40e anniversaire du Cercle algérianiste - Perpignan 9 et 10 novembre 2013
4eme partie - Le Bled   de Jean Renoir - Prix universitaire Cercle Algerianiste 2012-2013 - Candidates au prix universitaire 2014 - Prix algérianiste   Jean Pomier   2012 & 2013 -
 


40e anniversaire du Cercle algérianiste 1200 congressistes ont répondu à l’appel

Bled   de Jean Renoir (1929)

Étrange film, à l’étrange histoire et au curieux destin. Au coeur de cette période d’entre-deux-guerres et de la lente montée des périls, la France commande, au réalisateur Jean Renoir, un long métrage. Long métrage destiné à célébrer le très proche centenaire de l’Algérie française.
Renoir, simultanément est pris par le tournage de La Règle du jeu ; film désormais culte et qui dénonce la bourgeoisie française de l’époque, ses travers et ses tares.
Le scénario étant en totale conformité avec ses convictions personnelles, bien engagées auprès de la gauche populaire française de l’époque.
Très paradoxalement, Renoir accepte la proposition gouvernementale, sans doute pour des raisons financières, l’offre étant alléchante. Disons tout de suite que, plus tard, il le regrettera publiquement, et ira même jusqu’à renier son « enfant ».


Jean Renoir.

Bien que mal vieilli, le film est parfaitement dans l’esprit du temps. Le génie parle.
Le scénario obéit à un double but :

- faire découvrir l’Algérie aux citoyens de la métropole qui, à 90 %, ignorent tout de ces proches départements français ;
- célébrer et honorer l’oeuvre civilisatrice conduite par la France.
Sur ces deux plans, le film est une réussite. (Terrible absence cependant : celle du petit peuple non encore dénommé pied-noir !
Le malentendu commence…). Citons cette remarquable séquence où l’on voit, s’avançant vers nous, vers l’avenir, les soldats de la conquête, sabres au clair, progressivement effacés par un insensible fondu enchaîné, et remplacés par des lignes d’innombrables et pacifiques tracteurs.
N’oublions pas Bugeaud « Per ense et aratra ».
Plan-séquence magnifique et qui prend à la gorge par son réalisme.
Mais un film doit raconter une histoire simple. Pour sacrifier au romantisme et faire faire couler une larme dans les salles de l’époque, le scénario « visible » est construit autour d’une classique histoire d’amour.
Classique? Que non pas! En tout cas pas pour la terre des pionniers que fut l’Algérie française. C’est ainsi que sur le bateau d’Alger, nous faisons connaissance avec un beau jeune homme, « Français de France », qui vient de dilapider l’héritage d’un oncle fort riche. S’il est sur ce bateau d’Afrique, c’est pour se « refaire » (comme l’on dit au casino), grâce à sa prestance et à sa séduction.
Et quel meilleur lieu que ces terres exotiques où tout est facile, et où le meilleur advient toujours rapidement.
Le malentendu développe ses racines…
Dès son débarquement à Alger, il va tomber amoureux d’une belle jeune fille tout de blanc vêtue, venue en ces lieux - elle aussi - pour récupérer l’héritage d’un richissime colon.
Vision très française, et qui n’a cessé de nous poursuivre. Vision qui ne correspond en rien à notre histoire et à celle de notre patrie. Très « coloniale », et au sens français très colonialiste. On part en Algérie pour faire fortune…
La valeur actuelle du film se situe dans l’opulence des paysages que nous ouvre la caméra. L’Algérie du bled, celle des années trente est là, sous nos yeux. Mais guère plus : aucune difficulté pour y vivre et y survivre. Pas d’épidémies, pas de misère ; absence totale à l’écran du petit peuple européen en butte aux pires difficultés et à la sombre indigence. Renoir le progressiste n’a pas vu tous ceux qui bientôt s’appelleront Pieds Noirs, vivre et souvent mourir dans leur lutte pour leur dignité.
Tout se passe entre ceux, infiniment minoritaires, que l’histoire nomma les « gants jaunes ». Pas d’Espagnols ni de Siciliens, pas de Maltais ni de Grecs ; les vrais pionniers ne sont pas au rendez-vous. Le malentendu impose désormais, et imposera, sa terrible présence. Dès cette époque, il ne cessera de nous poursuivre : l’Algérie n’est pas qu’une oeuvre humaine et grandiose ; et pour les spectateurs de France, surtout un cadre oriental empli de promesses bassement matérialistes et faciles.
Les musulmans y sont montrés heureux et un peu serviles…
Le film se clôt sur un happy end: les deux méchants du scénario sont punis, tandis que les deux beaux, et désormais riches, jeunes gens vont pouvoir filer le parfait amour.
Jean Renoir donne enfin, après de nouvelles somptueuses images sahariennes, le seul message conforme à ce que vécurent nos ancêtres : nos jeunes héros découvrent la vérité de cette terre algérienne où rien ne pouvait se construire sans la permanence de l’effort, le travail obstiné, et le don de soi. Où il ne s’agissant pas de se SERVIR mais simplement de SERVIR.
Beau film cependant, même si trop souvent sans rapport avec la réalité de l’époque. Comme je l’ai dit, devenu hélas très colonialiste dans ses images pourtant dénuées de fondement. Également créateur et porteur d’un malentendu subtil qui, gaulliennement, explosera trente ans plus tard.
Cette curiosité de l’histoire du 7e art vient d’être éditée en DVD par Gaumont.
Merci à Jean-Pierre Stora pour avoir créer l’accompagnement musical de ce film et nous l’avoir présenté à Perpignan.

