La Ville de Nice ne commémorera pas la loi nauséabonde du 19 mars, d'Alain Néri.

   
 
 
 

La Ville de Nice ne commémorera pas le 19 mars.
Le vendredi 22 février 2013, le député-maire UMP Christian Estrosi a réuni les représentants des associations d'anciens combattants et de rapatriés au Centre universitaire méditerranéen pour annoncer qu'il s'opposera à l'application d'une circulaire préfectorale.
Dans ce courrier daté du 19 février, le préfet rappelle à tous les maires des Alpes-Maritimes que la loi "du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars, Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc."

 
 
En conséquence, "une cérémonie doit être organisée au chef-lieu du département ou au monument AFN départemental, le cas échéant" et "les bâtiments publics doivent être pavoisés."
Il n'en est pas question pour Christian Estrosi : "Je ne me plierai pas aux recommandations de cette circulaire et la Ville de Nice ne sera pas pavoisée."
Le maire se dit "prêt à supporter toutes les conséquences" que son insoumission pourrait entraîner.
Une loi nauséabonde du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars comme " journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". "Je ne me plierai pas aux recommandations de cette circulaire. De la même manière, aucune cérémonie ne sera organisée dans la ville le 19 mars", a déclaré le maire de Nice devant un public conquis.
" La signature des accords d'Evian, respectés unilatéralement par la France, marqua le début d'enlèvements et du massacre de plus de trois mille civils européens et soixante mille harkis ", a-t-il souligné.
Christian Estrosi, ainsi que d'autres élus UMP, estiment que la date du 19 mars est inappropriée car elle ne représente pas la fin des violences et que "le nombre de victimes et de disparus s’est amplifié après le 19 mars 1962".
Rapatriés et harkis ont exprimé leur hostilité à ce texte de loi.
Discours de Christian Estrosi
22 février 2013 au CUM de Nice

 

