française.
Dans le « Livre Blanc » que nous vous avons dédié, et dans lequel nous apportions toutes les preuves de ce crime d’Etat, nous vous demandions, non pas de leur octroyer la qualité de « morts pour la France », mais de reconnaître qu’elles ont été les victimes innocentes d’un crime d’Etat dictatorial, prémédité, organisé et perpétré selon les instructions du « plus grand des Français » !
Vous nous avez écrit, et nous y avons été très sensibles : « Il n’est pas question que le 19 mars soit une date officielle de commémoration. Il est arrogant de condamner et de mépriser la douleur qui fut la vôtre et celle de vos familles lorsque vous fûtes chassés de vos terres, de vos maisons, et séparés de vos amis. Je le répète, c’est par respect pour vous que je n’accepterai pas que la date officielle de la commémoration des morts de la guerre d’Algérie soit celle d’un cessez-le feu qui, de surcroît, n’a pas été respecté. ».
Pourtant, Monsieur le Président de la République, les maires de France, en grande majorité, donnent aux rues ou leurs places de leurs villes la date de ce cessez-le-feu qui, vous l’écrivez vous-même, n’a pas été respecté, souvent en y ajoutant la mention « fin de la guerre d’Algérie », ce qui est illégal car nul ne peut afficher publiquement ce qui est contraire à la loi et la loi N°74 – 1044 du 9 décembre 1974 fixe la fin des combats en Algérie au 1er juillet 1962 !
D’autre part, comment tolérez-vous, après un engagement aussi ferme, de voir vos Préfets et Sous-préfets de région, et autres Autorités locales, assister, comme ils l’ont toujours fait, aux cérémonies organisées le 19 mars, même si celles-ci ne sont pas officielles !
Vous nous aviez écrit, Monsieur le Président de la République, et ce n’est pas à l’éminent juriste que vous êtes que nous apprendrons la valeur d’un engagement écrit : « Mon premier engagement est de ne jamais sombrer dans la démagogie de « la repentance ». Vos ancêtres ont traversé la Méditerranée pour servir la France et pour bâtir un monde nouveau. La France doit leur en être, et vous en être, à jamais reconnaissante. ». Ne croyez-vous pas que vos discours d’Alger et de Constantine sont allés à l’encontre de vos engagements envers nous ?
Pour conclure, nous vous citerons encore : « Vous avez tout perdu, vous avez été victimes d’une Histoire, et encore victimes d’un mépris… Votre mémoire a été incomprise et parfois souillée par des idéologies plus que par des réalités ».
Lorsque les Autorités nous empêchent de déposer une gerbe en mémoire de nos morts, à la date de leur massacre, au faux motif que nos têtes blanches pourraient troubler l’ordre public, nous nous sentons méprisés et victime d’une idéologie particulièrement nocive, celle qui impose, en France, le mensonge, pour préserver un mythe.
Dois-je espérer, de votre part, une réponse sur le maintien de vos engagements à notre égard ?
Dans cet espoir,
Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de mes sentiments déférents.
Joseph HATTAB-PACHA
Ancien Maire de la Casbah d’Alger
Ancien Conseiller Général
Dernier Président du Conseil Municipal d’ALGER |