Toulouse 450 personnes manifestent contre : 19 mars 1962 fin de la guerre d'Algérie.

Près de 450 personnes, ont manifesté le samedi 19 mars 2011 devant la préfecture de la Haute-Garonne à Toulouse contre des menaces "d'officialisation de la date du 19 mars 1962 comme fin de la guerre d'Algérie".
Les manifestants, parmi lesquels de nombreux harkis et pieds-noirs, voulaient réagir au fait que le ministère de la Culture "accole dans son calendrier des commémorations 2012, 19 mars" et "fin de la guerre d'Algérie", a déclaré Achour Baali, membre du Haut conseil des rapatriés "Pour nous, harkis, le 19 mars c'était le début du calvaire, il y a eu plus de morts après la guerre que pendant", aussi "on n'accepte pas la date" du cessez-le-feu comme date officielle de la fin de la guerre, a dit pour sa part le président de l'association "Générations harkis" à Mazamet (Tarn), Mohamed Djafour.
"Mr Sarkozy a lui aussi trahi les harkis", proclamait une autre banderole, car selon M. Djafour, le président "ne tient pas ses promesses" : avant d'être élu "il avait promis" que cette date ne serait pas retenue, a-t-il déclaré.
Une délégation a été reçue par le cabinet du préfet et a remis une lettre à l'adresse du président de la République lui demandant de ne pas reconnaître le 19 mars 1962 comme la fin du conflit


      Le 16 avril 2007, alors candidat à la magistrature suprême, vous écriviez aux Présidents des associations nationales des Français rapatriés d’Algérie  que vous aviez reçus  : « Il n'est pas question que le 19 mars soit une date officielle de commémoration. Il est arrogant de condamner et de mépriser la douleur qui fut la vôtre et celle de vos familles lorsque vous fûtes chassés de vos terres, de vos maisons, et séparés de vos amis. Vous avez tout perdu. Vous avez été victimes d'une histoire et encore victimes d'un mépris. »

          Vous rejoigniez alors la position de tous les Présidents de la République qui vous avaient précédé.

       Rien d'étonnant à cela dans la mesure où nul n'ignore plus aujourd'hui que les pseudos « accords d'Evian » n'ont aucune portée juridique sur le plan international et, pire, que le « cessez-le-feu » qu'ils entendaient imposer ne fut en réalité que théorique et surtout unilatéral. En effet, à partir de cette date, le FLN multiplia les enlèvements et les massacres de milliers de Français d'Algérie, de dizaines de milliers de Harkis et de centaines de soldats du contingent, l'armée française ayant l'obligation de ne plus intervenir. Toute une population fidèle à la France fut ainsi abandonnée et livrée à une véritable folie meurtrière.

           Or, nous apprenons que votre ministre de la culture entend rendre hommage cette année à Frantz Fanon, fervent et actif soutien du FLN dès 1954, dont l'ouvrage « Les Damnés de la terre » résonne encore douloureusement dans nos mémoires, et notamment la préface qu'en fit Jean-Paul Sartre dans laquelle il lançait un véritable appel au meurtre des Français d'Algérie : « En ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre. » Dans votre courrier aux associations nationales  vous affirmiez  pourtant : « Mon premier engagement est de ne jamais sombrer dans la démagogie de la repentance ». Comment interpréter alors cet hommage officiel rendu à un intellectuel qui s'engagea aux côtés du FLN et contre ses compatriotes ? N'est-ce pas justement légitimer son action et faire ainsi acte de repentance ?

            Tout aussi grave, nous constatons sur le site du ministère de la culture qu'apparaît dans le calendrier des commémorations de 2012 la date du 19 mars 1962 où la formule « Fin de la Guerre d'Algérie » est accolée à la mention « Accords d'Evian ». Devons-nous vous rappeler que dans votre lettre vous insistiez en ces termes : « Je le répète, c'est par respect pour vous que je n'accepterai pas que la date officielle de la commémoration des morts de la guerre d'Algérie soit celle d'un cessez-le-feu, qui de surcroît n'a pas été respecté. » N'est-ce pas pourtant ce vers quoi votre gouvernement et vous-même semblez tendre si l'on en croit cette publication ?

        Concernant les commémorations du 19 mars, si nous ne contestons pas à une association d'anciens combattants isolée le droit d'organiser des cérémonies privées – au mépris néanmoins de la date du 5 décembre approuvée par la commission Favier à une écrasante majorité -, nous ne pouvons accepter en revanche la présence des autorités civiles et militaires qui confère à ces célébrations un caractère officiel. Nous vous demandons donc de ne plus autoriser les représentants de l'Etat à assister à ces cérémonies, à plus forte raison cette année où, en période d'élections cantonales, ils se doivent d'observer une stricte neutralité et de s'abstenir de participer à toute manifestation publique.

          Les Rapatriés d'Algérie attendent de vous un geste fort dans leur direction et le respect de vos engagements de 2007. Ils ne sauraient se contenter, à l'aube de 2012, de simples déclarations d'intention.


Devant une banderole affirmant "Accords d'Evian = cessez-le-feu meurtrier", M. Baali a déclaré avoir rappelé lors de son entretien à la préfecture que l'Etat français "n'oublie pas le massacre de 150.000 harkis après le cessez-le-feu"


 

 
 
 
 
Le compte rendu des organisateurs
 

A 11 heures, la police nous donnait un chiffre honnête et légèrement sous-évalué de 400/450 participants. C'est le moment où notre délégation fut reçue par le Chef de cabinet du Préfet (Mme Ghislaine Delmond pour le Cercle algérianiste et le CEFANOM, Mme Annie Parent pour l'Association nationale des Enfants de l'Algérois, Mme Paule Perez-Famery pour les familles de disparus, M. Achour Baali pour les Harkis et M. Lionel Vivès-Diaz au titre des Amitiés oraniennes / L'Echo de l'Oranie).
Il est à noter que la délégation, volotairement réduite, s'exprimait au nom de l'ensemble du collectif, et notamment de l'Amicale des Français d'Outre-mer de L'Union, de celle des Pieds-Noirs de Quint-Fonsegrives et de l'Amicale nationale des Hauts-Plateaux de Sétif, à l'origine également de ce rassemblement.
L'accueil du Chef de cabinet fut cordial. M. Lionel Vivès-Diaz lui exposa les raisons de notre mécontentement et lui remit la lettre ouverte adressée au Président de la République (voir ci dessus).
Nous eûmes une écoute particulièrement attentive. Les autres membres de la délégation furent invités à s'exprimer et d'autres questions  que la célébration du 19 mars furent abordées, notamment celle des cimetières.
A l'extérieur, M. Marcel Lizon, président de l'Amicale des Pieds-Noirs de Quint-Fonsegrives, animait le rassemblement.
La délégation sortit à 11 heures 45 sous les applaudissements de l'assistance et fit à la foule un compte-rendu de l'entretien en préfécture. La manifestation s'achevera par le Chant des Africains (les CRS présents nous dirent en avoir eu des frissons).
Le collectif tient à remercier très chaleureusement toutes les personnes et associations présentes qui ont permis le succès de ce rassemblement.