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Siège, de Bab el Oued 23 mars 1962 au 6 avril 1962 par l'armée française. La Gendarmerie mobile, les chars de l'Armée de Terre prennent position dans le quartier en état de siège. Les automitrailleuses M8 Greyhound mitraillent les immeubles et les civils, tandis que les T-6 de l'armée de l’Air mitraillent les bâtiments les immeubles et les civils.
Le 26 mars 1962 une manifestation de citoyens français, civils non armés, partisans de l’Algérie française, décidée à forcer les barrages des forces de l'ordre qui fouillaient le quartier de Bab El-Oued en état de siège, se heurta à un barrage tenu par l'armée française qui mitrailla la foule.

Trois interventions de deux députés d'Algérie à l'assemblée Nationale

 
Victime civile de la gendarmerie et des chars de l'armée de terre française à Bab el oued le 24 mars 1962.
La sauvagerie de l'intervention des gendarmes mobiles et de l'armée de terre le 28 mars 1962 à Bab el Oued.
Massacre du 26 mars 1962 rue d'Isly à Alger
Victimes de la fusillade du 26 mars 1962 rue d'Isly à Alger à la morgue de l'hopital Mustapha.
Armée Française empêche le ravitaillement des Français
du quartier de Bab el Oued et le
passage des médicaments
 

Journal Officiel N° 16 A.N. Le Numéro : 0,50 NF

Samedi 14 Avril 1962

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAIS

AFFAIRES ALGERIENNES


14915. — 14 avril 1962. — M. Vinciguerra demande à M. le ministre d'Etat chargé des affaires algériennes à quel chiffre s'élève à ce jour :

1. le nombre des victimes des fusillades du 26 mars après-midi à Alger ;
2. quel est l'âge et le sexe de chacune de ces victimes ;
3. quel est le nombre exact des victimes des fusillades intervenues dans le quartier de Bab-el-Oued entre le 22 et le 28 mars ;
4. quel est l'âge et le sexe de chacune de ces victimes.

14916. — 14 avril 1962. — M. Lauriol expose à M. le ministre d'Etat chargé des affaires algériennes qu'aux termes des accords d'Evian (déclaration des garanties, deuxième partie, chapitre Ier) les citoyens français de statut civil de droit commun résidant en Algérie dans les conditions prévues par ce texte auront le choix entre :
1. émigrer d'Algérie ;
2. continuer à y vivre avec statut d 'étranger
3. y demeurer en devenant Algérien. Aucune de ces solutions ne convenant à la majorité des intéressés qui n'a pas été consultée et qui comprend notamment quelques musulmans et tous les israélites citoyens français depuis le décret Crémieux, il lui demande en conséquence s'A n'envisage pas de profiter de l'apparente euphorie internationale provoquée par les accords d'Evian pour obtenir de l'O.N.U. que le statut d'apatride puisse être reconnu aux citoyens français d'Algérie qui le demanderont sous la garantie et la protection de l'organisation internationale.

14917. — 14 avril 1962. — M. Vinciguerra expose à M. le ministre d'Etat chargé des affaires algériennes qu'à l'occasion du bouclage  du quartier de Bab-el-Oued, de nombreuses détériorations d'immeubles, des bris de meubles, des dégradations diverses, des vols d'argent, d'objets précieux et de marchandises ont été commis. Il lui demande par quels moyens il envisage de réaliser la juste indemnisation des victimes.

14918. — 14 avril 1962. — M. Vinciguerra expose à M. le ministre d'Etat chargé des affaires algériennes que selon les déclarations des responsables du maintien de l'ordre à Alger, les sanglantes fusillades du 26 mars sont le résultat d'un plan concerté tendant à organiser des manifestations pacifiques, puis, par des provocations  intervenues à point nommé, déterminer des heurts sanglants entre la foule pacifique et le service d’ordre . Il lui demande pourquoi, dans ces conditions, et afin d’éviter le piège tendu, les autorités responsables d'Alger n'ont pas, à l’imitation de leurs homologues d’Oran dans des circonstances analogues, décrété le couvre-feu à partir de midi, par exemple, le 26 mars 1962.

