Les Pèlerins 2009 de Notre Dame de Santa Cruz d'Oran
 
                 
     
   
     
         
Au milieu de l'incontournable marché des produits de là-bas, qui accueille les pèlerins de Santa-Cruz à l'approche du Mas de Mingue, dans les senteurs de la melsa frite, parmi les étals de fèves et ceux de mouna, Raymond Chayat et sa disco mobile scande l'esprit d'Oran, quelques pas de danse et la gestuelle qui va bien avec. « Jaleo, jaleo, jaleo », dit le refrain entraînant ; Jaleo, ce mot d'Andalousie qui résume l'humeur festive profane, qui traduit aussi, à la manière du fado portugais, l'indicible nostalgie de la grande ville francoalgérienne d'alors et son essence espagnole.
 
Il chante tout cela Raymond Chayat - « ma mère est d'Oran, moi je suis né en exil, à Casablanca » - chanteur et humoriste pied-noir revendiqué dont la devise pourrait être « je veux faire plaisir » et qui, de temps à autre, se fend d'une grande claque dans la main d'un ami qui s'avance sourire aux lèvres. « Il me semble bien qu'il y a plus de monde que l'an passé, peut-être que les gens ont à nouveau besoin de se souvenir et puis, c'est sûr, il y a un peu plus de jeunes », dira Raymond Chayat entre deux morceaux de son répertoire. Au 46 e pèlerinage de l'Ascension à Notre-Dame-de-Santa-Cruz, hier, on parlait ici et là, effectivement, d'un semblant de regain. Oh, rien d'extraordinaire mais, quand même, une impression de participation accrue par rapport aux dernières années, celles de l'effondrement à 10-15 000 personnes, venues certes de la France entière commémorer, prier, mais aussi se retrouver et se souvenir, alors qu'il y a une trentaine d'années le chiffre de 100 000 était communément avancé. Aujourd'hui, tandis que le pèlerin moyen a une bonne soixantaine d'années, on en serait presque à mégoter chaque millier en plus ou en moins. Et comme pour les manifs, il y a les chiffres des organisateurs et ceux de la police qui compta l'an dernier 15 000 participants quand ceux que la ferveur anime voulaient en retenir 25 000.
Après le moment fort de la journée - la grande procession du début d'après-midi, statue de la Vierge d'Oran en tête portée jusqu'au sanctuaire -, Pierre Castex, président de l'association nationale des Amis de Notre-Dame-de-Santa-Cruz, estimait cette année la participation à pas loin de 18 000 personnes. Et avait une explication à ce « petit regain » : « Cette dernière année, la Vierge est sortie quatre ou cinq fois. On l'a amenée dans la région marseillaise, en région parisienne, dans les P.-O. où encore à Frontignan, il y a un mois, où 3 000 personnes sont venues. La dernière génération de pieds-noirs est vieillissante. Beaucoup ne peuvent plus venir à Nîmes, alors, nous allons vers eux et je crois que cela a créé un phénomène de publicité. » R.B
       
     
   
     
 
       
     
Le pèlerinage de Santa Cruz à Nîmes attire de plus en plus de jeunes
"Aujourd'hui, nous avons vécu une très grande journée, un regain de ferveur, les pèlerins sont venus bien plus nombreux que ces dernières années", s'enthousiasmait Christian Perrotet, l'un des vice-présidents de l'Association nationale des amis de Notre-Dame de Santa-Cruz, à l'issue du traditionnel pèlerinage du jeudi de l'Ascension qui réunit des pieds-noirs venus de toutes les régions de France.
Nombreux, les pèlerins l'étaient puisque leur nombre a été estimé à plus de 25 000. Le pèlerinage, très empreint de piété et de solennité, était placé sous la double présidence de l'évêque de Nîmes, Monseigneur Wattebled et de Monseigneur Georger, venu spécialement d'Oran.
Cette année, on notait la présence de beaucoup de jeunes. "Ils veulent comprendre notre passé, c'est très encourageant pour notre devenir car nos anciens sont de moins en moins nombreux ", ajoutait Christian Perrotet. Les trentenaires et les quadragénaires étaient également nombreux. À l'image de Lionel Vives, 45 ans, venu de la banlieue de Toulouse, accompagner sa maman.
"Mieux connaître ce passé"
"J'étais venu, il y a une trentaine d'années, racontait-il. Il y avait une foule considérable. J'ai besoin à présent de mieux connaître ce passé et de me plonger dans mes racines, ce rassemblement y est propice. Nos parents, pudiques, parlent peu de leur vécu, mais leurs souvenirs restent intacts."
Alban Pujalte, 35 ans, originaire de Rennes, est venu avec sa même Georgette. " J'étais loin de penser voir autant de monde, c'est absolument remarquable. Je peux mieux comprendre quand ma mère et surtout ma mémé me parlent de leur là-bas et de leur quartier de la place de la Perle, à Oran. Je reviendrais. Ce passé douloureux est toujours présent chez les anciens, mais la bonne humeur pied-noir prend le pas sur la nostalgie. "
"Santa-Cruz, Nîmes, c'est toujours magique", lance Guy Montaner, du quartier de la Marine d'Oran. Le miracle de la pluie remonte à 1849 ! Cent soixante ans après, notre patronne nous réunit toujours dans une même grande ferveur. Et puis cette joie des retrouvailles est, à chaque fois, remplie d'émotion.
Et il n'y avait pas que des Oranais. Nicole Guiraud, qui fut l'une des victimes de l'attentat du " Milk Bar" à Alger, en 1956, était accompagnée de deux autres Algéroises de Bab el Oued, Josette et Monique. Algérois, oranais, Constantinois, les pieds-noirs, nous avons un même passé. C'est une merveilleuse journée d'amitié fraternelle", affirmait-elle.
Le Collectif de sauvegarde des cimetières d'Oranie, cher au président Antoine Candella, a accueilli quelques uns de ses correspondants en Algérie. " Ce sont des notables algériens qui sont venus spécialement de Relizane pour passer la journée avec nous", précisait-il.
Sous l'impulsion d'Henri jâtte de Marseille, les lycées d'Oran avaient, cette année, un lieu de rendez-vous. Quelque quarante-sept ans après l'exode, ils avaient un peu de mal à se reconnaître, mais le folklore oranais faisait le reste.
La tradition perdure, la présence constatée des jeunes est réconfortante pour les responsables. Le pèlerinage de Santa-Cruz a encore de belles années à vivre. ■
José Bueno
 
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