L’imposture du 19 mars et de la loi du 19 Mars Alain Néri

     

C’est donc fait.


Le 19 mars sera désormais la « journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie ». En catimini, les sénateurs ont adopté le jeudi 8 novembre 2012 en première lecture une proposition de loi que les députés avaient votée il y a… dix ans.

 
 

C’était en 2002, sous Lionel Jospin. Ce texte, sorti des placards de la représentation nationale où il avait été relégué non sans sagesse, ne peut que susciter étonnement et indignation.

Étonnement tout d’abord. Pourquoi remplacer la date neutre du 5 décembre, choisie par décret en septembre 2003, qui convenait à la grande majorité des associations ? Pourquoi privilégier ce 19 mars en référence à la signature des accords d’Évian ?

Si encore cette date correspondait à un retrait par le haut du conflit algérien, on pourrait lui trouver une forme de légitimité. Mais les travaux historiques les plus récents – comme l’excellente synthèse de Chantal Morelle – montrent que les accords d’Évian — violés par le FLN, mollement défendus par les autorités de la République — ne furent qu’un chiffon de papier.

Indignation ensuite. Car le 19 mars marque le début d’un nouveau cycle de violences sur la terre d’Algérie. Au-delà des départs qui s’accélèrent dans les communautés européenne et juive, on assiste à l’émergence d’une nouvelle forme de terrorisme : les enlèvements.

Des milliers de civils et militaires sont frappés par cette terreur silencieuse que Jean-Jacques Jordi a décrite dans un ouvrage magistral. Comment ne pas songer enfin aux grands massacres finaux ?

Les dizaines de pieds-noirs abattus à bout portant par les forces françaises rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962.

Les 700 Européens massacrés ou enlevés dans les rues d’Oran le 5 juillet 1962. Et bien sûr, les dizaines de milliers de harkis assassinés au cours du dernier semestre 1962.

Alors pourquoi ? Pourquoi choisir cette date douloureuse pour honorer les morts d’Algérie ?

La première raison est sans doute d’une triste banalité. Comment ne pas voir dans ce vote l’effet du lobbying efficace de deux associations proches du parti communiste — l’ARAC et la FNACA — pour qui le 19 mars demeure une date heureuse.
La seconde pourrait être d’ordre diplomatique. Après la reconnaissance officielle des violences du 17 octobre 1961, s’agit-il d’un nouveau signal en direction des autorités d’Alger que François Hollande doit rencontrer au mois de décembre ? Voilà qui manquerait singulièrement de grandeur, pour ne pas parler de justice. Guillaume Zeller


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Dessin : Jean Brua.
   
SOURCE :http://www.bvoltaire.fr/guillaumezeller/limposture-du-19-mars,3300