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Derrière moi, à gauche, à proximité immédiate, une mitrailleuse s'est mise à tirer. Comme tout le monde, je me suis jeté à plot ventre sur le trottoir; je suis resté couché, les soldats avaient fait de même. Je pensais qu'ils tiraient en l'air, mais derrière moi, par hasard, j'ai remarqué un homme d'une cinquantaine d'années qui rompait, le visage traversé de part en part, et couvert de sang. (externe en médecine) J'étais à deux pas d'un des militaires casqués; je lui demandai de passer. Il me dit en très mauvais français : « Retire-toi, vas te tuer, moi ! » et il me mit en joue. Nous traversions la rue d'Isly pour gagner la rue de Gueydon, quand je reçus un choc terrible dans la cuisse. Je compris que j'étais atteinte par une balle... Je criai et réussis à atteindre le trottoir. Alors quelqu'un me soutint jusque dans l'entrée d'un immeuble. (employée des Postes métropolitaine) |
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J'étais à terre, blessée. Près de moi, un petit garçon de 8 ans pleurait et me disait : « Regarde mon papa ! » Son jeune père était couché près de lui, le visage ensanglanté. Je l'ai pris dans mes bras en lui disant : « Viens, mon chéri ». Je me suis tournée pour lui cacher cette horrible vision, et c'est alors que j'ai été blessée à l'épaule. A côté de nous est morte une dame âgée. Elle m'a dit : « Dites à mon mari que je suis morte sous l'horloge de la Poste ! » (une dame âgée) Ce sont surtout les servants d'un fusil-mitrailleur et
de deux fusils qui ont tiré dans notre direction. Les tireurs étaient
adossés au mur de l'agence Havas. J'ai vu aussi deux pompiers,
debout, atteints par les balles alors qu'ils essayaient de relever des
blessés et de les abriter. |
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Au cours d'une accalmie, je levai les bras en criant : « Cessez le feu ! » Pour toute réponse, je reçus une rafale tirée à 20 mètres qui m'obligea à me rejeter à terre. Autour de moi, il y avait plusieurs personnes qui elles aussi levaient les bras et qui furent tuées ou blessées. (anonyme) Les deux assassins postés avenue Pasteur tiraient sur n'importe qui. Mari et femme à genoux, les bras en l'air, furent achevés. Moi-même, les bras en l'air, je lui clamais : « Pourquoi tirez-vous ? » Ne comprenant pas un mot de français et sans se déconcerter, il engagea un autre chargeur et me mit en joue. Dieu merci, le coup ne partit pas, car l'assassin avait mal encastré son chargeur. (anonyme) |
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