Gérard Rosenzweig

- Film tourné en février 1929 dans les studios de Joinville, et les extérieurs à Alger, Sidi- Ferruch, Biskra, Boufarik et Staouéli.
La première présentation a eu lieu à Paris le 11 mai 1929.


Les acteurs principaux : Jacky Monnier (Claudie)et Enrique Rivero (Pierre).


Prix universitaire 2012-2013


La traditionnelle remise des prix littéraire et universitaire lors des congrès annuels du Cercle algérianiste présentait cette année une particularité.
En effet, en raison de l'inauguration du CDFA en janvier 2012, notre grand-messe annuelle avait été renvoyée à novembre 2013.


Prix universitaire 2012


Le prix universitaire 2012 a été décerné à Florent de Saint-Victor pour « Le renseignement durant les batailles d'Alger.
Les militaires face au terrorisme. Janvier-octobre 1957 » (Université Paris I Panthéon-Sorbonne).


Florent de Saint-Victor.

Le prix universitaire 2013 a été, lui, décerné à Frédéric Harymbat pour « Les Européens d'Afrique du Nord dans les armées de la Libération » (Université de Caen).
Dans les deux cas, ces travaux concernent l'histoire militaire et relèvent de Master 2 d'une grande qualité aussi bien sur le fond que sur la forme et répondent, non seulement
aux exigences de la recherche historique, bien évidemment, mais également, en ce qui concerne notre domaine propre, devraient permettre de faire reculer l'« historiquement correct » qui domine toujours le monde universitaire.
L'accueil qu'ont reçu nos jeunes chercheurs et amis lors de leur présentation prouve que les adhérents présents à Perpignan ne s'y sont pas trompés. Nous ne saurons trop vous conseiller de vous rendre sur le site internet du Cercle de Marseille où figure une présentation des deux ouvrages ainsi que des extraits.

http://www.cerclealgerianistemarseille.org/#!copie-de-prix-universitaire-algerianiste/cjfq

Florent de Saint-Victor.

L’armée face au terrorisme – janvier-octobre 1957, sous la direction de Robert Frank (université Paris 1 - Panthéon Sorbonne), septembre 2009.

« Notre action ne peut être basée que sur le renseignement. Nous tirons un trait sur le passé, nous cherchons, chacun doit chercher. Il y a cependant des bases que, sans cesse nous adapterons ».

Dans sa Note d’organisation n°1 transmise le 20 janvier 1957 à ses commandants d’unité, le lieutenant-colonel Bigeard, énonce dès le début des batailles d’Alger les 2 éléments qu’il juge indispensable à la concrétisation des objectifs assignés : élever la fonction renseignement à une place prépondérante et que les hommes, structures et méthodes de cette fonction s’adaptent en permanence.

De l’emploi de « recettes du passé » aux perpétuelles adaptations présentées dans ce mémoire de recherche, la fonction renseignement est profondément modifiée à la fin des 9 mois de présence à Alger. Si le renseignement est fondamentalement l’affaire de spécialistes, il est réducteur d’en limiter l’étude aux seuls services agissant généralement à la marge des opérations conventionnelles.