Mesdames et messieurs les présidents et membres d’associations de Rapatriés et de Harkis et du monde combattant, Chers amis,
J’ai bouleversé mon programme de ce jour à réception de la circulaire aux Maires du département des Alpes-Maritimes relative au 19 mars.
Par ce document, le Préfet rappelle que la loi du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars : Journée nationale du Souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
Il demande que les bâtiments publics soient pavoisés.
Cette demande nous heurte toutes et tous profondément et c’est la raison pour laquelle je vous ai réunis en urgence.
Vous le savez, dès que j’avais eu connaissance de la proposition de loi émanant du groupe socialiste au Sénat, j’avais dénoncé par un communiqué de presse du 12 octobre dernier  cette démarche qui nous blesse.
Je m’élevais contre un tel projet qui avait pour conséquence de diviser la communauté nationale. Je rappelais avec force que le nombre de victimes et de disparus s’est amplifié après le 19 mars 1962.
J’appelais en votre nom, dans ce communiqué les plus hautes autorités de l’Etat à mesurer les conséquences que comporterait l’adoption de la proposition de loi du groupe socialiste du Sénat et à renoncer à cette initiative nuisible en termes de respect de la cohésion nationale, en la retirant sans tarder de son ordre du jour.
Nous n’avons hélas pas été entendus. Mais je veux vous dire avec force que je ne me plierai pas aux recommandations de cette circulaire et que la Ville de Nice ne sera pas pavoisée.
De là même manière, aucune cérémonie ne sera organisée par la Ville le 19 mars.
Je sais qu’en disant cela, je prends un risque ! Et bien ce risque, je le prends et je l’assume.
Dans ce combat, je suis et serai à vos côtés, comme je l’ai toujours été.
Pendant l’année de Cinquantenaire du Rapatriement des Français d’Algérie, j’ai voulu que la mémoire de ces évènements douloureux soit enrichie de multiples apports.
Avec les associations de Rapatriés et de Harkis, nous avons organisé, tout au long de cette année 2012, une commémoration exemplaire d’objectivité et de vérité.
Dès le 11 novembre 2011, j’ai souhaité que soit rendu un véritable hommage à l’Armée d’Afrique, dont tant de combattants versèrent leur sang, au cours des deux guerres, pour que la France soit un pays libre aujourd’hui.
Auparavant s’était tenu à mon initiative, au mois de juin 2009, un colloque sur les Disparus. Ce fut un moment  d’intense émotion, où les vérités trop longtemps cachées furent enfin dites.
Les thèmes du peuplement de l’Algérie, des Accords d’Evian, des évènements tragiques du 5 mars 1962, des Harkis, de l’Exode, et bientôt du contingent et de l’armée viennent compléter ce travail exigeant et nécessaire.
Désormais, une œuvre commémorative à la Mémoire des Français d’Algérie, mais aussi du Maroc et de la Tunisie, se dresse sur la Promenade des Anglais, face au Centre Universitaire Méditerranéen.
Elle vient rappeler que  nos compatriotes durent quitter l’Algérie dans la douleur et qu’ils ont tenu et tiennent encore, par l’action de leurs enfants et petits enfants, un rôle majeur dans le développement de notre Ville, de notre Métropole, de notre Département, de notre Pays.
Le 5 juillet 2012, deux offices à la Mémoire des Victimes et des Disparus ont été célébrés à Nice, l’un à l’église Saint Pierre d’Arène et l’autre à la grande synagogue de la rue Deloye.
Un peu plus de cinquante ans après les tragiques évènements d’Oran et, disons le mot : le massacre du 5 juillet 1962, comment supporter que l’on nie la vérité la plus élémentaire ? Car il y eut encore beaucoup de morts et de disparus après la date du 19 mars 1962.
La signature des Accords d’Evian, respectés unilatéralement par la France, marqua le début d’enlèvements et du massacre de plus de trois mille civils européens et de soixante mille harkis.
La date du 5 décembre représentait, depuis l’année 2003, la journée nationale d’hommage aux morts de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie.
Le choix du 19 mars constitue pour le monde combattant et les Rapatriés un véritable déni de vérité. Elle représente pour nos amis Harkis le début d’un calvaire dont nous savons tous maintenant qu’il fut horrible.
C’est la raison pour laquelle j’ai voulu marque notre désapprobation la plus totale quant à cette démarche qui divise le pays et jette le trouble sur des évènements douloureux qui n’appellent rien d’autre que le Respect, la Mémoire et la Vérité.
Je défendrai à toujours vos côtés la démarche  de vérité qui est la nôtre. Je vous le dois, et nous tous le devons aux Victimes et aux Disparus.
Car nous ne les oublierons jamais.

 
Communiqué

Christian Estrosi, Député-maire de Nice, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur et nombre d’associations de Rapatriés et du monde Combattant (1) s’associent dans leur refus de voir pavoiser les bâtiments publics de la Ville de Nice le 19 mars prochain.

Une circulaire préfectorale du 19 février 2013 rappelle que la loi n° 2012-1361 du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars « Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc », et demande que les bâtiments publics soient pavoisés.

Christian Estrosi et les associations rappellent que le choix de cette date constitue pour le monde Combattant et les Rapatriés un déni de vérité. En effet, la signature des Accords d’Evian, respectés unilatéralement par la France, marqua le début d’enlèvements et du massacre de milliers de civils européens et de Harkis.

Le Maire de Nice et les membres des associations ont tenu à se rassembler ce 22 février 2013 devant l’œuvre commémorative dédiée à la mémoire des Français d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, implantée face au Centre Universitaire Méditerranéen de Nice. Ils ont unanimement exprimé leur volonté qu’aucune cérémonie ne soit organisée à cette date au chef lieu du département, dont les bâtiments publics ne seront pas pavoisés.

