Les Rapatriés d'Algérie participent à la de la restauration du retable la chapelle du cimetière d'Accous où repose Mgr Bertrand Lacaste, évêque d'Oran de 1945 à 1973.
 
       
 
Dans son atelier de Pau, rue Rivarès, Christian Pascual à l'ouvrage sur le retable ; il retrouvera sa place dans la chapelle du cimetière d'Accous où repose Mgr Bertrand Lacaste, évêque d'Oran de 1945 à 1973.
En souvenir de leur évêque, aspois, les Rapatriés d'Algérie ont généreusement mis la main à la poche.
«Il était peut-être béarnais, mais il avait le cœur pied-noir » : c'est Jean-François Berenguer, 70 ans, qui le dit. Ce rapatrié d'Algérie, aujourd'hui fixé à Biarritz, ne connaissait guère que de nom Mgr Bertrand Lacaste, du temps où le prélat natif de la vallée d'Aspe était évêque d'Oran : « À 20 ans, je ne suivais pas trop les affaires de la religion… Et puis j'étais algérois, pas oranais. »
L'ancien typographe pouvait-il imaginer qu'il serait un jour mêlé de près à cette histoire de retable, qui a pour cadre le village natal de l'évêque, Accous ? Elle est émouvante car tissée de nostalgie pour une terre qu'il fallut abandonner sans espoir de retour, et de fidélité envers un grand personnage.
Christian Pascual, l'artisan d'art palois en charge de la restauration du retable, est à l'ouvrage sur le panneau en bois sculpté et doré de cette belle réalisation du XVIIIe siècle. Entre les deux colonnes qu'il a déjà rénovées, ce troisième élément reprendra place dans la chapelle du cimetière d'Accous, là où repose Mgr Bertrand Lacaste (1897-1994).
La remise en état de cet ouvrage aura pris un temps fou. Élu en 2010, Éric Bergès est au moins le troisième maire d'Accous à hériter du bébé. La commune a subventionné la restauration de ce bien communal, mais la communauté des pieds-noirs (rapatriés d'Algérie), sollicitée, a généreusement mis la main à la poche. Le devis initial était de 18 600 euros.

Évêque de la dispersion

Jean-François Berenguer, ancien secrétaire de l'Amicale des pieds-noirs de la Côte basque, entrevoit aujourd'hui le terme de cette entreprise, après s'être longtemps démené en écrits et courriers divers. Ce, en mémoire de l'évêque aspois, auquel il servit de chauffeur et de secrétaire à partir de 1987.
Mgr Bertrand Lacaste est demeuré en fonction en Algérie après l'indépendance, malgré les grands dangers auxquels n'échappera pas l'un de ses successeurs à Oran, Mgr Pierre Claverie (1), assassiné en 1996.
Il était revenu en métropole en 1973 et s'était retiré dans sa maison familiale d'Accous. « Je l'accompagnais à droite et à gauche, témoigne M. Berenguer : en pèlerinage à Lourdes, tous les ans ; à la messe du 26 mars (2), en l'église Saint-André de Bayonne. C'était un homme extraordinaire. »
Pour les pieds-noirs d'Oranie, le souvenir de Mgr Lacaste, « évêque de la dispersion », est forcément lié à Notre-Dame de Santa Cruz, la Vierge censée avoir stoppé l'épidémie de choléra, en 1849 à Oran, grâce au « miracle de la pluie ».


D'Oran à Nîmes


La statue, qu'anime un assez gracieux monument, a été transférée en 1965 d'Oran à Nîmes, dans son nouveau sanctuaire devenu « le second lieu de pèlerinage de France après Lourdes », à en croire ses fidèles, sanctuaire comportant du reste une salle Mgr Lacaste.
Le 11 septembre dernier, à Accous, plus de 400 personnes avaient assisté à la messe pour l'ancien évêque d'Oran (de 1945 à 1973), célébrée par Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, dans ladite chapelle du cimetière.
C'est donc là que repose Bertrand Lacaste, comme les anciens curés de son village. Sa tombe se signale par une plaque mémorielle armoriée d'une mitre et d'une crosse épiscopale, dédiée au « président d'honneur de l'Amicale des pieds-noirs de la Côte Basque ».

(1) Né à Bab el Oued, Mgr Claverie était né de parents originaires du Béarn.;
(2) Journée du souvenir de la fusillade du 26 mars rue d'Isly à Alger.