Largement oubliés, des hommes du renseignement sont présents au sein de toutes les grandes unités conventionnelles. La bataille pour le renseignement est gagnée par une manœuvre coordonnée de l’action des services spéciaux et des unités conventionnelles. Au début, les militaires s’avèrent incapables de dresser un tableau de la situation et le partage de l’information n’est pas inné.

Sous l’impulsion de différents responsables, cet aspect évolue au sein de chaque niveau. L’apport des renseignements sur le milieu physique et humain ainsi que sur l’adversaire permet de mettre à jour le dispositif ennemi et de le démanteler. S’inscrivant dans une action globale, le renseignement bénéficie du contrôle de la population instauré par un système de surveillance en surface. L’infiltration d’agents retournés ajoute par la suite de nouvelles informations. Néanmoins, l’emploi de méthodes contestables et contestées lors des interrogatoires marque de façon indélébile les batailles d’Alger.

Le renseignement à Alger s’est donc adapté pour répondre aux conditions rencontrées. Si ces changements sont constants, ils se font de manière concomitante avec les opérations. Toute nouveauté (dictée ou subie) introduite dans un système aussi complexe que 10.000 hommes en opérations entraîne des changements en cascade aux conséquences souvent imprévisibles.

Cette adaptation permanente se fait du simple soldat sur le terrain jusqu’aux officiers d’états-majors mais, en ce qui touche le conflit algérien, surtout au niveau des compagnies. Un cycle d’action-réaction se met alors en place entre les 2 adversaires.


Extrait


Chapitre IV : trouver les amorces des filières : les premiers jours

Dans ses mémoires, le général Massu présente le dispositif exceptionnel qu’il dirige : « Maintenant j’ai mis en place quatre « deuxièmes bureaux », qui orientent chacun cinq à six capitaines, disposent de plusieurs équipes d’interrogatoires, amassent une somme de renseignements immédiatement confrontés avec ceux de la police, et les exploitent » .
Comment ce système complexe fonctionne-t-il dans les faits au cours de la première bataille d’Alger ?

1.         Dresser un état des lieux
-           Prendre pied dans une zone sanctuaire : le dégel de la Casbah

La Casbah est le nom d’un quartier d’Alger majoritairement musulman. Moins de 15% des 74 200 habitants sont européens. Cet ensemble de 3 km², quadrillé par un labyrinthe de ruelles et d’impasses, est l’une des zones sanctuaires du FLN (pour se rendre compte du complexe agencement des artères, cf. carte n°3 p. 141). Divisé entre la haute et la basse Casbah, situé à flanc de colline descendant vers la Méditerranée, ce quartier devient le théâtre principal du déroulement des batailles d’Alger. La pauvreté d’une partie des habitants et la présence d’une forte composante arabo-musulmane en font un espace propice à la diffusion des idées du FLN. En janvier, la Casbah est considérée comme une zone de repli inviolable pour le FLN qui y règne en maître par l’adhésion de la population ou la peur engendrée par de possibles représailles. L’ordre règne et les mots d’ordre sont respectés : interdiction de fumer, de jouer, d’écouter de la musique, etc. C’est pour cela que dès l’année 1955, « le Bureau de la place d’Alger interdit aux militaires de mettre les pieds dans la Casbah » . Les assassinats de quelques militaires imprudents s’y promenant en uniforme ont contraint le commandement à prendre cette décision. Secteur attribué au 3ème RPC, ce dernier y installera deux compagnies : l’une au Palais Clin et l’autre au Palais Bruce.

Le 8 janvier 1957, une première opération de « bouclage-ratissage » y est menée car les autorités militaires sont persuadées que les chefs du FLN s’y cachent et n’en bougent pas. Des barbelés et des postes de garde sont installés aux carrefours des principaux axes de pénétration et le long des voies circulaires délimitant la Casbah. La zone est hermétiquement bouclée et des fouilles ou des contrôles sont organisés pour les entrants comme pour les sortants. De plus, « la herse »  passe au cœur du quartier le plus suspect d’Alger : des centaines de soldats pénètrent à pied et fouillent avec minutie les habitations entassées les unes sur les autres. Cette démonstration de force a des effets plus psychologiques que pratiques : les saisies d’armes, de bombes ou de tracts sont aussi rares que les arrestations de suspects. Pour le renseignement, les résultats sont minces : les prisonniers sont connus des services de police pour être responsables de larcins mais non pour militantisme actif au FLN.

