Éditorial : Encore un anniversaire...
Les philosophes de l'Antiquité, les prédicateurs du XVIIe siècle, les poètes romantiques, ont tous déploré le temps qui passe, le temps qui s'en va... et cela est vrai aussi pour nous, aujourd'hui, hélas !!!
C'est hier que nous vivions l'atroce déchirement d'avoir à quitter notre terre natale, dans un exode inhumain et cruel, et voilà qu'un demi-siècle s'est écoulé, avec son cortège de joies et son fardeau de peines, et nous entrons dans la célébration d'anniversaires qui ne manquent pas de nous surprendre, tant la vie est vite passée. Il y aura bientôt deux ans, nous commémorions le cinquantième anniversaire de l'abandon de notre Algérie française bien-aimée... Il y a quelques semaines, le Cercle Algérianiste célébrait le quarantième anniversaire de sa création... En ces premiers jours de 2014, nous nous préparons, nous, Oranais et Oraniens, à honorer les cinquante ans de la naissance et de la présence parmi nous de l'Echo de l'Oranie.
Peut-être serait-il bon, en la circonstance, modifiant l'esprit habituel de nos éditoriaux, de nous souvenir de ce que fut l'histoire de « l'organe de liaison des Oraniens de la Côte d'Azur et de l'Hexagone », comme on le désigna, en ses premiers jours. C'est ce que rappelait l'éditorial du quarantième anniversaire, en 2004... Dix ans déjà !...
L'aventure a commencé avec la création des AOCAZ (Amitiés Oraniennes de la Côte d'Azur). Cette association est née sur l'initiative de Maître Louis Roufast, avocat mostaganémois, et de Charles Léonardi, docteur en médecine, natif de Nédromah, entourés de douze autres bons apôtres, Oraniens de toutes professions et de toutes confessions, originaires de la « Capitale » et de « l'Intérieur », comme on disait là-bas, « chez nouzôtres ».
Ces fondateurs des AOCAZ, au nombre de 14, se répartissaient en sept Oraniens : deux médecins, Azuelos et Léonardi ; deux avocats, Andrieux et Roufast ; deux administrateurs, Calia et Dalera, et un viticulteur, Bayle ; auxquels s'ajoutaient quatre Oranais : un chirurgien-dentiste, Gomar ; un professeur de philosophie, Bénichou (« du Cours Descartes »), et deux fonctionnaires, Jeanne Martinez (la seule femme) et Canavaggia. L'équipe s'était complétée avec deux « pathos » d'Oranie, Mouillot, viticulteur, et Jaunâtre, notaire, et un Constantinois sympathisant, Tournier.
La première réunion eut lieu au n°33 de la rue de Paris, à Nice, le 23 février 1963 et se fixa comme objectif de réunir en une amicale strictement apolitique, toutes personnes originaires d'Oranie, résidant désormais sur la Côte d'Azur. Mais, c'était oublier l'éparpillement des Oraniens à travers la France. Aussi ces « pionniers de l'exode » envisagèrent-ils, dès la première assemblée générale, le 28 avril 1963, au cinéma Magnan de Nice, de faire dépasser à cette amicale les frontières des Alpes-Maritimes et de lancer un projet de liaison, afin de rassembler tous les autres Oraniens de l'Hexagone. Son premier numéro allait paraître en mars 1964, sous la direction de René Etienne. Cette feuille inaugurale, distribuée gratuitement, avait le format classique d'un quotidien et pour titre l'Echo d'Oran, dans la graphie gothique que nous lui connaissions « chez nous ». Cependant, en 1966, il fallut changer ce titre qui indisposait la famille Perrier, propriétaire, et Pierre Laffont, son représentant, lequel avait pourtant donné son accord, mais aussi Ben Bella qui avait « nationalisé » le quotidien, et encore le gouvernement français qui souhaitait la poursuite de la parution de l'Écho d'Oran, sous sa forme habituelle, en vue - douce illusion -du « maintien de la culture francophone en Algérie ». En juin 1966, notre journal changeait donc son titre en Écho de l'Oranie.