14919. — 14 avril 1962. — M. Vinciguerra expose à M. le ministre d' Etat chargé des affaires algériennes que la propagande officielle place au tout premier rang les impératifs algériens la nécessité de rétablir et consolider une fraternelle entente entre la communauté musulmane et la communauté européenne. Il lui demande si, à cet égard, le moyen utilisé le 26 mars 1962 à Alger et qui consiste à faire fusiller les membres de l’une de ces communautés par les membres de l’autre lui parait marqué d'une géniale opportunité.

14920. — 14 avril 1962. — M. Marçais demande à M. le ministre d'Etat chargé des affaires algériennes : 1" s ' il est exact qu'un décret en instance de publication concernant la mise à la disposition du président de l ' exécutif provisoire, des services de la sûreté nationale et des renseignements généraux en Algérie, à fait l ' objet d' une négociation lors de la conférence d'Evian et s'il est exact que ce « document » ne saurait être modifié sans l'accord de l' organisation extérieure de la rébellion ; 2° .dans l'affirmative, s'il estime compatible avec le maintien de la souveraineté française en Algérie ce transfert à un représentant du
F. L. N. de services administratifs français chargés de la sécurité nationale intérieure et extérieure.

   
     
       
 
 

René VINCIGUERRA (1919- 1987)

• Né le 21/11/1919 à ROUIBA(ALGÉRIE)
• Décédé le 30/12/1987 à BESSE-SUR-ISSOLE (VAR - FRANCE)

VINCIGUERRA (René, Charles, Mathieu)


Né le 21 novembre 1919 à Rouiba (Algérie, Alger)
Décédé le 30 décembre 1987 à Besse-sur-Issole (Var)
Député d'Algérie (Alger-ville) de l958 à 1962

     
 

Issu d'une famille corse par son père et originaire par sa mère du Languedoc et de Minorque, ses aïeuls s'installent en Algérie où son père et son grand-père paternel sont l'un et l'autre commissaire de police à Alger, le reste de sa famille étant principalement versée dans l'agriculture.
René Vinciguerra étudie au lycée national d'Alger dont il sort bachelier et aux facultés de Droit d'Alger puis de Nice où il obtient sa licence puis son certificat d'aptitude à la profession d'avocat à la Libération, après avoir, entretemps, été placé près de cinq ans sous les drapeaux.

Il rejoint en 1941 le réseau d'Henri d'Astier de la Vigerie.
Interné du 21 novembre 1941 au 21 avril 1942, il participe ensuite aux opérations préparatoires au débarquement allié en Afrique du Nord. Il rallie alors les FFL et combat aux côtés de la première division des Français libres lors des débarquements en Italie et en France.

Il a alors acquis le grade d'adjudant-chef des Corps-francs.

A son retour en Algérie, il se marie le 19 octobre 1945 à Gabrielle Perroche dont il a deux filles, et rejoint ensuite en qualité d'adjoint le directeur du service des anciens militaires et combattants et victimes de guerre auprès des gouverneurs généraux successifs de l'Algérie du 20 juin 1948 à son élection à l'Assemblée nationale.
Ne faisant pas mystère de sa sensibilité gaulliste comme de son adhésion aux options défendues par le général en matière algérienne, il est devenu à partir de 1956 secrétaire général des Républicains sociaux d'Alger.

Il est en outre administrateur civil au service de la législation et du contentieux puis fut membre du cabinet « algérien » du général de Gaulle au sein du ministère de la défense nationale de juin à octobre 1958.

Membre influent du Comité de vigilance dont il est le secrétaire général en 1958, il est l'un des rédacteurs de la « proclamation du 13 mai » et des principaux responsables du Comité de Salut public.
A l'automne, alors qu'une partie des membres parmi les plus durs du Comité déclarent leur prise de distance vis-à-vis du nouveau chef du gouvernement, René Vinciguerra réaffirme avec d'autres gaullistes son attachement aux orientations et aux premières décisions du général de Gaulle.

