l aura fallu attendre presque cent ans pour que ce moment d’histoire liant l’Algérie et la ville de Péronne soit reconnu. C’est désormais chose faite, grâce à l’association Rassemblement des copains de Maison-Carrée (RCMC) et à la municipalité de Péronne, qui ont agi de concert pour rattraper cet oubli.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1920, Maison-Carrée, en Algérie, avait apporté son aide à la ville de Péronne, alors en pleine reconstruction après avoir été dévastée. Ce parrainage avait été effectué dans le cadre d’un plan d’aide de l’Afrique du Nord envers les populations d’Europe centrale qui avaient payé un lourd tribut durant cette guerre. Un pan de l’histoire péronnaise tombé dans l’oubli, malgré de constantes relations entre les deux villes jusqu’à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.
Péronne, filleule de Maison-Carrée
En souvenir de cette aide apportée, une plaque commémorative a été inaugurée dimanche 12 juillet, derrière l’Historial. Juste avant, Pierre Lefebvre, représentant de RCMC et Thérèse Dheygers, maire de Péronne, ont prononcé un émouvant discours à deux voix retraçant l’histoire de ce parrainage souvent méconnu. « Durant trois ans, de 1921 à 1923, la ville algérienne a subventionné Péronne, à hauteur de 35 000 francs. C’est l’action du préfet de Maison-Carré à l’époque, qui venait justement de Péronne, qui a rendu cette liaison possible. Maison-Carré a alors adopté Péronne, qui est devenu sa filleule », raconte Pierre Lefebvre, avec émotion.
« Un parrainage qui ne pouvait plus rester inconnu. C’est un soutien qui avait profondément touché notre ville, continue le maire de Péronne. Lorsque l’on parle des deux guerres mondiales, on pense toujours au soutien des acteurs principaux, des principales nations engagées, mais trop peu au soutien de celles qui ont également eu un poids non négligeable, même si le conflit n’avait pas lieu sur leurs terres, comme l’Inde, mais aussi l’Algérie. »
« Le projet a mis du temps à se concrétiser, mais le résultat est là »
Dès 2009, Pierre Linéatte, alors président de l’Historial, a participé à la création de cette plaque commémorative reliant les deux villes, et a donc tenu également à s’exprimer lors de l’inauguration : « Nous tenions à ce que l’Historial puisse accueillir cette plaque commémorative, dans un endroit où elle pourrait être vue de tout le monde. Le projet a mis du temps à se concrétiser, mais le résultat est là. C’est une belle fierté pour nous tous. »
Après ces discours, les trois orateurs se sont unis pour dévoiler la plaque commémorative, où l’on peut lire, gravé dans le marbre, l’histoire commune des deux villes. L’instant a été suivi par une minute de silence, en l’honneur des disparus des deux nationalités.
«Un long processus pour en arriver là»
Pierre Lefebvre, représentant de l’association Rassemblement des copains de Maison-Carrée, témoigne :
« C’est avec l’association dont je suis membre que nous avons eu l’initiative de sortir ce morceau d’histoire de l’oubli. Nous avons alors contacté la municipalité de Péronne dès 2009, mais aucune suite n’a été donnée, à notre grand désarroi. C’était pourtant un projet qui avait un sens.
Heureusement, M. Linéatte, alors président de l’Historial de Péronne, qui avait eu vent de notre initiative, a voulu nous aider en portant le projet. Au final, tout s’est bien terminé car en 2014, à l’arrivée de Mme Dheygers, les choses sont allées beaucoup plus vite, d’où notre présence aujourd’hui. Mais ce fut un long processus pour en arriver là. »
Arthur Damez |