« L'ignorance est un crime quand elle est le résultat de l'indifférence pour la Vérité. Ecoutez donc, lisez, profitez, réfléchissez et travaillez, dans le respect des seules Vérités ; alors oui, vous en serez pleinement satisfait »
Monsieur le Président local de la FNACA, Messieurs les membres du comité départemental. Messieurs les signataires de l'article en question,
Je viens, vers vous, après votre réponse apportée au reportage consacré, par le Dauphiné Libéré, au massacre de civils innocents, par une unité de l'armée française, le 26 mars 1962, à Alger.
Fernand GERBY, mon oncle, figurait au nombre des dizaines de victimes décomptées, après ce carnage. Plusieurs dizaines de victimes que vous n'osez pas ou ne voulez pas 'comptabiliser' comme suit :
- celles du jour même,
- celles décédées, par la suite, consécutivement aux monstrueuses blessures occasionnées,
- celles dont les corps ont été soustraits aux familles, toujours, par des militaires, dans la nuit du 26 au 27 mars, pour être enterrés, 'à la sauvette', dans plusieurs cimetières d'Alger.
Nombre sur lequel, aussi, vous manifestez un absurde procès mais, ceci, sans surprise, dans la continuité de vos illusions.
Ainsi, selon votre pittoresque démonstration, c'est l'OAS qui est à l'origine de l'assassinat de tous ces martyrs, dont mon Oncle.
Alors, dissertons, quelques lignes, sur votre spéculation.
Au demeurant, vous êtes détenteurs d'une carte d'ancien combattant.
Encore, faut il préciser, à tout destinataire de ce courrier « que dans une forme juridique la plus simplifiée, 'cette fameuse carte est attribuée à l'ancien combattant ayant servi en Afrique du Nord, à condition d'avoir été présent durant 4 mois ou 120 jours entre le 31 octobre 1954 et le 2 juillet 1962. pour l'Algérie' ».
Ce statut et sauf à ne pas remplir de telles conditions d'octroi, aussi rigoureuses et sauf à avoir rejeté le port de l'uniforme, du drapeau tricolore, d'une arme et de son utilisation vous a, donc, imposé d'être militaire, sur un terrain de guerre.
Militaire, maniement et instruction des armes vont ensemble et sauf à déconsidérer tout ce que vos instructeurs ont pu vous apprendre, alors, oui, les tireurs de l'OAS sont de sacrés virtuoses de la gâchette, doublés d'une extraordinaire maîtrise et de plus détenteurs d'un exceptionnel équipement militaire.
Car abattre des civils, au moyen d'armes lourdes, à grand rayon d'action, à partir des toits et des terrasses, (tout en récupérant, minutieusement, chaque douille, car aucune ne fut trouvée, sur ces lieux, au terme de la fusillade) ceci, sous couvert des militaires, gendarmes et autres amis barbouzes, observateurs se trouvant sur ces mêmes lieux, sans tuer ni blesser un seul militaire, relève, tout simplement d'une admirable dextérité ou tout simplement, chez vous, d'un fantasme né d'une école d'endoctrinement politique plutôt que d'une école militaire.
Et quelles explications donnez vous à l'exécution, à bout portant, ou, par traitrise, dans le dos, de certains de nos martyrs ; sans doute des balles perdues en provenance de ces fameux toits et terrasses ! ! ! ! !
Peut être que seuls, des tireurs de l'OAS, infiltrés, cette fois-ci, aussi, parmi les manifestants, se sont livrés à cette basse et vile besogne scélérate, devant témoins.
Ah, comme vous, je m'y perds ! ! ! ! !
J'oublie, la présence de vos frères d'armes, ces fameux éléments du 4ème RTA.
Sans doute, tout simplement, eux aussi, des observateurs indifférents et des acteurs passifs, uniquement, là, pour justifier l'expression : « la fleur au fusil ».
Quant à l'exceptionnel équipement militaire détenu par l'OAS, n'est il pas celui que vos camarades, voire vous-même, ont recherché, pendant plusieurs jours, dans le quartier de Bab El Oued, tout en se livrant à de répugnantes scènes sanglantes et de pillages, parmi les habitants de ce quartier, dans une démesure totale, aidés, en cela, par l'aviation et les blindés.
Est-ce à dire que la vingtaine de morts, européens dont deux enfants, décomptés, au terme du passage des forces armées, n'a servi à rien car si ces armes lourdes avaient été récupérées, il n'y aurait, alors, pas eu de meurtres, dans la rue d'Isly ! ! ! ! !
Encore une fois, votre théorie est infâme.
Quoique vous en pensiez, mémorisez bien et faites le savoir, au contraire de vos spéculations, que le 26 mars 1962 est un événement historique honteux et doit, à ce titre, être défini comme un crime contre l'humanité, comme la plus infâme et la plus lâche fusillade de l'histoire de France contemporaine, comme un immonde massacre d'innocents civils, non armés, perpétré par des soldats portant l'uniforme et des armes français.
Jamais une Nation n'a commis un tel crime envers ses nationaux.
