Colloque: Albert Camus le pied noir face aux violences politiques au Cercle Algérianiste du Gers les 29 et 30 juin 2013 à Masseube

 
       
     
 
 
 
 
   
     

Vendredi 28 juin
19 heures - Accueil et repas pour ceux que cela arrange en particulier ceux qui viennent de loin.

Samedi 29 juin
9 heures: Accueil café viennoiseries distribution des badges, installation hébergement
9 heures 30: Ouverture du colloque par Madame Garcia, Présidente du Cercle Algérianiste du Gers.
Introduction de la thématique Par monsieur Georges Belmonte Vice-Président du Cercle Algérianiste du Gers.
Présentation des saynètes entre les interventions par Madame Maia Alonso et présentation de la comédienne Syndia Hamouchi   - Saynète numéro 1
10 heures 30: Intervention du Professeur Hubert Ripoll suivi d'un débat avec la salle.
11 heures 30: Intervention du Professeur Gérard Lehmann avec entre autre l'analyse de la « petite phrase » de Stockholm
12 heures : Intervention de Monsieur jean Pierre Brun auteur de Camus autrement
12 heures 30 : Saynète numéro 2
12 heures 45 : Repas
14 heures 30 Introduction de l'après-midi par Monsieur Robert Davezac
15 heures Intervention du Professeur Jean Monneret « Camus et le terrorisme »
Intervention de Jean François Mattéi Professeur émérite et membre de l'institut universitaire de France
17 heures Table ronde et échanges avec l'auditoire animé par le professeur Gérard Lehmann et en présence de Mr Jean Louis Saint Ygnan
17 heures 45 Saynète numéro 3
18 heures : Pause rafraîchissements
19 heures 30 Repas et animations

Dimanche 30 juin

9 heures Intervention de Monsieur Guillaume Zeller, Journaliste sur la tragédie d'Oran le 5 juillet 1962.
9 heures 45 Table ronde et échanges avec l'auditoire en présence du Professeur Monneret
10 heures Table ronde et échanges avec l'auditoire sur l'actualité d'Albert Camus, qu'est-ce que Camus a à nous dire aujourd'hui sur notre « vivre ensemble »?
Que doit-on garder de son engagement et de sa parole de vérité face à l'ostracisme?....
En présence des journalistes Robert Ménard, et Guillaume Zeller, des écrivains Maia Alonso et Kader Hamiche.
12 heures 45 Saynète numéro 4
13 heures Repas

15 heures Clôture du colloque

Présentation de l'intervention d'Hubert Ripoll Professeur en psychologie

Hubert Ripoll a sondé une histoire qui est aussi la sienne pour remonter, par les chemins de la mémoire, jusqu'aux moments, heureux ou malheureux, qui ont fondé la communauté pied-noire, son exode et son exil. « Je ne suis ni historien, ni sociologue ou politologue, mais psychologue, et j'ai traqué les faits tels qu'ils ont été ressentis, imaginés, transmis à la descendance et reçus par elle pour révéler les représentations d'un là-bas disparu. » dit-il. Son cheminement, au travers des témoignages de trois générations de pied-noir nous fait comprendre les ravages du non-dit des anciens dans la conscience des plus jeunes, mais aussi la résilience et la renaissance de ceux nés en France, loin du pays de leurs pères, qui tiennent, aujourd'hui, le livre de leur histoire.
"Mémoire de là-bas" a été nominé pour le prix de littérature politique Edgar Faure. Il a fait l'objet d'analyses dans Le Monde, Le Temps, France Inter, France Info, Radio Chalom Nice...
Hubert Ripoll, né en 1947 en Algérie, à Philippeville, est psychologue et professeur d'université.

Visitez les archives de "Mémoire de là-bas" sur http://memoiredelabas.blogspot.com/

Présentation de l'intervention de Jean François Mattei Professeur émérite de l'Université de Nice

Albert Camus a toujours été en porte-à faux par rapport à l'histoire et à la question algérienne. Pour le dire en ses propres termes, il a été victime d'un malentendu, titre de l'une de ses pièces de théâtre. Homme de gauche dès l'origine, il était exclu du monde de la gauche parisienne, celle de Jean-Paul Sartre et des Temps Modernes, et plus encore du monde communiste. Or la gauche de l'époque croyait à la fois dans le progrès, dans l'histoire et dans la libération des peuples colonisés par l'Europe, en général, et la France en particulier.
Camus, pourtant, a toujours dénoncé, d'une part la foi dans le progrès qui était pour lui une "idole" : il n'était en rien progressiste. D'autre part, la croyance dans le "sens de l'histoire" qui n'était pour lui qu'une illusion. En outre, du fait de son enracinement dans la terre algérienne, comme les descendants français des premiers colons, dont son propre père, il pensait qu'il n'était pas possible d'arracher plus d'un million d'Européens à l'Algérie. Sa position modérée, et pourtant exigeante, revenait à partager une même terre et une même existence pour les Arabes, les Berbères, les Européens, bref tous ceux qui vivaient sur un même sol et sous un même soleil. Nous verrons comment Camus conciliait son exigence de liberté et d'égalité des Algériens, quelle que soit leur origine, et son engagement moral et politique. Il ne fut pas compris à son époque ; il commence seulement aujourd'hui à être actuel.

