Le Cercle algérianiste d'Avignon fait le plein de nostalgie d'Algérie avec la pièce de Claude Nal Le serment de l'Orane

 
   

La représentation du vendredi 12 avril 2013 au château de Fargues de la pièce Le serment de l'Orane, donnée par le cercle algérianiste d'Avignon et pays de Vaucluse avait largement garni la salle du Tinel de spectateurs attirés à la fois par la curiosité et le culte du souvenir.

Car même plus de cinquante années après la fin de la guerre d'Algérie, le ressenti de ces Français chassés de ce qui était, qu'on le veuille ou non, leur terre natale, est encore loin de s'effacer. Et Le serment de l'Orane, la pièce de Claude Nal, dont la première s'est donnée à Marseille en décembre dernier, est venu aviver le souvenir de ces années vécues dans l'incertitude, la crainte, le doute, les espoirs déçus.

 
   

Ne pas oublier


Commençant par un cours d'histoire à la faculté d'Oran illustré d'images montrant l'apport de la France à la civilisation locale, la pièce ne pouvait que flatter l'amour-propre de spectateurs amenés à suivre les deux dernières années de la vie d'étudiants français dans le chaos d'un pays livré aux exactions du FLN et de l'OAS.

Les attentats se succèdent et, la mort dans l'âme, les étudiants doivent décider leurs parents de quitter cette terre devenue invivable. À ce moment et jusqu'à la fin du troisième acte, l'ambiance dans la salle du Tinel devient lourde de silence et d'émotion contenue.

Le quatrième acte, dédié à l'installation des étudiants à Marseille, rappellera à l'assistance les conditions parfois difficiles dans lesquelles les Français d'Algérie ont été reçus. Opportunément cependant, la fin de cette pièce, à laquelle assistait l'auteur, met l'accent sur la force commune qui rassemble même 50 ans plus tard ceux qui ont vécu cette douloureuse expérience.

Drapeaux en mains, toute la troupe jure de ne pas oublier et de transmettre la vérité : c'est le "serment d'Orane", prononcé juste avant l'interprétation en commun d'un "Chant des Africains" repris spontanément par un public vibrant d'enthousiasme. Le plein de nostalgie avait débordé.


Hubert LEGRUX

BRAVO À... Claude Nal, l'auteur de cette pièce mise en scène par Gilles Galiano, avec Françoise Crescente, Stéphanie Grima, Sandrine Laurans, Amine Benkhelfallah, Vincent Campanelli, Patrice Faure, Eugène Merciecca, Jérôme Palmer, Jean-Christophe Ségura

 
 

Le Serment de l’ORANE de Claude Nal


Pièce de théâtre en trois actes
Metteur en scène Gilles GALIANO - Conseiller scénique et artistique Jean-Paul BALLESTER
Musique et chant de Françoise ATLAN - Bruitage de Christian ROURE

Présentation générale


La pièce est un raccourci en trois actes de l’existence, durant 132 ans, de l’Algérie Française vue et vécue par quelques étudiants oranais.
Les périodes allant de l’antiquité à 1830, puis la période 1830-1960 sont évoquées en quelques dialogues.
L’année 1961 est résumée sur l’une de ses journées qui donne le ton sur les événements, entre la première tuerie du F.L.N. (Front de Libération Nationale) le 1er novembre 1954, et fin 1961, année de résistance symbolisée par l’O.A.S. (Organisation Armée Secrète).
La fin de la présence française et le début de l’indépendance sont matérialisés par la journée des massacres du 5 juillet 1962 à Oran.
L’exode des Français d’Algérie et les premiers pas des étudiants rapatriés en métropole sont la base du troisième acte qui voit une première réunion se tenir à Marseille où a lieu la reprise des activités étudiantes.
La pièce prend fin sur « le serment de l’Orane ». Son titre découle directement du nom de la ville d’Oran (Wahran, là où viennent boire les lions).


Les lieux :
Les deux premiers actes se déroulent dans la salle dont dispose l’Association Générale des Etudiants d’Oran (A.G.E.O.) dans une annexe de la mairie d’Oran.
Le troisième acte se déroule à Marseille, dans un local mis à disposition des membres de l’A.G.E.O. rapatriés par des amis étudiants marseillais.

ACTE 1

De l’extérieur, parviennent les échos des évènements habituels de la guerre d’Algérie : attentats du F.L.N., ripostes de l’O.A.S. et de la population, bouclages et perquisitions des Gardes Mobiles et arrestations de résistants, fusillades et plastiquages, manifestations et contre-manifestations …
A l’intérieur du local de l’Association Générale des Étudiants d’Oran, entretiens entre plusieurs personnes d’opinions différentes, rappels sur l’histoire du nord de l’Afrique depuis l’antiquité, évocation du bilan de la présence française en Algérie depuis 1830, commentaires sur les évènements, visite de policiers inquisiteurs.

ACTE 2

Le 5 juillet 1962 :
Les massacres à Oran – des milliers de morts et de disparus.
Le silence de l’armée.
La fuite désespérée.
Le tout vécu de l’intérieur du local de l’A.G.E.O.

ACTE 3

Au mois d'août 1962: les étudiants qui sont intervenus dans les actes précédents se retrouvent à Marseille dans un local mis à leur disposition par un étudiant métropolitain qui vient les aider. Sont alors évoqués : l’exode, l’accueil lamentable de la ville, le projet de réorganisation de l’association, les modalités de reprise des études, les formalités administratives et la constitution des dossiers, l’entraide.
La pièce se termine sur le serment de l’Orane : « se battre, entreprendre, bâtir, être des exemples, réussir dans l’honneur », suivi du chant des Africains.
Les jeunes gens en cercle, se tenant par la main font la première partie du serment entre eux, puis se tournent vers la salle en ouvrant le cercle mais toujours main dans la main et scandent les derniers mots du serment, puis enchaînent sur le chant de l'armée d'Afrique devenu l’hymne des Français d’Algérie dans le but de la faire reprendre en chœur par le public.

Les personnages

Jean-Pierre Garcia : Président de l’association
Nicolas Dorval : Un étudiant oranais – Victime du Plan Simoun.
Madame Bensoussan : Professeur d’histoire et de géographie du lycée.
Bouziane : Un étudiant musulman partisan d’une forme d’indépendance associée non violente.
Pasquini : Un commissaire des R.G. en mission et son adjoint Mermesse
Le sergent René Pascal : Un sous-officier, en garnison à Oran.
Brigitte Ruiz: Une jeune fille, étudiante, Secrétaire de l’association.
Michèle Desrues : Etudiante oranaise en vacances qui fait ses études en fac à Toulouse.
Marc : Etudiant marseillais.
Charles (alias Raoul) : Etudiant algérois rapatrié.