Dans sa première feuille de mars 1964, notre éditorial prophétisait déjà le futur de notre magazine : « Ce bulletin se veut d'abord le trait d'union entre les rapatriés oraniens de la Côte d'Azur. Et puis - pourquoi ne pas oser le dire ? - notre ambition est de dépasser les limites de la ville et du département et de rétablir le contact avec ceux que le hasard et l'adversité ont établi dans des régions moins familières, moins denses en Oraniens d'origine... Amis oraniens, envoyez-nous des articles, communiquez-nous tout ce qui est susceptible de créer l'entraide nécessaire et d'entretenir notre communion. Ce bulletin est le vôtre ! Faites-le vivre avec votre participation ! » Oui, vraiment ! Paroles prophétiques, amis lecteurs, puisque cinquante ans plus tard, à notre appel « SOS... Écho de l'Oranie », nos abonnés, conscients de ce que ce journal était « le leur », tout autant qu'il était celui de chacun d'entre nous, conscients de « la nécessité de l'entraide » et de « l'entretien de notre communion », ont répondu avec empressement et générosité ; celui-ci en nous adressant plusieurs abonnements pour les membres de sa famille ; celui-là en signant un nouvel abonnement et en l'acquittant largement au-delà de la cotisation demandée ; cet autre, bien qu'à jour de sa contribution, en offrant un don supplémentaire ; et tous, accompagnant leur geste, de remerciements et de compliments qui sont allés droit au cœur de ceux qui ne comptent et ne ménagent ni leur temps ni leur peine, dans le bénévolat le plus absolu, afin de maintenir haute et claire la flamme de nos souvenirs.
Qu'ils en soient tous remerciés du fond du cœur ! Les citer nommément est impossible, à cause de leur nombre et de crainte d'en oublier ; mais leur nom restera dans nos archives, comme témoignage de leur générosité.
Les membres des Amitiés Oraniennes de la Côte d'Azur en 1965/66, dont : M. Cohen, le Dr Deloupy, le Dr et Mme Gomar, le professeur Pierre Babeau, Mme Parienté et sa fille, le Dr et Mme Finas, le Dr Marcel Rico, M. Lesaint, M. Perret, le Dr Lebhar, Me Jaunâtre, le Dr Santiago, Marcel Foissy, Jacques et Annie Andrieux, Michel et Yvette Pittard, Pierre et Jeannette Calia, André Bernard, son fils Philippe et sa fille Dominique (Doc. André Bernard)
Mais, revenons à l'appel du premier éditorial de 1964... Depuis, le bulletin continuait à vivre. Deux ans après sa naissance, il se transformait en passant au format A4 des magazines classiques, et devenait revue mensuelle, mise en vente à 1 franc le numéro et à 10 francs l'abonnement.
Il grandissait « en force et en sagesse », sous la direction de René Etienne (mars-décembre 1964), de Charles Leonardi (janvier-avril 1965) et de Paule Mathieu, notre première directrice, de mai 1965 à novembre 1966. C'est avec elle que notre Écho d'Oran devient Écho de l'Oranie (numéro du 22 juin 1966) ; Marcel Bellier lui succède, de décembre 1966 à novembre 1979.
Après lui, en devenant bimestriel, le journal connaît trois directrices : Geneviève de Ternant, qui vient d'être distinguée récemment pour l'ensemble de son œuvre algérianiste et qui assurera la continuation de l'Écho de l'Oranie jusqu'en 1999, laissant ses responsabilités à Lucie Lorca, qui les assumera dès les premiers jours du second millénaire (janvier 2000).
Ensuite ce sera Claude Raymond, qui s'était fait un nom, au cours des « événements » d'Algérie, mais qui, hélas, nous quittera en un triste 21 mars 2013.
Depuis, Maître Jean-Claude Simon a accepté de présider aux destinées de notre « organe de liaison ». Pendant tout ce temps, la présidence des AOCAZ, devenues Amitiés oraniennes en 2010, sera successivement confiée à Louis Roufast de 1963 à 1964, au Dr Charles Leonardi, de janvier 1965 à 1968, à Michel Pittard de 1968 à 1994 (sa veuve, Mme Yvette Pittard, est notre actuelle présidente d'honneur), à Gérard Navarro de 1994 à 2008, à Claude Raymond de 2008 à 2013 ; et enfin à Jean-Claude Simon depuis 2013.
