CIMETIERES OUBLIES D'ORANIE
 
   


Cinquante ans ! Un demi siècle ! que les cimetières des anciens départements français d’Algérie subissent les outrages du temps et des hommes.

LE TEMPS a fait son oeuvre : Tombes affaissées, effondrées, basculées, noyées dans une végétation sauvage et luxuriante qui participe à leur démantèlement.
LES HOMMES ont parachevé l’oeuvre du temps en laissant libre cours à leur rage destructrice et impie : caveaux ouverts, éventrés, cercueils défoncés recouverts de gravats et d’immondices, plaques épitaphes arrachées, pierres tombales brisées, grilles des chapelles disparues, symboles religieux renversés et cassés, sépultures qui disparaissent sous les ordures de toutes sortes.


Comment qualifier et décrire les sentiments de ceux qui, venus se recueillir sur la tombe d’un être cher, découvrent cet affligeant tableau de désolation ? Comment retrouver dans cet amoncellement de pierres brisées, ce foisonnement sauvage de cactus, de figuiers sauvages, de palmiers géants, ce qui est sensé être la dernière demeure de celui ou celle à qui on doit sinon la vie, du moins le partage de l’espoir de la lutte, de la joie, ou du bonheur ?
Il arrive même que le cimetière ait disparu, ne laissant pour seules indications de son existence que les murs, quelques pierres, et….des cannettes de bière car le plus souvent leurs murs abritent les turpitudes de voyous qui s’y sentent à l’abri des regards.
C’est à ce spectacle que sont confrontés, en 2004, quelques Français d’Algérie, originaires des départements de l’Oranie, venus témoigner de leur attachement familial aux disparus enterrés sur cette terre.
Passé le moment de stupeur, d’écoeurement , de tristesse et de révolte, ce petit groupe prend la résolution de créer une association pour promouvoir dans certains cas des actions pour la réhabilitation des cimetières, et suivre l’application des mesures gouvernementales concernant le sujet . Cette association, loi 1901, dont la présidence sera confiée à Monsieur Antoine CANDELA, prendra le nom très explicite de


C.S.C.O. - COLLECTIF POUR LA SAUVEGARDE DES CIMETIERES D’ORANIE


C’est ainsi que cette association de bénévoles agit, depuis, pour trouver et mettre en oeuvre des solutions pour sauver, quand c’est encore possible, les cimetières de l’Oranie qui regroupe environ 150 nécropoles chrétiennes et israélites.
Pour être efficace, l’association a mis en place un réseau de correspondants locaux, Algériens de bonne volonté, qui bénévolement aussi, assurent le relais avec les autorités locales et suivent sur place le bon déroulement des opérations quand celles-ci entrent dans la phase de la réalisation.
En outre, des missions composées de membres du C.A. de l’association, se rendent également sur les lieux pour s’assurer que les travaux ont respecté le cahier des charges, et maintenir les contacts avec les autorités locales, contacts d’autant plus indispensables que les intervenants sont multiples et que les accords à obtenir doivent tenir compte d’intérêts différents et parfois divergents :


Consulat Général de France à Oran
- Evêché d’Oran responsable du diocèse d’Oranie.
- Walis des différentes wilayas.
- Présidents des A.P.C. concernées.
Et bien entendu les entreprises chargées des travaux.


Le Consulat Général de France à Oran, qui dépend de l’Ambassade de France à Alger est chargé d’appliquer les accords passés entre les gouvernements français et algériens en 1968, repris seulement en 2003.
Ces accords prévoient le regroupement de la majorité des petits cimetières sur des centres plus importants et offrent aux familles qui le souhaitent, la possibilité de rapatrier, à leurs frais, sur la métropole, les dépouilles de leurs proches.
Bien qu’opposés aux regroupements qui demandent exhumations et transfèrements, la quasi-totalité des familles refusent le rapatriement, car elles ont à coeur de laisser leurs morts dans la terre qui fut une partie de « leur France » et toute leur vie.


COMMENT OEUVRE LE C.S.C.O.


