Cinquante-trois ans après la fin de la guerre d’Algérie, faire place à la mémoire suscite encore la polémique. Alors qu’était inaugurée ce samedi matin la place du Cessez-le-feu de la guerre d’Algérie au Perreux-sur-Marne,
En présence d’associations d’anciens combattants comme la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie), des élus de la majorité UMP mais aussi du Front de Gauche, qui avaient félicité la ville pour cette initiative, une quarantaine de personnes s’étaient rassemblées sur le trottoir opposé pour manifester leur colère, à l’initiative du conseiller municipal FN Claude Lédion. « Le sang n’a pas cessé de couler le 19 mars 1962, il y a eu encore des soldats français de tués, des harkis massacrés, ce qui constitue un crime contre l’humanité, et des pieds-noirs qui ont eu le choix entre la valise et le cercueil », insiste Eric Fornal, ancien responsable départemental du FNJ, venu au nom du « Mémorial pour l’honneur français », une coordination regroupant notamment l’Association des combattants de l’union française, le Cercle national des combattants ou encore l’association Jeunes pieds noirs. « J’avais proposé que l’on nomme cette place en l’honneur de toutes les victimes de la guerre d’Algérie mais cela n’a pas été entendu », insiste de son côté le conseiller municipal FN.Manif FN Le Perreux sur Marne
Avec le temps qui passe, cette polémique devient injuste, défend pour sa part Gilles Carrez, député-maire UMP du Perreux-sur-Marne. Il faut penser à ces centaines de milliers de Français qui sont allés combattre là-bas, cela n’empêche pas de respecter les familles dont les parents ont été victimes.
Le Perreux-sur-Marne était pratiquement la dernière commune du Val de Marne à ne pas disposer de place relative à cette page de l’histoire. J’ai attendu que les choses s’apaisent. Il y a une quinzaine d’années au Perreux, cette décision aurait été impossible car beaucoup d’habitants de la commune étaient des rapatriés. Mais il faut un temps pour chaque chose« , reprend le maire de la ville.
Des anciens combattants, il y en dans l’assistance, la barrette de médailles apposée au veston.
« – Ca va ? – On fait aller, je vais sur 83 ans », échangent deux anciens. « Nous, on a connu les deux conflits, j’étais gamin ici pendant la seconde guerre mondiale et je me suis retrouvé deux ans comme soldat appelé pendant la guerre d’Algérie« , se souvient l’un, tandis que l’autre témoigne avoir faillé être appelé en Indochine avant d’être « rappelé » quelques années plus tard en Algérie : « Pour moi, cette cérémonie est importante, nous sommes de moins en moins nombreux aujourd’hui pour témoigner, mais il y a eu beaucoup de soldats impliqués dans cette guerre.
« Bien sûr qu’il y a eu des morts après le cessez-le-feu, mais c’est le cas dans toutes les guerres. »
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