Hier, (c'était en 1964), dès sa parution, notre trait d'Union suscitait un enthousiasme qui se traduisait dans le courrier reçu de partout en France, mais aussi d'Espagne, d'Italie, d'Amérique et des îles du Pacifique. « Continuez ! Continuez ! », criait-on.
Celui-ci précisait : « L'Écho de l'Oranie m'apporte un peu de chaleur de chez moi dans ce rude hiver de Strasbourg », ou celui-là : « Le soleil de La Réunion ne me fait pas oublier celui d'Oran et vous m'en envoyez de beaux reflets », ou encore cette vieille Oranaise qui implore : « Je suis vieille et malade ; je ne puis plus quitter ma chambre. Le journal m'apporte des nouvelles de gens que je connaissais bien et il me semble, en le lisant, que je suis toujours là-bas. Alors vous comprendrez mon impatience à le recevoir. »
Aujourd'hui, dans les premiers jours de 2014, nos lecteurs n'ont rien à envier à l'élan du passé et leur courrier est aussi vibrant d'émotion, aussi rempli de générosité, aussi désireux dans son appel à plus de nouvelles.
Dans cette ambiance de crise, de perte de repères et d'abandon des valeurs, que connaît la France, le courrier reçu est encore plus abondant et plus enthousiaste que par le passé. Certains, encore sous le coup de notre édito SOS, comme nous l'avons dit plus haut, nous envoient plusieurs bulletins, abonnant des membres de leur famille ou des amis.
Un bon nombre des chèques de renouvellement qui nous sont parvenus, s'élèvent à 30 ou 50 euros (quelques-uns vont jusqu'à 100 euros !).
Certains abonnés, ayant déjà payé, envoient des chèques de don.
Un responsable d'association a indiqué qu'il mobiliserait ses membres lors de sa prochaine Assemblée Générale, et un lecteur a envoyé notre appel par mail à toutes les adresses de son répertoire : « Je vous demande de souscrire au bulletin d'adhésion ou d'abonnement ci-joint... et pourquoi pas, transférer mon message à vos amis pour les inviter à faire de même.
Faites un geste ! Le prix annuel est modique 23 ou 25 euros (un peu plus que trois paquets de cigarettes, six Big Mac de chez Mac Do) Alors n'hésitez pas !... » (sic)
Mais, au-delà des messages « financiers », ce qu'il est intéressant de découvrir, au fil du courrier, c'est le lien passionné qui nous unit tous à notre journal. Un abonné écrit : « Je dois avouer que pour mieux apprécier vos textes, je les lis à petites gorgées comme on le ferait pour boire un café brûlant ou pour déguster un grand vin de Mascara ! »... Une lectrice nous confesse naïvement, dans le chaud parler de chez nous : « L'Echo de l'Oranie, je me le lis pas, je me le mange ! ».
Une autre nous affirme « En vous lisant, je suis devenue fière du passé de mon village. Avant je croyais que j'étais née dans un trou inconnu de tous. ». Enfin, petit coup d'encensoir à l'ego de nos collaborateurs, un couple de fidèles, après nous avoir révélé qu'il avait « ramené au bercail » leur fils, en l'abonnant, ajoute : « Félicitons l'équipe de rédaction qui se dévoue pour nous offrir des rubriques de qualité, ainsi que des éditoriaux traitant de sujets toujours intéressants et de haute tenue intellectuelle, pour rétablir une vérité que trop de médias se plaisent encore à ignorer ».
Et, en ce mois de janvier, tous terminent en nous adressant des vœux « afin que perdure longtemps encore la parution de notre belle revue... espérant que l'année 2014, lui apportera tout le soutien et l'aide qu'elle mérite ».
Alors, rebondissant sur ces souhaits, nous formulerons à notre tour, le pieux espoir qu'après nous, une nouvelle génération se lèvera, forte de souvenirs anciens et de recherches nouvelles, d'anecdotes familiales et de découvertes inédites, pour reprendre le flambeau et prolonger par ses écrits, pendant encore un demi-siècle et peut-être plus, la vie de cette saga des Oranais et des Oraniens, que nous offre très régulièrement notre lien bien-aimé, l'Écho de l'Oranie.
L'Écho de l'Oranie
L'ECHO DE L'ORANIE 351 | MARS-AVRIL 2014 |
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