C'est, là, la seule certitude incontournable.
Il vous faut laisser, de côté, sur ce sujet, votre approche sectaire et votre doctrine idéologico-politique.
Vous n'avez aucune connaissance ou compétence, pour disserter sur ce crime d'État dont, seuls, des militaires français et Charles De Gaulle, leur guide suprême, portent l'entière responsabilité.
Vouloir traiter de cette tuerie n'est pas permis à tout le monde car il est trop facile de donner, à cet assassinat de masse, comme, d'ailleurs, vous l'avez si bien fait, une interprétation 'grotesquement historique'.
Votre caricature des événements tragiques de cette terrible journée a, déjà, été mise à défaut par un grand nombre d'experts, y compris militaires dont, au demeurant, vous ne faites pas partie.
Pour terminer ce sujet, j'espère que Monsieur Maurice PASCAL vous a tenu destinataire des conclusions consécutives, à cette boucherie, tirées, dans le dernier numéro de Paris Match, par François Pédron, journaliste, historien du XVle siècle et écrivain français.
C'est pourquoi, face au constat que vous ne représentez que le vide et la méconnaissance de l'histoire de notre Pays, je clos ce tragique souvenir.
Maintenant, permettez-moi, de reprendre, d'autres événements inclus dans le reportage consacré, à ma demande, par le Dauphiné Libéré et au titre desquels votre silence m'a frappé.
Pourquoi taire cette funeste période de l'après 19 mars 1962 au titre de laquelle certains militaires français et le pouvoir gaulliste portent la responsabilité de tant d'hécatombes.
Commençons, avant tout, par la date du 19 mars, si chère à la FNACA et aux terroristes du FLN, date des « pseudos accords d'Evian et du cessez le feu »!!!!!
Commémorer le 19 mars, comme vous le faites, c'est célébrer une date funeste, véritable jour de honte, pour notre Pays, c'est faire insulte à la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires et à leurs familles, c'est cracher sur tous les morts de l'après 19 mars 1962.
Que pensent, aujourd'hui, les familles de ces jeunes français de métropole qui ont offert leur vie pour répondre à l'appel de la République face à l'état de guerre, du choix de cette date fêtée, en Algérie, comme le symbole de la capitulation politique de la France.
En résumé « c'est, tout simplement, manifester sa soumission totale envers l'ennemi ». C'est humilier les combattants français qui ont, militairement, gagné cette guerre.
C'est indigne de camarades combattants qui oublient les quelques 300 soldats français prisonniers du FLN, à cette date et pour lesquels le pouvoir gaulliste d'alors n'a rien fait.
Comme il est indigne de faire croire que le cessez le feu unilatéral du côté français a été un arrêt des combats et des horreurs, chez nos adversaires terroristes.
Retenons, maintenant, parmi tant, deux monstruosités, des lendemains du 19 mars.
L'abandon des soldats Français Harkis et leurs familles qui furent livrés au génocide le plus barbare de l'Histoire de France.
Qui d'entre vous a trahi les ordres du pouvoir gaulliste et ou de ses supérieurs quand il a fallu les désarmer pour mieux les livrer à leurs futurs bourreaux ?
Qui d'entre vous est sorti de son cantonnement pour les secourir tant leurs souffrances rapportées étaient horribles de cruauté ?
Qui d'entre -vous a trahi les ordres du pouvoir gaulliste et ou de ses supérieurs pour assurer leur survie et leur rapatriement sur une terre qui leur devait tant ?
Le je-m'en-foutisme et l'inaction des soldats français demeurés, dans leurs casernes, l'arme aux pieds, sur commandement de l'admirable et fidèle général Katz alors que des milliers de civils étaient sauvagement assassinés, le 5 juillet 1962 et les jours suivants, à Oran.
Qui d'entre vous a trahi les ordres du pouvoir gaulliste et ou de ses supérieurs pour prendre la direction d'un lieu de déportation et d'exécution sommaire, pour les européens, situé, à Oran, au quartier du Petit Lac ; à proximité immédiate d'une caserne française ?
Qui d'entre -vous a trahi les ordres du pouvoir gaulliste et ou de ses supérieurs pour secourir des familles entières d'européens suppliciés dont les cris d'horreur et d'épouvante arrivaient aux oreilles des militaires français et couvraient le son du clairon, chaque jour à la levée des couleurs françaises ?
Qui d'entre-vous a trahi les ordres du pouvoir gaulliste et ou de ses supérieurs pour
QUI?
QUI ?
QUI?
J'arrête là car la question c'est de ne pas demander trop c'est de demander juste.
Mes propos, dans le Dauphiné Libéré, en ce cinquantième anniversaire de ce drame, avaient, pour seul but et uniquement cela, de rappeler, à tous, devoirs de mémoire et responsabilité.
Votre réponse, dans le Dauphiné Libéré, en ce cinquantième anniversaire, a eu, pour seuls effets, ceux de fuir mémoire et réalité, cette dernière, certes détestable, mais réalité quand même.
C'est là, ma conclusion.
Veuillez agréer mes sincères salutations.Pierre GERBY
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