(1) Parmi ces associations, on compte notamment

- l’Union nationale des Combattants
- les Amitiés Algéroises de la Côte d'Azur
- l’Associations des Béni-Safiens
- L’amicale des Français du Maroc
- la Fédération Unitaires des Rescapés et Réfugiés
- L'Amicale des Enfants d'El-Biar
- la délégation départementale du Cercle algérianiste
- le Collectif régional des associations harkis
- Les Enfants du Monde 06
- le Comité de Sauvegarde des Cimetières Oranais,
- les Anciens de Notre Dame de Santa Cruz,
- Harkis- Honneur-Histoire,
- Souviens-toi : Algérie-Tunisie-Maroc
- l’Amicale des Enfants d'Hussein Dey
- la délégation départementale du Centre de Documentation Historique de l'Algérie 06
- l’Union des Pieds-Noirs et Harkis…

 
 

« Le gouvernement nous souille encore »

William Tapia-Lopez, président du
« Collectif des associations de rapatriés »

« Je suis heureux que M. Estrosi soit à nos côtés car le gouvernement nous souille encore. Avec cette décision, l’Etat saut la mémoire de ceux qui sont morts après le 19 mars. Il n'y a jamais eu de cessez-le-feu à cette date, c'est ridicule ! À mon avis, c'est la Fnaca [Fédération nationale des anciens combattants d'Afrique-du-Nord] qui veut faire cette commémoration. Et ce Monsieur Hollande a beaucoup de choses à apprendre. »

   
 

« On ne l'acceptera jamais »

Areski Amrani, un des représentants du
« Comité régional des harkis »

« Cette commémoration me choque parce que le 19 mars, ce sont les accords d'Evian. La fin de la guerre, elle, s'est faite bien après. Alors cette date, on ne l'acceptera jamais. Et on se battra aux côtés de M. Estrosi. C'est un homme qui a fait énormément de choses pour les pieds-noirs et les harkis. D'ailleurs, je ne vois pas beaucoup d'autres personnes qui s'engagent autant. »

 

« Ne pas oublier le massacre du 5 juillet 1962 à Oran »

Gérald Léger, président de la délégation 06 du « Centre de documentation historique de l'Algérie » « Historiquement parlant, ça n'est pas possible de célébrer la fin de la guerre d'Algérie à cette date. On ne peut pas oublier le 5 juillet 1962 , à Oran, où plusieurs centaines de Français ont été massacrés. Le maire est très courageux de s'opposer. En prenant cette décision, il prend des risques mais nous apprécions tous sa position. En espérant que bien d'autres le suivent. »

 
     
 

Le gouvernement propose une célébration, non pas des accords, mais du cessez-le-feu et appelle à célébrer la mémoire des victimes des deux camps
Malheureusement ce ne fut la fin de la guerre que dans les mots, en grande partie à cause du FLN (exécution de dizaines de milliers de harkis) et du terrorisme aveugle des forces illégales de l’OAS.
Je l’ai voté, ce fut un immense soulagement.
La loi du 6 décembre instaurant le 19 mars comme « journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires » des guerres du Maghreb, ne distingue ni bon, ni méchant. Ce tribut à tant de morts n’a que trop tardé.
 
 

La loi instaurant le 19 mars 1962 comme journée nationale de commémoration, après des débats houleux, a été adoptée. Elle est devenue une loi de la République qui doit s appliquer partout sur le territoire de la République et y compris à Nice.
Le refus du maire de Nice de faire participer notre ville aux célébrations républicaines du 19 mars, en précisant "assumer son insoumission" est un acte grave.Qu’il ridiculise un peu plus son auteur, qui a osé lancer, le 23 octobre 2012, "vive l’Algérie Française" est une chose. Se réclamer du Général De Gaulle, l’homme du 19 mars 1962, et vouloir transformer sa ville, à l’heure de l’apaisement et de la cicatrisation des plaies, en sanctuaire de l’OAS, est un paradoxe. Un paradoxe qui rappelle que l’homme n’a aucune conviction.

Comme le FLN , le PCF, le Parti Socialiste, les Verts .
- Fête de la victoire du 19 mars 1962, ils oublient volontairement les victimes de l'après cessez le feu, les élus de la honte.
 
 
         
 
Mis en ligne : 22 février 2013