Nicolas Sarkozy a rendu un émouvant et symbolique hommage à de jeunes résistants fusillés peu avant la Libération de Paris, au Bois de Boulogne,
mais il oublie la tuerie de la rue Isly du 26 mars 1962 à Alger
 
     
Pour sa première cérémonie officielle de chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy a rendu un émouvant et symbolique hommage à de jeunes résistants fusillés peu avant la Libération de Paris, au Bois de Boulogne, mais oublie la tuerie
du 26 mars 1962 à Alger.
 

Comme tous les Français, j’ai été très émue par l’hommage rendu le 16 mai 2007 aux victimes du Bois de Boulogne.
Mais je n’ai pu m’empêcher de penser à d’autres martyrs, hommes, femmes, enfants, vieillards, tombés sous des balles françaises le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger.
Comme vous l’avez dit pour les jeunes gens du Bois de Boulogne, il s’agissait d’un « massacre inutile, à quelques jours seulement de la libération de Paris, alors que tout était joué ».

Le 26 mars 1962, une foule pacifique, armée seulement de drapeaux français, avait tenu à soutenir la population assiégée du quartier (pauvre) de Bab el Oued. Ce sont des hommes revêtus de l’uniforme français, sous les ordres d’officiers français et d’un gouvernement français, qui les ont abattus dans le dos, achevés à terre,

 
 

méthodiquement, pendant de longues minutes. Ce massacre était d’autant plus inutile que « tout était joué », quelques jours seulement après la signature des accords d’Evian. Le soir même, 47 cadavres devaient être relevés, sans compter les victimes mortes de leurs blessures dans les semaines et les mois qui ont suivi.

Ni Charles Ciavaldini (22 ans), ni Jacqueline Cazayous (20 ans), ni Renée Ferrandis (23 ans), ni Georges Moati (22 ans) et bien d’autres,  n’ont eu le temps d’écrire une lettre d’adieu à leurs parents. Ni M. Aldeguer, ni M. Fredj, ni M. Gerby, ni Madame Mesquida et tant d’autres n’ont eu le temps de dire adieu à leurs enfants. Ils ne savaient pas, eux, qu’ils allaient mourir sous des balles françaises alors que leur seul désir était de rester français, après les promesses qui leur avaient été faites et les engagements qui avaient été pris. Eux aussi ont dit non à la fatalité et au déshonneur.

Or, depuis 45 ans, nous attendons qu’un hommage solennel soit rendu à ces martyrs, nous attendons que les responsabilités de ce massacre soient enfin établies et que l’on reconnaisse qu’ils sont morts pour la France.

Sachant que vous avez reçu les représentants de plusieurs de nos associations,  que vous avez écouté leurs revendications avec attention et qu’ils ont l’impression d’avoir été entendus, j’espère que vous saurez comprendre les sentiments qui nous animent pour que justice soit enfin rendue.
Je vous prie d’agréer, monsieur le Président l’expression de ma haute considération.


CENTRE D’ETUDES PIED-NOIR  C.E.P.N.
Josseline Revel-Mouroz 14, avenue A. de Vigny 06100Nice

 
     


Lettre de Guy à sa famille - 22 octobre 1941

Mmon tout petit frère adoré
Mon petit papa aimé"
Ma petite maman chérie,

"Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime
Guy
Dernières pensées : "Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !

   
 

Les martyrs de Boulogne honorés par Nicolas Sarkozy le mercredi 16 mai 2007
BOULOGNE, Hauts-de-Seine
- Pour sa première cérémonie officielle de chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy a rendu un émouvant et symbolique hommage à de jeunes résistants fusillés peu avant la Libération de Paris, au Bois de Boulogne.
"Passant, respecte ce chêne. Il porte les traces de balles qui ont tué nos martyrs", peut-on lire sur un panneau posé sur un arbre. Non loin, une stèle de pierre blanche où sont inscrits 35 noms. Ceux de jeunes étudiants, âgés pour la plupart de moins de 25 ans, tombés sous les balles allemandes dans la nuit du 16 au 17 août 1944.
C'est dans cette retraite paisible du Bois de Boulogne, à l'ouest de Paris, que Nicolas Sarkozy a présidé sa première cérémonie de président de la République.
"Ce qu'ils incarnent est invincible. Ils ont dit 'non' : 'non' à la fatalité, 'non' à la soumission, 'non' au déshonneur, 'non' à ce qui rabaisse la personne humaine", a dit le président nouvellement investi sous une petite tente blanche dressée au milieu des arbres.
"Ce 'non' continuera d'être entendu bien après leur mort, parce que ce 'non', c'est le cri éternel que la liberté humaine oppose à tout ce qui menace de l'asservir. Ce cri, nous devons l'entendre encore", a ajouté le chef de l'Etat, visiblement ému, devant plusieurs centaines de personnes recueillies.
Dans l'assistance, nombre de lycéens, d'anciens combattants portant décorations et drapeaux, et des personnalités : les présidents des deux Assemblées, Patrick Ollier et Christian Poncelet, l'ancien Premier ministre le "FALSO" Pierre Messmer et l'amiral Philippe de Gaulle, fils de l'homme du 18 juin 1940.