" Rendez-vous à Bab el Oued "
« Nous avons grandi dans le quartier populaire de Bab el Oued. Mais en 1962, la guerre d’Algérie et l’exode vers la France nous ont séparées. Nous avions alors une vingtaine d’années» explique Jacqueline, retraitée cannoise. Après cet arrachement au pays, il a fallu s’intégrer en métropole. Chacune est repartie de zéro. À Châtellerault, Lyon, Toulon et Paris. A eu mari et enfants. A tracé son chemin. Avec dans un coin de leur tête, le souvenir précieux de ces amitiés de jeunesse et des parfums d’Algérie.
C’est Dany, la benjamine, qui a pris l’initiative de rechercher ses anciennes camarades. Grâce à Facebook, réseau social sur lequel elle crée il y a quelques semaines le groupe « rendez-vous à Bab el Oued ». Dany a permis ainsi à Edwige, dont elle est la cousine, de retrouver Jacqueline, dont elle était très proche. Et les anciennes relations de se reconnecter grâce à la magie de la Toile. Improbable! « Par chance, elles avaient gardé leur nom de jeune fille!» sourit Dany.
Malgré les décennies, le lien inaltérable, mêlant la grande Histoire à leurs destinées de pieds-noirs expatriées, est renoué. D’autant que, par chance, toutes ont choisi le soleil des Alpes-Martimes, à Nice, La Turbie et Cannes, pour couler leur retraite. Clin d’œil sans doute à la douceur du climat d’Afrique du Nord...
« Retrouver ses racines »
Alors, ce matin-là, à Cannes, la machine à remonter le temps a embarqué les quatre dames dans un voyage intime vers leur passé, « celui qui nous lie à vie ». Des sentiments à la fois douloureux et enivrants. «On nous a arrachées à notre pays et nous avons été si mal accueillies en France... En nous retrouvant, nous retrouvons aussi nos racines... Car nous sommes des déracinées», glisse Jacqueline. Après une si longue séparation, promis, elles ne devraient plus se quitter. Panser leurs blessures, partager, se raconter, mais surtout « parler de là-bas », elles ont toute une vie à rattraper! |