C’est une association qui n’a aucun pouvoir officiel de décision, mais qui par son action et sa persévérance sur les deux rives de la Méditerranée, parvient à concrétiser les opérations que les autorités, qui ont bien sûr, bien d’autres soucis, auraient tendance à « oublier » ou à remettre à plus tard.
Elle collecte aussi, directement des fonds, en France auprès des
Conseils généraux, Municipalités, Organismes divers
Membres des Assemblées , etc…..
Ces fonds serviront à financer des travaux en complément de ceux décidés par le Consulat Général de France à Oran qui, lui, utilise les crédits alloués par le Ministère des Affaires étrangères à cet effet.
A noter que le C.S.C.O. travaille en étroite collaboration avec le Consulat Général de France à Oran qui met toute sa compétence et sa bonne volonté dans le traitement de ce douloureux problème.
C’est ainsi que malgré les difficultés, mais le plus souvent le manque de crédits, ont été réalisés :


AVEC LES CREDITS DU CONSULAT


- Opérations de nettoyage dans certains cimetières (catholiques et juifs).
- Exhumation et transfèrement de dépouilles dans le cimetière Tamashouet d’Oran, les Autorités algériennes désirant récupérer la moitié du cimetière pour des problèmes d’urbanisme.
- Exhumation et transfèrement de cinq petits cimetières de la région oranaise vers des ossuaires construits à cet effet dans le cimetière d’Oran.
- Exhumation et transfèrement de onze cimetières de villages dans les ossuaires de celui de Relizane.
- Sécurisation du cimetière de Relizane
- Sécurisation de cimetière de Bou Tlelis.
- Sécurisation de cimetière de Hammam Bou Hadjar
- Entretien du cimetière marin de Mers el Kebir et du cimetière militaire du Petit Lac à Oran.
- Réhabilitation des carrés 13 et 17 dans le cimetière Tamashouet d’Oran.


PAR LE C.S.C.O.


Dans le cimetière de Tamashouet d’Oran :
- Réhabilitation des carrés 1 et 5 avec les crédits alloués par la région PACA.
- Réhabilitation du carré 9 avec les fonds propres du C.S.C.O. provenant de ses cotisations d’adhérents.
- Réhabilitation du carré 21 avec la participation de la municipalité de NIMES.
Mais aussi
- Réhabilitation des cimetières catholique et juif de AÏN TEMOUCHENT grâce à la générosité de la municipalité de la ville de NICE.
Il faut signaler aussi que beaucoup de municipalités locales, conscientes du caractère patrimonial de ces nécropoles, collaborent en assurant des travaux de nettoyage, en prenant à leur charge le gardiennage, ou en réalisant certains travaux de sécurisation comme par exemple l’entretien ou la surélévation des murs d’enceinte.
Le travail réalisé par le C.S.C.O., même infime, est encourageant, mais mesuré à l’aune des efforts consentis, il permet de réaliser l’ampleur de la tâche qui reste pour assurer aux dépouilles de nos Anciens le respect dû à toute sépulture. Respect, que toutes les croyances de toutes les civilisations ont inscrit dans la pérennité de leur société.
C’est pourquoi les moyens alloués par le gouvernement, même avec la contribution des collectivités, sont insignifiants pour réaliser les travaux nécessaires.
Sur 150 cimetières (chiffre officiel mais nettement sous-évalué) que compte l’Oranie , seuls une vingtaine d’entre eux ont été transférés , et au cimetière d’Oran 6 carrés seulement ont été réhabilités sur…. 46 que compte la nouvelle superficie du cimetière Tamashouet. Ces deux chiffres donnent la mesure de l’action du C.S.C.O. et mettent en évidence combien la contribution du gouvernement est, jusqu’à présent, dérisoire.
Bien que conscients des difficultés du moment, les Français rapatriés d’Algérie demandent fermement au gouvernement de participer davantage, à la sauvegarde des cimetières des départements français d’Algérie qui ont, tous, un monument dédié aux Français dits « Pieds Noirs » morts pour la France lors des conflits de 14/18 et 39/45.
Il n’est peut être pas inutile de rappeler que la proportion des Français d’Algérie tués lors de ces conflits est supérieur à celle des Français de Métropole. Peu avares de leur vie pour l’honneur du drapeau tricolore, eux qui n’ont pour sépulture que le souvenir, mériteraient, semble-t-il, plus de générosité pour le respect des morts qui leur étaient chers.
Quant aux plus anciens des Français d’Algérie, ceux qui vivent sur et par le souvenir, ils souffrent de savoir que tous les acteurs de leur vie heureuse gisent dans des cimetières parfois plus horribles que des charniers. Ils attendent de leurs élus la sérénité que leur apporterait le retour de la décence et du respect à l’égard de leurs disparus.

 
   

Collectif de Sauvegarde des Cimetières d'Oranie.

- CSCO - Collectif sauvegarde des Cimetières d'oranie

Collectif Sauvegarde Cimetières Oranie, 344 av Pierre Gamel 30000 NIMES Tel : 04 66 67 42 82
COURRIEL : csconational.nimes@orange.fr