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«Il faut que le silence se brise. Que cesse enfin l’oubli qui pèse sur ces 1297 marins français, morts à Mers-el-Kébir, les 3 et 6 juillet 1940. Depuis soixante-dix ans, ils sont enterrés là-bas, en Algérie, dans ce cimetière marin qui a été plus d’une fois saccagé. » Pied-Noir et Niçois d’adoption depuis l’Exode en 1962, William Tapia fait partie de ceux qui réclament, depuis des années, le rapatriement des ossements de ces soldats français. « Par devoir de mémoire. Depuis vingt et un ans, le Souvenir français, chargé d’entretenir les sépultures militaires, n’a plus accès au cimetière marin de Mers-el-Kébir. |
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Et depuis, les profanations se sont succédé. À notre connaissance, la dernière en date remonte à cinq ans. Les photographies prises sont choquantes, révoltantes. Avec les croix détruites, les sépultures ouvertes, les dalles arrachées, les ossements des marins mis à jour. Malgré nos demandes répétées, le rapatriement n’a jamais pu se faire. » Loin de baisser les bras, William Tapia poursuit ce combat. Une bataille contre l’oubli dans laquelle il a trouvé un allié, Gérard Grosgogeat, maire de Villefranche-sur-Mer. « Il ne faut pas oublier qu’en 1940 à Mers-el-Kébir, ces marins sont morts malgré tout pour la France, martèle Gérard Grosogeat. |
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On leur doit respect et hommage. » En juillet dernier, un mémorial pour ces marins disparus de l’autre côté de la Méditerranée a été érigé près de la chapelle de l’Ange Gardien, à Villefranche-sur-Mer. « Or cette chapelle possède une crypte qui est vide, poursuit le maire. Avec le feu vert de l’État français, on pourrait dès lors rapatrier les ossements de ces soldats pour leur offrir cet ossuaire comme ultime demeure. Et permettre aux familles de ces disparus d’avoir enfin un lieu pour se recueillir et fleurir. »
Pétition lancée
Avec cette crypte mise à disposition, ce rapatriement ne devrait a priori plus poser de problèmes. Pas si simple. Leur demande adressée, en septembre dernier, à Hubert Falco, alors secrétaire d’État aux anciens combattants, a essuyé un nouveau refus. Le motif? 200 000e de travaux de rénovation ont été entrepris dans ce cimetière marin, fin 2006, par l’État français pour « remédier aux dégâts causés depuis 1994 par un vandalisme récurrent » et prévenir « autant que possible toute récidive ». Et la note ministérielle de préciser qu’une maison a été construite « pour loger un gardien permanent », l’ossuaire reconstruit et les croix remplacées par des stèles en forme de pupitre. Et de conclure qu’avec ces aménagements, « le transfert du cimetière marin de Mers-el-Kébir ne peut plus être envisagé aujourd’hui ».
Mais voilà, ce « non » ne satisfait pas Gérard Grosgogeat et William Tapia qui viennent de lancer une pétition. « Nous appelons les élus à la mobilisation générale pour que ces soldats tombés, il y a soixante-dix ans, sous le drapeau français à Mers-el-Kébir, soient enfin rapatriés. Et s’il faut aller plus loin, demander l’arbitrage du président de la République, nous le ferons. Pour honorer ce devoir de mémoire. » |
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5 janvier 2011 -Mers-el-Kébir - Hubert Falco : « Les tombes sont respectées et protégées »
Deux Azuréens réclament, 70 ans après, le rapatriement des ossements des soldats morts pour la France à Mers-el-Kébir (notre édition d'hier). Le maire de Toulon, ancien secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, donne son sentiment sur cette sollicitation formulée notamment par crainte de profanations des sépultures. Alors qu'il était secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, Hubert Falco avait été saisi d'une demande de rapatriement des ossements des marins français tués à Mers-el-Kébir.
« Je ne crois pas que c 'était de ma compétence, mais plutôt de celle du ministère des Affaires étrangères », explique-t-il aujourd'hui. Le maire de Toulon s'était néanmoins informé sur ce dossier : « Le carré français des morts pour la France dans le cimetière de Mers-el-Kébir a été entièrement restauré. Il est même gardienné, à la charge de l'État français. Les tombes sont donc aujourd'hui respectées et protégées. Les dernières profanations remontent à plusieurs années. » L'ancien secrétaire d'Etat conçoit toutefois qu'une demande de rapatriement puisse être formulée : « C'est le droit de chacun de réclamer le corps de ses proches.»
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