Cependant ce premier acte prouve que l’inviolabilité de la Casbah n’est plus, même si les militaires ne peuvent s’y imposer que lors de grosses opérations. Néanmoins, cela ne suffit pas à obtenir la collaboration de la population. Le mur de la peur ne s’est pas effondré et les représailles du FLN à l’encontre des informateurs restent toujours envisageables.

-           Faire le point sur les connaissances de la structure FLN à Alger

Yves Courrière nous éclaire sur la manière dont les premiers renseignements exploitables sont trouvés : « O… se renseigna sur la façon dont la police était faite à Alger. Il apprit l’existence d’un fichier établit par les Renseignements Généraux où les services de police avaient groupé les noms et adresses de tous les suspects à un titre ou à un autre. […] O… et ses hommes repartirent avec le fichier sous le bras. Toute la journée du 13 janvier et la nuit du 13 au 14 furent consacrées à l’étude du fichier » . La manière forte employée pour récupérer ce fichier central aura sans doute des conséquences quant à l’aide future apportée par des policiers lésés. L’épluchage méticuleux des fiches permet cependant de dresser une liste de personnes choisies selon certains motifs : syndicalistes chez les dockers du port d’Alger, membres suspectés du PCA ou de l’UGTA, etc. Ces choix sont fondés sur les possibles affiliations de ces organisations au FLN.

Sous la dénomination de « O… » se cache le commandant Paul Aussaresses. Les résultats qu’il avait acquis en août 1955 à Philippeville n’ont pas échappé à Massu.

Grâce aux contacts qu’il avait noués avec les habitants, il était en effet un des rares officiers à connaître par avance la date du déclenchement de la vague de terrorisme. Il est donc appelé à Alger par Massu pour prendre la tête d’une équipe de 18 sous-officiers issus du 11ème bataillon de choc.

L’existence même de ce commando secret, sa place dans l’organigramme de la Zone Nord Algérois et ses missions sont encore aujourd’hui peu évidentes à cerner. Il semble qu’il bénéficie d’une large autonomie, devant rendre compte uniquement à Massu comme un service spécial décentralisé et qu’il soit en charge des missions à haute valeur ajoutée et des suspects confiés par les OR qui ne parviennent pas à en tirer des informations.

L’autre base de travail consiste à exploiter les quelques pistes découvertes par des unités déjà actives à Alger. Ainsi, l’apport du 9ème bataillon de Zouaves commandé par le lieutenant-colonel André Barjaud est indéniable. Le lieutenant Allaire parlant de la coopération entre les unités note qu’elle était réelle « seulement avec le 9ème Zouaves » .

Certains cadres réservistes de cette unité sont nés en Algérie et les autres sont des officiers d’active (29 sur 45) avec plusieurs années au corps. Cette unité comprend plus de 1 200 Zouaves, majoritairement des ruraux venant y faire leur service.
Cette composition leur permet de comprendre avec subtilité les caractéristiques sociales de la Casbah.
Parmi toutes les compagnies, la 4ème du capitaine Jean Sirvent (officier pied-noir de retour d’Indochine) est la plus dynamique.

Installée au palais Klein, elle est le signe d’une présence militaire dans ce quartier, bien plus que les quelques policiers qui vivent retranchés dans un commissariat vidé tous les soirs. Le 9ème bataillon de Zouaves n’a pas réussi à démanteler de filières.

Mais les Zouaves connaissent la cartographie de la Casbah et un premier organigramme, quoiqu’incomplet, a été élaboré. Il sera aussitôt exploité par le capitaine Raymond Chabanne, l’OR du 3ème RPC………/………..


Prix universitaire 2013


Le prix universitaire 2013 a été, lui, décerné à Frédéric Harymbat pour « Les Européens d'Afrique du Nord dans les armées de la Libération » (Université de Caen).

Dans les deux cas, ces travaux concernent l'histoire militaire et relèvent de Master 2 d'une grande qualité aussi bien sur le fond que sur la forme et répondent, non seulement aux exigences de la recherche historique, bien évidemment, mais également, en ce qui concerne notre domaine propre, devraient permettre de faire reculer l'« historiquement correct » qui domine toujours le monde universitaire.

L'accueil qu'ont reçu nos jeunes chercheurs et amis lors de leur présentation prouve que les adhérents présents à Perpignan ne s'y sont pas trompés.

Nous ne saurons trop vous conseiller de vous rendre sur le site internet du Cercle de Marseille où figure une présentation des deux ouvrages ainsi que des extraits.