Candidat aux élections législatives du 30 novembre 1958 en deuxième position sur la liste « Algérie française » conduite par Pierre Lagaillarde, il est l'un des deux élus de la première circonscription d'Algérie. Sa liste recueille en effet 47 527 des 127 174 suffrages exprimés, soit 37,4% des voix, et devance la liste UNIR d'Auguste Arnould qui n'a rassemblé que 32,1% des suffrages.

A l'Assemblée, il s'inscrit le 9 décembre 1958 à la Formation administrative des élus d'Algérie et du Sahara devenue le 21 juillet 1959 groupe Unité de la République puis, l'année suivante Regroupement national pour l'unité de la République.

Il est nommé membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République. Il dépose une proposition de loi portant réorganisation administrative de la République. Il intervient par ailleurs à quatre reprises en séance publique. Lors de la discussion des crédits des services civils en Algérie pour 1960, il reproche à Michel Debré, le 25 novembre 1959, de refuser d'appliquer la politique algérienne définie et préconisée par Guy Mollet.

Il redoute que la France ne s'achemine vers une « fausse paix » et insiste sur la « nécessité absolue d'une reddition après les entrevues proposées aux chefs de la rébellion ». Le 29 juin 1961, René Vinciguerra prend part au débat sur la déclaration du gouvernement relative aux problèmes algériens.
Il prédit l'échec inéluctable des négociations avec le FLN, « le FLN étant ce qu'il est et ne pouvant consentir au moindre déguisement d'une victoire qui constitue sa raison d'être ». Il prône en outre l'armement de tous les habitants d'Algérie à titre défensif.

Il intervient par ailleurs lors de la discussion du budget des Affaires algériennes pour 1962, le 8 novembre 1961. Il dénonce à cette occasion le recul du pouvoir face au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), la propagande faite par le gouvernement contre l'Algérie française, les internements et les arrestations abusives d'Européens, notamment dans le camp de Djorf, les abus en matière de garde à vue, les tortures exercées sur des citoyens n'ayant pas été inculpés et salue enfin l'union au sein de l'OAS des Algériens voulant rester Français.

Il prend enfin la parole lors de la discussion sur la motion de censure du 5 juin 1962 qu'il vote. Il critique une fois encore la situation en Algérie en des termes extrêmement durs : « Ainsi, la France va se retirer d'Algérie en pleine victoire, celle que le pouvoir aura remportée sur l'Algérie française et sur les Français de là-bas. [Le gouvernement] y aura mis le prix et les moyens.
Le prix, c'est celui de l'honneur, de la parole trahie, de l'alliance avec l'ennemi contre les partisans de la France ; les moyens, ce sont ceux de la répression brutale, aveugle et collective. Ce sont les civils désarmés, massacrés bestialement, le 26 mars à Alger.

Ce sont les propos d'un nazisme frénétique annonçant la dure répression, même de l'omission ; ce sont 123 ménagères étendant leur linge posément ajustées et glorieusement abattues... ».

Il poursuit son propos en pointant les difficultés d'application des accords d'Évian et la nécessité de la création de zones de regroupement en Algérie.

Durant cette première législature de la Ve République, il accorde sa confiance au gouvernement Debré le 16 janvier 1959 mais ne prend pas part au vote du 15 octobre suivant, il vote le règlement définitif de l'Assemblée nationale. Il se prononce en faveur du projet sur l'enseignement privé, s'oppose au vote des pouvoirs spéciaux ou à la réforme du titre XII de la Constitution permettant l'accession des Etats de la Communauté à l’indépendance sans la quitter et prévoyant que cette Communauté sera désormais exclusivement conventionnelle et vote contre l'investiture du gouvernement Pompidou.

Retiré de la vie politique, René Vinciguerra s'installe dans un premier temps en Dordogne où il devient éleveur de septembre 1962 à juillet 1972.

Il décide ensuite de s'inscrire au barreau de Draguignan où il exerce la profession d'avocat jusqu'en décembre 1982.

Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire, croix de Guerre 39-45, René Vinciguerra était également titulaire des médailles de la Résistance, des internés de la Résistance, des combattants volontaires de la Résistance ou encore de la France libre.