Madame le Maire d'Aix-en-Provence Mesdames et Messieurs les Elus, Sénateurs, Députés, Elus du Conseil Général, du Conseil Régional, et du Conseil Municipal Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations
Mes Chers Amis
« La seule défaite irréparable c'est l'oubli ! »
Cette citation de Jean Brune illustre parfaitement les raisons de notre recueillement.
J'ai souvent eu l'honneur de m'exprimer devant vous à l'occasion de différentes manifestations du souvenir. Mais aujourd'hui c'est pour moi, mais aussi pour vous tous, je l'espère, un grand jour !
Cette cérémonie marque une date importante dans la vie de notre Collectif et de notre Maison Maréchal Alphonse Juin. Nous sommes en effet réunis devant un Bronze, une plaque de Marbre et une Stèle ; les trois ont un point commun...le prix payé par certains pour s'opposer à l'abandon de l'Algérie Terre Française. Si leurs corps sont devenus poussière, leurs âmes sont là, ces pierres en sont imprégnées. Comme si aujourd'hui, ceux que nous commémorons seraient ressuscites pour nous dire, "attention réveillez-vous ! N'oubliez pas pourquoi et comment nous avons été enlevés, assassinés ou fusillés".
Comment ne pas entendre les cris de femmes et d'hommes qui, gisant sur le sol, sont achevés d'une balle dans la tête. C'est le 26 Mars 1962 Comment ne pas entendre les cris de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants de toute confession, abattus comme des bêtes où les agresseurs se surpassent dans la sauvagerie sous les yeux bienveillants d'une armée, chargée pourtant de les protéger. C'est le 5 juillet à Oran.
Rappelons-nous, pour avoir choisi le camp de la France, les dizaines et les dizaines de milliers de Harkis qui ont été livrés à leurs assassins. La plupart de ces Harkis avaient encore les décorations épinglées sur leur treillis, décorations gagnées au combat dans les rangs de l'Armée Française ! Comment oublier cela !
Des hommes de parole, courageux, fidèles à leurs valeurs, que des bourreaux viennent réveiller au petit jour au fond de leur cellule pour les coller contre un mur semblable à celui-ci, face à un peloton d'exécution. Quatre Patriotes subiront la vengeance et la haine d'un chef d'Etat. Comment oublier tout cela ! Qu'on ne compte pas sur nous pour nous débarrasser de nos morts et de leur mémoire !
En ces instants nous réalisons que ce sont leurs sacrifices qui nous ont insufflé la force de rester ce que nous sommes, fidèles aux valeurs patriotiques qui redonnent de la couleur à notre drapeau.
Ces pierres empilées, qui portent ces symboles, seront toujours là pour nous le rappeler.
Tous ceux et celles qui entreront dans ces lieux entendront comme une voix venue d'outre tombe, leur remémorer la citation de notre ami Joseph Castano, leur dire : « Passant, souviens-toi qu'il y eut une Algérie Française et fraternelle et n'oublie jamais ceux qui ont aimé, lutté, souffert et qui sont morts pour elle » Ce mur qui nous fait face et qui par un heureux hasard, tourne le dos à certains regards haineux de la rue, est là pour nous rappeler que ce qui se fait dans les larmes et dans le sang, ne s'oublie pas.
Si je perçois votre émotion, je sais que parfois, pour ne pas dire souvent, le désespoir vous gagne, soyons courageux et patients, la vérité l'emportera sur le mensonge que nos détracteurs ont toujours entretenu à notre égard. Viendra le jour et dans pas longtemps, où on reconnaîtra la justesse du combat que nous menons depuis notre exode et de la légitimité de nos revendications. Alors et toujours avec la même haine, le ton méprisant, on nous taxe de nostalgiques de l'Algérie Française.
Est-ce que la shoa ou le wagon des Milles sont de la nostalgie de la part de nos amis de confession juive ? Est-ce que le génocide de 1.500.000 Arméniens est de la nostalgie? Le blocus de Bab el Oued, la fusillade du 26 mars 62, le massacre des Harkis, le martyre du 5 juillet à Oran, est-ce de la nostalgie ? Non Messieurs les pseudos historiens, il s'agit d'un devoir de mémoire et du souvenir où le sang d'innocentes victimes a trop coulé.
A tous les falsificateurs de la vérité, à ces manipulateurs de l'ambiguïté, rappelons-leur la célèbre devise du Cardinal de Retz : « On ne sort de l'ambiguïté, qu'à son détriment ».
Ce monument devant lequel nous sommes réunis a pu être réalisé grâce à la générosité, à la compréhension, à l'adhésion d'un nombre important d'amis. Juristes, Techniciens, Architectes, Bâtisseurs ont mis tout leur savoir à ce projet. Leurs précieux conseils, leur aide, leur gentillesse ont été sans limite. Par crainte d'en oublier, je ne citerai pas de noms, mais je le sais, ils sont là, ils se reconnaîtront. A vous tous du fond du cœur, nous vous adressons un grand merci. Nous vous serons toujours reconnaissants.
A vous Madame le Maire de cette ville d'Aix-en-Provence, que nous aimons, votre présence est pour nous un grand honneur. Madame le Maire, Merci ! Merci aussi, à tous les Elus présents aujourd'hui. Merci aux Présidentes et Présidents d'Associations, pour leur présence et leur envoie de fleurs, Merci aux membres du Conseil d'Administration du Collectif pour le soutien qu'ils m'ont apporté à la réalisation de ce monument.
Oui Merci et encore Merci à tous pour votre volonté et le courage de réaliser avec nous, dans ce coin de jardin, ce monument qui force déjà au respect d'un souvenir d'une dramatique page d'histoire de France.
Nous vous serons toujours extrêmement reconnaissants pour avoir été, ce matin, à nos cotés.
Oh ! je sais bien que les habituels détracteurs, ces sorciers de l'avenir, toujours à la recherche de l'horizon au dessus des nuages, ont déjà, les mots qui brûlent leurs lèvres pour dire que notre cérémonie est un prétexte pour certains de racoler, je ne sais quelle clientèle. Non, depuis les premiers jours de l'exode, Aix-en-Provence a toujours tout fait pour panser les plaies ouvertes sur d'autres Français et comprendre leur souffrance d'une mémoire qui n'arrête pas de saigner.
Tous les Maires de cette ville, sans exception, ont toujours avec beaucoup d'humanité et de compréhension, apporté à ce peuple Pied Noir, le réconfort et le soutien qu'il méritait. Ils ont sans exception mis de côté leur sensibilité politique et pratiqué celle de l'intelligence du cœur.
Jean-François, Maryse, Messieurs les Maires, à vous tous amis élus, vous faites et depuis longtemps partie de ceux-là. Je le redis encore et sans me lasser nous vous serons toujours extrêmement reconnaissants.
A vous tous, du fond du cœur, Merci !
René ANDRES Président du Collectif Aixois des Rapatriés 07 juin 2013
|