Frédéric Harymbat


http://www.cerclealgerianistemarseille.org/#!copie-de-prix-universitaire-algerianiste/cjfq

Frédéric Harymbat: " Les Européens d'Afrique du Nord dans les armées de la Libération ".

Si l'engagement des troupes coloniales de l'armée d'Afrique est bien connu et a été traité par de nombreux ouvrages, aussi bien universitaires que grand public, il est par contre très difficile de trouver des renseignements sur la place et le rôle que nos compatriotes d'outre-mer y ont joué.

Les seules informations les mentionnant sont l'évocation des taux faramineux de mobilisation qui entre 1942 et 1945 ont amené plus de 16,5% d'entre eux dans les rangs de l'armée ( et même 20% au Maroc). Aussi ai-je voulu creuser un peu plus loin dans un travail de Master II (UFR de CAEN) qui garantirait, à travers la direction d'universitaires comme Jean Quellien, un minimum de sérieux et de rigueur dans mes recherches.

Celles-ci se sont basées sur les archives de Vincennes mais aussi sur de nombreux articles de l'Algérianiste ainsi que sur des témoignages disponibles en grand nombre sur le Net ou dans des ouvrages qu'on ne trouve plus que chez les antiquaires et les bouquinistes. Des photos de l'ECPAD mais aussi venant de fonds privés illustrent l'ensemble.

L'étude est basée sur un plan chronologique qui découpe l'ouvrage en cinq grandes parties : l'AFN jusqu'en 1942, le débarquement allié et la mobilisation générale pour la reprise du combat, les luttes politiques entre Gaullistes et Giraudistes et leurs répercussions chez les civils et les militaires, les combats en Europe (Italie, France, Allemagne), enfin le dernier chapitre évoque la question toujours actuelle et controversée de la Mémoire face à l'Histoire.

Le but de ce travail est de montrer que sans l'engagement massif des Pieds-Noirs, il aurait été impossible pour la France de disposer d'une armée moderne à laquelle les Américains auraient accepté de fournir du matériel.

Cet engagement a été aujourd'hui bien oublié parce que les Français d'AFN en ont peu parlé, le trouvant naturel.

Une vision de la Seconde Guerre centrée essentiellement sur le dualisme résistance / déportation a également contribué à rejeter dans l'ombre l'engagement purement militaire de ces soldats, aussi bien indigènes qu'européens. J'espère que ce petit travail contribuera à rappeler leur mémoire et leur sacrifice.


Extrait


Une mobilisation massive

Les classes 1919 à 1945 comprenaient 259 000 hommes mobilisables, sur ce total, combien allaient porter les armes? Selon les sources, les chiffres varient. Le plus communément cité est celui de 176 500 hommes (chiffre fixé au 1er novembre 1944), évoqué par le général Juin dans ses mémoires, soit 16,4% de la population française pour l'Afrique du Nord toute entière .

C'est l'Algérie qui fournit le contingent le plus élevé avec 120.000 hommes, vient ensuite le Maroc, 41.000, et enfin la Tunisie avec 15.500 recrues sous les drapeaux. D'autres estimations poussent le chiffre à 205.000 hommes, soit 19%, et il est vrai qu'il est possible de gonfler les chiffres puisque des recrues jugées inaptes furent parfois versées dans les services auxiliaires alors que des requis civils accomplissaient en réalité un service militaire. Il faut également tenir compte de milliers de volontaires et d'appelées féminines dont le statut militaire mit du temps à se mettre en place .

Quoiqu'il en soit, cet effort fut exceptionnel dans notre histoire et dépassa même, en proportion, par son ampleur la mobilisation de la Grande Guerre : « Sur la base d'une population métropolitaine de 40 millions d'habitants , ce pourcentage se serait traduit en France par la levée de 6.500 000 hommes environ.
Or en 1918, la France, compte tenu des effectifs venus d'outre-mer, n'avait pu aligner sous ses drapeaux plus de 5.000 000 de combattants »
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http://media.wix.com/ugd/24d65b_70e3aa15a4f54081a6ee026f75270f10.pdf


Autre particularité pour cette année du 40e anniversaire du Cercle : nous avons déjà présenté deux candidates au prix universitaire 2014.


Française d'Algérie par sa mère et ses grands-parents maternels, Laura Bourquain prépare, sous la direction de notre ami Olivier Dard, professeur des idées politiques à la Sorbonne, un Master sur la création et les créateurs du Cercle algérianiste.

