Ce jeu européen, venu du Moyen-âge, modernisé dans sa présentation, les canettes de bière remplaçant souvent les pyramides de bois ou de cartons, fait encore fureur dans les foires et les kermesses. Un empilement d'objets, quelques balles, un ou plusieurs joueurs, la partie peut commencer et recommencer à l'infini.
À ce jeu, attractif et d'un coût réduit, les Hommes politiques sont devenus les maîtres.
Le problème « Rapatriés », après une année de gestation, est passé à la « moulinette » au cours de l'été. Aujourd'hui, au résultat, la situation est claire et nette : l'Elysée et Matignon n'avaient déjà plus de « Conseiller spécialisé » ; désormais la « boite » ANIFOM* est déjà tombée et la chute de la « MIR* » est en cours. Seule la boite « Agence Centrale* » tire provisoirement son épingle, mais son absorption est programmée à terme. Grand gagnant, en apparence du moins, « l'ONAC-VG* », appelé à intégrer l'ensemble des missions des organismes disparus.
Mais au bout du compte, les « Rapatriés », seule catégorie de « partenaires » qui nous préoccupe objectivement et très directement, seront-ils gagnants ou perdants ? L'argument du guichet unique et du maillage local que d'aucuns mettent en avant est certes fort. Mais la compétence et la formation dans tout cela ? Autre obstacle de taille, non négligeable : si les Victimes civiles et les Harkis ressortissent à l'évidence de la compétence de l'Office, les « Rapatriés » en tant que tels n'y ont pas vocation, à priori. D'ailleurs, les enfants mineurs lors du rapatriement ne se sont jusqu'alors jamais vu reconnaître cette « qualité » ou plus exactement cette spécificité. Pas plus d'ailleurs que les enfants de Harkis.
Et pourtant, ces enfants ont souvent été traumatisés et parfois davantage que certains adultes Tout le Monde s'accorde à le reconnaître aujourd'hui et tout peut encore évoluer... au gré de la volonté politique. Là enfin, le grand mot est lâché : Volonté politique. Car c'est bien là que le bât risque de blesser ! Là réside en effet le nœud du problème, là s'en trouve la clef. Le Pouvoir en place se décidera-t-il à reconnaître les fautes et les crimes de celui de l'époque et se décidera-t-il à les réparer ?
Jusqu'à ce jour, hélas, aucun signe annonciateur d'une telle volonté n'est apparu dans ce ciel chargé de nuées.
Le seul signe perceptible a concerné directement nos amis Harkis... L'annonce d'une volonté de reconnaissance de responsabilité par l'actuel Chef de l'Etat, lors de la Journée des Harkis. Mais cette déclaration remonte déjà à plus d'un an... Et, depuis, rien !.. Bien au contraire, tout porte à croire après analyse de l'intervention du Ministre délégué le 25 septembre dernier qu'en ce domaine, tout semble avoir été fait.
Les Français rapatriés continueront-ils à être les perdants, les sacrifiés de l'Histoire, comme tant de nos aînés, tombés en chemin, épuisés, aigris, désabusés ? .
Les survivants, leurs descendants, seront-ils les gagnants un jour ? A nous d'œuvrer pour cela... Et, nos fidèles lecteurs savent combien nous nous y employons, avec conviction et ténacité... Fidèlement !
Yves Sainsot
* - A.N.I.F.O.M., Agence Nationale pour l'Indemnisation des Français d'Outre-Mer (Paris) ; M.I.R. Mission Interministérielle aux Rapatriés (Paris) ; A.C.R. Agence Centrale des Rapatriés (Agen) ; O.N.A.C.-V.G. Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (Paris et Chef-lieu de Département) |