Les plans du cimetière de Mers El Kébir retrouvés 71 ans après .
 
   

Mers-el-Kébir : la liste des victimes de la bataille navale publiée.


Mers-el-Kébir
DR

En déménageant ses fonds, le service historique de la Défense de Toulon a retrouvé les plans du cimetière et la liste des victimes de la bataille navale



A chaque déménagement son lot de surprises. L’antenne de Toulon du service historique de la Défense qui déménage actuellement ses archives du fort du Grand Saint-Antoine en haut du Faron vers la base navale a, ces jours-ci, fait une belle découverte. De celles qui peuvent aider la mémoire des familles mais aussi intéresser les historiens, les généalogistes...
En examinant les contenus des grandes caisses en bois amenées au fort du Grand Saint-Antoine il y a cinquante ans par la Marine, le restaurateur de ces archives, Michel Escudié, a découvert les plans du cimetière marin de Mers-el-Kébir et l’état nominatif des sépultures. Là où ont été enterrés les quelque 1 300 marins français morts au large de la côte algérienne sous les tirs des Anglais, en 1940 « Pour la mémoire des familles »« Nous avons récupéré des caisses et des caisses à Saint-Antoine, et nous les avons amenées ici. A l’intérieur se trouvaient des plans qui ont été remis à plat, dépoussiérés, nettoyés, gommés. Du coup, on a fait de belles découvertes », raconte Carole Gragez, conservatrice du patrimoine et responsable du service historique de la Défense à Toulon.Les plans retrouvés qui datent de 1948 livrent en effet, par ordre alphabétique, les noms des marins enterrés au cimetière de Mers-el-Kébir, leurs spécialités, leurs matricules et les navires sur lesquels ils se trouvaient au moment du drame. Ainsi que l’emplacement exact de leurs sépultures à l’intérieur même du cimetière. De nombreux marins ont d’ailleurs trouvé la mort sur Le Dunkerque et La Bretagne.D’autres, dont les corps n’ont pas pu être identifiés jadis, apparaissent sous le mot « inconnu » inscrit à la plume sur le plan en papier-calque. Ces marins ont été placés, à plusieurs, dans certains carrés du cimetière. «Ce ne sont pas des documents exceptionnels », confie la conservatrice, « car jusque-là, par recoupements, on pouvait retrouver les noms des victimes, mais ils sont intéressants pour la mémoire des familles. »
Reproduits, ces documents ont d’ailleurs été mis à la disposition du public qui peut les consulter à la bibliothèque du service historique de la Défense.


La cérémonie d'inhumation des victimes du 3 juillet 1940. Un document publié par Janvier Ferrara, dernier maire de Mers-El-Kébir, dans son livre « Mers-El-Kébir, le grand port »

Pour le reste, le restaurateur a également découvert  les plans détaillés du port de Mers-el-Kébir, des locaux, des ouvrages souterrains et des galeries creusées sous la roche, utilisées jadis par les forces françaises navales jusqu’à l’épi du brise-lames de la jetée. « On s’aperçoit de la qualité des dessins faits au crayon. Ces plans sont magnifiques », reconnaît Michel Escudié non sans admiration.Un fonds d’archives importantOr, son travail de restaurateur est loin d’être terminé. Le déménagement des archives devant s’achever à la fin de l’année, des centaines de caisses attendent encore d’être vidées telles des boîtes de Pandore. Que révéleront-elles? Quelles surprises encore? Toulon possède déjà « le plus important fonds d’archives du service historique de la Défense » souligne Carole Gragez, sa conservatrice. Toute l’histoire de la Marine, mais aussi celle de l’ancien bagne de Toulon et jusqu’au XVIIe siècle s’y déroulent ici par rouleaux et autres documents sur plusieurs kilomètres linéaires. Un patrimoine exceptionnel qui mérite d’être connu.


Environ 1300 marins et leurs navires envoyés par le fond Le Dunkerque, La Bretagne, La Provence, Le Mogador... Ces bâtiments et leurs équipages ont sombré les 3 et 6 juillet 1940 dans la rade de Mers-El- Kébir, près d'Oran » Algérie. Près de 1300 marins appartenant à la flotte navale française « La Royale » sont décédés sous les tirs des Anglais ces jours-là.
En juin 1940, la France signe l'armistice avec les Allemands. Le gouvernement de Vichy est en place. Winston Churchill craint que les forces navales françaises passent aux mains des Allemands. Il espère aussi convaincre les États-Unis d'entrer en guerre. Le 2 juillet 1940, H lance l'opération « Catapult ». Winston Churchill ordonne aux Français de rejoindre la flotte anglaise ou de partir aux Antilles pour désarmer ou encore se saborder sur place.


Sacrifice pas Inutile


Mers-el-Kébir est un port militaire de France important. Les croiseurs de bataille La Bretagne et La Provence s'y trouvent, ainsi qu'un porte-hydravions, six contre-torpilleurs... L'escadre anglaise se présente ainsi le 3 Juillet 1940 face au port de Mers-el-Kébir et remet son ultimatum à r amiral français

Gensoul, commandant des forces navales françaises. Face au refus des Français de leur livrer leurs navires, les Anglais, qui ont miné le port tirent sur les bâtiments français qui tentent de s'échapper de la rade. Selon certains historiens, les « Alliés », pour certains, auraient toutefois hésité à tirer, allant jusqu'à saboter leurs propres torpilles pour limiter les pertes humaines et laisser s'échapper les Français. Quoi qu'il en soit, pour les familles des victimes, ce « massacre » et « sacrifice » de marins français auront permis de libérer plus tard la France et l'Europe. Les États-Unis ayant choisi d'entrer en guerre, à la suite de ce drame. Et d'expliquer aussi pourquoi, le 27 novembre 1942, les Français ont préféré saborder leur flotte dans le port de Toulon pour ne pas tomber dans les mains des Allemands, mais aussi dans celles des « Alliés ». Ces Anglais qui les avaient trahis deux ans plus tôt.

Enfin, il est à noter qu'à Toulon, au cap Brun, à la batterie basse, non loin du cap Falcon, se trouve une stèle dédiée aux matins morts pour la France à Mers-el-Kébir où cette tragédie est commémorée chaque année.

Source : http://www.varmatin.com/article/toulon/mers-el-kebir-la-liste-des-victimes