Laura Bourquain

Il ne fait aucun doute qu'il sera plus conforme à la vérité et à la réalité historique qu'un travail commis, il y a quelques années, et pour lequel aucun des acteurs n'avait été consulté.


Emma Jia Jie

La deuxième postulante pourl'an prochain nous vient du bout du monde. Emma Jia Jie
nous arrive de Chine, plus précisément de l'université de Wuhan « petite ville »… de 10 millions d'habitants. Spécialiste de littérature et de langue française, elle écrit une thèse sur les Français d'Algérie.

Avec notre amie japonaise, Aya Adachi, bien connue de nos congressistes, nous voilà en position de force en Extrême-Orient.
Merci à Pierre Dimech et Pierre Gourinard pour leur collaboration au prix universitaire.

Jean-Louis Hueber


Prix algérianiste    Jean Pomier   2012

Le jury du Prix littéraire algérianiste réuni à Narbonne a attribué :

Le Prix algérianiste « Jean Pomier » 2012 à Guillaume Zeller pour son livre Oran - 5 juillet 1962 - un massacre oublié, Éditions Tallandier.

Un travail historique remarquable par la documentation, les sources et les nombreux témoignages qui en font le support. L’auteur, rend compte avec exactitude des évènements et de la longue lutte pour amener au jour ce massacre.
Lutte sans fin contre une volonté d’étouffer les carences de l’administration et les manoeuvres politiques coupables d’une époque.


Le Prix histoire et critique littéraire algérianiste 2012 au professeur Wolf Albès pour Les écrivains pieds-noirs face à la guerre d’Algérie, Édition Atlantis.

De la part d’un universitaire allemand, cette suite d’études de textes d’écrivains pieds-noirs, fouillées jusqu’à en extraire les états d’âme, les aveux, les ressentis vrais ou les artifices, est un exploit intellectuel. Elle révèle une subtilité psychologique et prouve combien l’auteur est habité aujourd’hui, par l’âme de cette population. Sa rencontre littéraire avec Camus l’a fait pénétrer dans le déchirement des petites gens enracinés dans la même terre, leurs codes, leur quotidien, au point de chercher dans les productions des écrivains français autochtones de l’époque, les points communs et les divergences, face à la guerre et au terrorisme.
Une étude profonde et émouvante qui atteste une adhésion sincère à la mémoire piednoire.


Prix algérianiste    Jean Pomier   2013


Pour 2013, le jury du Prix littéraire algérianiste a attribué :

Le Prix algérianiste « Jean Pomier » 2013 à Henri-Christian Giraud pour son livre Chronologie d’une tragédie gaullienne - 13 mai 1958- 5 juillet 1962, Éditions : Michalon. Avec une démarche d’historien, en suivant jour après jour la chronologie de ces quatre dernières années, Henri-Christian Giraud montre avec précision les attitudes psychologiques et politiques d’un chef d’État soucieux de travestir en succès personnel une liquidation rapide de l’Algérie française au mépris des populations.

La mention spéciale témoignage à Évelyne Sellès-Fischer pour Enfin tu es revenue au pays, Éditions Les Cygnes. Ce récit, plein de sincérité et passionnant est une évocation vibrante, poétique, émouvante du retour au pays. Il est rendu avec une grande vérité sans omettre les mauvaises surprises, les questionnements sur les ratés de l’histoire, traversé le plus souvent
d’une lucidité douloureuse. Un récit de retour original qui fait toucher le rivage aimé par ceux qui le quittèrent il y a plus de cinquante ans.

Le Prix Hommage du Cercle algérianiste à Geneviève de Ternant pour l’ensemble de son oeuvre et 50 ans de combat littéraire. Depuis 50 ans Mme de Ternant livre un combat littéraire acharné pour le rétablissement de la vérité historique, en particulier sur le massacre du 5 juillet 1962 à Oran. Elle a su évoquer, avec une grande précision, l’histoire de sa famille et tout ce qui concerne son attachement au pays notamment l’histoire de sa cuisine. De grande qualité littéraire, ses éditoriaux de l’Écho de l’Oranie sont encore dans toutes les mémoires. Elle a mérité depuis longtemps l’hommage que nous lui rendons aujourd’hui

 


Hommage à Geneviève de Ternant
pour l’ensemble de son oeuvre.