La difficulté de rapatrier des corps de Français d'Algérie d'un cimetière d'Algérie
 
   
 
         
     

PIEDS NOIRS
Un Rapatrié d'Algérie Antibois vient de ré-inhumer à Saint-Laurent son père enterré jusqu'ici en Algérie. Là-bas de nombreuses tombes sont abandonnées et vandalisées Jean-Claude Frappa à du mal à contenir son émotion. Il demande une minute de silence : « Prions et ayons une pensée pour tous ceux qui sont restés là-bas », dit-il à ses pieds, deux petites caisses étiquetées. Dessus, on peut lire : « Joseph » et « François ». Le père et le grand-père de Jean-Claude Frappa viennent d'être ré-inhumés à Saint-Laurent-du-Var, au terme d'un an de démarches outre-Méditerranée.

 
 
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Leur tombeau était livré à l'abandon et au vandalisme « là-bas », en Algérie, comme tant d'autres sépultures françaises, au désespoir de nombreux rapatriés des Alpes Maritimes et d'ailleurs. En 1965-66 (Je m'étals rendu au tombeau familial au cimetière de Novi, dans un site enchanteur, au bord de la mer, près de Cherchell, à une centaine de kilomètres à l'ouest d'Alger », raconte Jean-Claude Frappa . « La porte avait été enlevée, mais rien d'autre n'avait été touché. Mais quand des amis y sont passés il y a deux ans, la plaque avec notre nom avait été enlevée de l'entrée du tombeau, et à l'intérieur, les colonnes de marbre et l'autel avaient été brisés ». Un immeuble avait été construit au ras de la clôture, et des Algériens ont dit à mes amis que le cimetière risquait d'être rasé sous la pression immobilière. J'ai alors pris la décision de rapatrier les corps »

J’ai pris la décision de rapatrier les corps.

Jean Claude Frappa n’a pas fait ce choix de gaieté de coeur : - Mon grand-père François a été l'un des premiers à s'installer à Chéragas », cité fondée en 1842 par des colons venus de la région de Grasse. Ouvrant le « Livre d'or de l'Algérie française de 1830 à 1930 », Il montre sa famille, citée parmi 5 foyers connus là-bas à l'époque. « Mon père, Joseph, a été assassiné le 7 janvier 1960 sur son tracteur, dans sa propriété viticole à Gouraya. Trois de ses ouvriers avaient été égorgés parce qu'ils avaient refusé de le tuer ». Quand Jean-Claude doit partir pour la France le 28 juin 1962, à l'indépendance de l'Algérie, c'est un déchirement, comme pour tous les rapatriés. « Maison, entreprise, école, cimetière...
Nous avons tout perdu. Nous sommes déracinés. C'est comme si nous étions nus ». « J'ai mis six mois à trouver des gens sérieux. Puis il a fallu effectuer les démarches administratives » dit-il. Au total, une année sera nécessaire pour que les deux caisses atterrissent à l'aéroport de Nice. « Si d'autres rapatriés veulent faire la même chose, je peux leur expliquer comment cela a pu aboutir », ajoute-t-il (). Autour de lui, une poignée de proches sont venus pour l'enterrement à Saint-Laurent-du-Var. Le père d'Angelo lit a accompagnés de sa prière. La seule consolation de Jean-Claude Frappa : « Mon père a rejoint ma mère, mon frère, ma grand-mère et mon grand-père ».
Source : LAURENT QUILICI - NICE MATIN