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Nos morts du 26 mars 1962
Le combat exemplaire de Nicole Ferrandis
 

Depuis des années, Nicole Ferrandis se bat pour l’inscription des victimes du massacre du 26 mars 1962 rue d’Isly à Alger. Il semble que son combat exemplaire va finir par payer. Le 26 mars prochain, les noms de nos morts d’après le 19 mars 1962, à savoir le prétendu « cessez-le-feu » de la FNACA, du PC et du FLN, devraient être inscrits sur le monument du Quai Branly.
Nous savons que certains maximalistes, pour des raisons que l’on peut comprendre, sont opposés à cette initiative au motif que les noms des morts de la résistance Algérie française ne seront pas inscrits sur ce monument. Ils ont tort. Parce que Nicole Ferrandis, en obtenant – pour commencer – l’inscription des morts d’après le 19 mars, a obtenu une grande victoire : la désintégration du mythe d’un « cessez-le-feu ». Après lequel il y eut dix fois plus de morts que pendant tous les événements d’Algérie de novembre 1954 au 19 mars 1962.
Il y a quelques années, on avait proposé à Nicole Ferrandis que les noms de ces morts d’après le 19 mars soient inscrits dans un cimetière :
— J’avais refusé, rappelle telle. Je veux que nos martyrs soient en pleine lumière et non pas cachés. Je veux que les autorités s’inclinent. Je veux que le passant s’interroge. Je veux que nos morts portent témoignage pour l’Histoire.
Il faut comprendre que ce n’est pas un « cadeau » du gouvernement mais seulement le résultat d’un combat, une avancée majeure après quarante-huit ans de lutte pour notre communauté.
La meilleure preuve que c’est une victoire, on la trouve dans la fureur de la FNACA qui multiplie les communiqués haineux pour que les noms de nos morts ne soient pas inscrits sur le monument du Quai Branly : « La FNACA exprime les plus expresses réserves sur l’opportunité d’inscrire sur le  Mémorial national de la guerre d’Algérie du Quai Branly les noms des victimes de la fusillade (sic) du 26 mars 1962 alors qu’il existe un monument spécifique des rapatriés sur la butte du Chapeau-Rouge à Paris. Erigé en concertation avec les anciens combattants en Afrique du Nord, dont la FNACA est l’association la plus représentative [à voir…], ce Mémorial national [du Quai Branly] ne peut accueillir les noms des victimes civiles d’une manifestation OAS interdite sans aucune discussion préalable ! »
Combat perdu pour la FNACA. Secrétaire d’Etat à la Défense, Hubert Falco s’est prononcé sur le sujet – et il ne pourra revenir en arrière :
«Nous avons décidé d’inscrire sur la colonne centrale du monument national du Quai Branly le nom des civils français, victimes innocentes de la guerre d’Algérie.
Les premiers noms seront ceux des femmes et des hommes tués lors de la tragédie de la rue d’Isly. Puis nous instruirons, avec méthode, au fur et à mesure des demandes, l’inscription des noms de toutes les victimes civiles innocentes de cette guerre. Ainsi, sur ce monument, la nation rendra hommage à ses soldats, comme aux Français morts rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962 et à tous nos compatriotes, victimes civiles de la guerre d’Algérie. Nous le devons aux familles des victimes. Nous le devons à ces femmes et à ces hommes, morts parce qu’ils n’avaient qu’un seul rêve et un seul espoir : continuer à vivre là où ils étaient nés. » Le 26 mars prochain, Quai Branly, nous serons aux côtés de Nicole Ferrandis qui est un exemple pour nous tous.
In Présent - Alain Sanders - mercredi 3 mars 2010