Cette année, on notait la présence de beaucoup de jeunes. "Ils veulent comprendre notre passé, c'est très encourageant pour notre devenir car nos anciens sont de moins en moins nombreux ", ajoutait Christian Perrotet. Les trentenaires et les quadragénaires étaient également nombreux. À l'image de Lionel Vives, 45 ans, venu de la banlieue de Toulouse, accompagner sa maman.
"Mieux connaître ce passé"
"J'étais venu, il y a une trentaine d'années, racontait-il. Il y avait une foule considérable. J'ai besoin à présent de mieux connaître ce passé et de me plonger dans mes racines, ce rassemblement y est propice. Nos parents, pudiques, parlent peu de leur vécu, mais leurs souvenirs restent intacts."
Alban Pujalte, 35 ans, originaire de Rennes, est venu avec sa même Georgette. " J'étais loin de penser voir autant de monde, c'est absolument remarquable. Je peux mieux comprendre quand ma mère et surtout ma mémé me parlent de leur là-bas et de leur quartier de la place de la Perle, à Oran. Je reviendrais. Ce passé douloureux est toujours présent chez les anciens, mais la bonne humeur pied-noir prend le pas sur la nostalgie. "
"Santa-Cruz, Nîmes, c'est toujours magique", lance Guy Montaner, du quartier de la Marine d'Oran. Le miracle de la pluie remonte à 1849 ! Cent soixante ans après, notre patronne nous réunit toujours dans une même grande ferveur. Et puis cette joie des retrouvailles est, à chaque fois, remplie d'émotion.
Et il n'y avait pas que des Oranais. Nicole Guiraud, qui fut l'une des victimes de l'attentat du " Milk Bar" à Alger, en 1956, était accompagnée de deux autres Algéroises de Bab el Oued, Josette et Monique. Algérois, oranais, Constantinois, les pieds-noirs, nous avons un même passé. C'est une merveilleuse journée d'amitié fraternelle", affirmait-elle.
Le Collectif de sauvegarde des cimetières d'Oranie, cher au président Antoine Candella, a accueilli quelques uns de ses correspondants en Algérie. " Ce sont des notables algériens qui sont venus spécialement de Relizane pour passer la journée avec nous", précisait-il.
Sous l'impulsion d'Henri jâtte de Marseille, les lycées d'Oran avaient, cette année, un lieu de rendez-vous. Quelque quarante-sept ans après l'exode, ils avaient un peu de mal à se reconnaître, mais le folklore oranais faisait le reste.
La tradition perdure, la présence constatée des jeunes est réconfortante pour les responsables. Le pèlerinage de Santa-Cruz a encore de belles années à vivre. ■
José Bueno
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