Vidéo présentation de son livre le Procès de l’Europe: http://www.dailymotion.com/video/xiik3g_conference-de-jean-francois-mattei-sur-le-proces-de-l-europe_news#.UYDFyIxOIdU


Ass. Prof, em. Dr. Gérard Lehmann
- Syddansk Universitet (Université de Danemark Sud), Odense

Albert Camus face aux violences politiques. Masseube 2013


Le 22 janvier 1956, Albert Camus lance depuis Alger un appel à la trêve civile. Cet appel à une signification particulière pour plusieurs raisons. Il se situe dans un contexte de guerre, c'est-à-dire que les positions d'Albert Camus sur la violence politiques se voient mises à l'épreuve des feux de la guerre. À l'occasion de cet Appel, plusieurs acteurs interviennent : libéraux, dirigeants FLN, « ultras » selon la dénomination tiers-mondiste. Il sera donc intéressant d'une part d'évoquer les témoignages de Charles Poncet, d'Emmanuel Roblès, d'André Rosfelder, de Mohammed Lebjaoui et de Ferhat Abbas qui assistèrent à l'événement, et d'autre part de confronter des analyses comme celles de Jean Daniel et de Jules Roy, entre autres. Alors qu'aujourd'hui encore ne circule généralement qu'une version généralement mensongère de l'Appel, il est utile de rappeler une succession de faits qui illustrent comment la bonne foi d'Albert Camus fut manipulée au bénéfice d'une conception de la violence politique faisant de civils innocents des cibles privilégiées et dont la seule morale se réduisait à son efficacité.

« CAMUS AUTREMENT »

Pourquoi avoir attendu 2011 pour écrire un ouvrage sur Camus. Etait-ce une façon de saisir l'opportunité offerte par le cinquantième anniversaire de sa mort ?

Certainement pas ! Mais que la floraison de livres et d'articles publiés en la circonstance y soit pour quelque chose, c'est évident. J'ai toujours fustigé les esprits bien intentionnés qui pratiquent l'art de faire parler les morts. Et dans ce domaine je n'ai pas été déçu. A lire et écouter des contemporains, éclairés sinon illuminés, qui venaient de se pencher sur la tombe de notre prix Nobel, j'ai eu la confirmation que, pour certains, il était mort en 1936, pour d'autres en 1945 voire en 1951... Bref c'était pour tout un chacun une opération à inscrire dans une rubrique « nécrophagique » consacrée à l'art d'accommoder les restes. Mon épouse, camusienne de cœur, a fait le reste en me poussant à écrire un Camus autrement.
Justement, en quoi votre travail le présente-t-il autrement ?
Camus lu et étudié hors de son contexte socio-culturel est difficilement compréhensible .Ce n'est pas un hasard si son ouvrage posthume « Le premier homme » est consacré à la présentation de ce contexte. Albert est « un pied-noir », « un petit blanc », comme d'ailleurs les trois quarts de ses concitoyens. Très tôt il a baigné dans cette culture cosmopolite née d'un apport culturel et folklorique (au sens noble du terme) de gens venus de partout et de nulle part. Je suis pied-noir et à la lecture du « Premier homme » j'ai bien cru, dans de nombreuses pages, être le modèle de l'auteur.

J'ai vécu en France métropolitaine les mêmes difficultés qu'avait rencontrées Camus auprès d'une intelligentsia parisienne combien suffisante, à savoir une incompréhension majuscule. Mon Camus « autrement » ne vise rien d'autre qu'une explication de ses réflexions, évolutions et convictions par son terreau originel. Je ne prendrai pour exemple que le respect de ce sens de l'honneur qui peut paraître bien suranné aux yeux de nos contemporains mais qui avait là-bas une telle importance et qui explique chez lui bien des choses.

En quoi l'image de Camus telle que véhiculée aujourd'hui vous agace-t-elle ?

Je me contenterai de contester celles qui, « retouchées », « stéréotypées », présentent de lui un profil lisse, sans défaut, comme des photographies tirées à l'occasion de la première d'un film ou bien destinée à un programme de théâtre (technique « Studio Harcourt »). C'est ainsi qu'on peut admirer « Le militant révolutionnaire », « Le Libertaire », « Le Philosophe » (parfois des classes terminales), « Le Play-boy » (pourquoi pas « façon Humphrey Bogart »), « Le Prix Nobel » (contestable bien sûr) etc..

Pour moi le véritable Camus est celui qui refuse l'étiquette de philosophe et dont l'inaccessible et interminable quête reste celle du Beau et du Vrai. Lui qui rêvait d'être sculpteur est d'un classicisme intégral que ce soit dans le domaine des Beaux-Arts, de la Littérature, du théâtre. Sa référence permanente à la Grèce antique, ses goûts en matière de peinture, de statuaire, de théâtre le prouvent. Son opposition farouche à l'abstraction et aux « Surréalistes » ne devrait d'ailleurs tromper personne.

Le malentendu qui subsiste aujourd'hui et qui peut donner encore une image biaisée du personnage réside dans « l'énorme nuance » qui existe entre un révolutionnaire et un révolté. Il est curieux de constater que cinquante ans plus tard des esprits malins en jouent encore.
Ce devoir terminé et rendu, vous laisse-t-il un regret ?

Je l'ai dit plus haut, la lecture de « Premier Homme » a fait de moi comme un jeune frère de Camus. Jean Brune et André Rossfelder m'ont permis de découvrir un Camus méconnu, méjugé par les siens à l'occasion de sa recherche d'une trêve civile avec le F.L.N. Depuis une question ne cesse de me tarauder : Comment aurait-il vécu les années 1961-1962 et quel aurait pu être son apport dans la résolution de la crise ? Mais je le confirme, il ne faut pas faire parler les morts.

   
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