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LETTRE OUVERTE A JACQUES BRIAT

Monsieur le Député de Tarn et Garonne

Jacques BRIAT, 6, Rue ANDRIEU, 82400 VALENCE D’AGEN.

Objet : votre projet de loi visant à reconnaître les dates du 5 décembre et du 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie.

Référence : NICE-MATIN du 05/12/2006.

Copie à : M. Le Président de la République.

M. Nicolas SARKOZY, président de l’U.M.P. MM. les co-signataires de la proposition de loi N° 2 907.

Un article paru ce 05 décembre 2006 dans NICE-MATIN fait état d’une nouvelle stupéfiante que l’on peut vérifier sur le site de l’Assemblée Nationale : vous avez déposé une proposition de loi N° 2 907 – co-signée par vingt-deux autres députés de votre groupe, l’U.M.P, MM. Jean AUCLAIR, Jean-Claude BEAULIEU, Gabriel BIANCHERI, Ghislain BRAY, Olivier DASSAULT, Lucien DEGAUCHY, Jean DIÉBOLD, Dominique DORD, Gérard DUBRAC, Guy GEOFFROY, Alain GEST,Maurice GIRO, Jacques GODFRAIN, Didier JULIA, Aimé KERGUERIS, Jean-Louis LÉONARD, MmeHenriette MARTINEZ, MM. Daniel PRÉVOST, Serge ROQUES, Michel ROUMEGOUX, Francis SAINT-LÉGER et Jean-Pierre SOISSON - visant à faire reconnaître le 5 décembre et le 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie.

Nous aurions donc deux dates ? Et pourquoi pas trois ou même quatre ? Suivez-moi.

Le fait que vous êtes né le 18 janvier 1948, et que, par conséquent, vous étiez trop jeune à l’époque

des faits, n’excuse ni votre ignorance en la matière ni l’inexactitude des renseignements qui vous ont conduit, vous et vos co-signataires, à prendre cette funeste initiative. De surcroît, vous en faites l’étalage à destination de vos collègues élus dans l’exposé des motifs de votre œuvre.

Votre position de député du peuple aurait dû vous faire savoir que le monde des Anciens Combattants d’Algérie, dont je fais partie, a été durant plus de 40 (quarante) années, divisé sur une date de commémoration de cette période, reconnue ‘’Guerre’’ 1954 – 1962, le 18 octobre 1999 :

d’un certain côté, la FNACA, qui se dit la plus importante (en revendiquant 370 000 membres…) des associations d’Anciens Combattants d’Algérie, (mais, même si c’était le cas, elle n’est tout de même pas majoritaire sur le total de près de

3 000 000 d’Anciens d’AFN…), impose à ses adhérents (Article 3 de ses statuts) la date du 19 mars. Or, il est historiquement reconnu par les historiens de tous bords que le nombre de morts après ce 19 mars

1962 est estimé jusqu’à six fois et demie plus important que depuis le début de la guerre, le 1er novembre 1954.

Je vous joins la plaquette sur ce 19 mars réalisée par ‘’Mémoire de la France d’Outre-Mer’’.

Vous y trouverez de quoi répondre à vos éventuelles interrogations et en particulier sur le refus du 19 mars par les Présidents de la République successifs.

Vous pourrez en faire profiter vos co-signataires aussi mal documentés que vous, avant cet envoi…

On trouvait de l’autre côté, toutes les autres Associations d’Anciens d’Algérie : Union Nationale des Combattants ; Combattants d’Algérie, Maroc, Tunisie ; Union Fédérale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre ; etc. qui tenaient, elles, pour le 16 octobre, date anniversaire de l’inhumation, en 1977, du soldat inconnu d’Algérie à la nécropole nationale de Notre Dame de Lorette, Pas-de Calais, en présence de M. Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République Française. Le Président Chirac a donc, dans un louable but d’apaisement, réuni la commission FAVIER qui, à l’unanimité moins la FNACA, a choisi la date neutre du 5 décembre, date de l’inauguration du mémorial du Quai BRANLY à PARIS. Les associations restent libres de commémorer leurs dates respectives à titre associatif avec même la possibilité de représentation officielle et militaire.

Le décret N° 2003-925 du 16 septembre 2003 a officialisé cette décision qui mettait fin à plus de quarante années de chikayas et de disputes stériles.

Votre proposition de loi alinéa 2, précise : « Sans remettre en cause le décret N° 2003-925 du 26 septembre 2003… … prendre en compte les divergences et les polémiques qui continuent à agiter le monde des anciens combattants d’Algérie. »
Je m’inscris en faux. Seule la FNACA appelle au boycott du 5 décembre, commettant en cela un acte de désobéissance civique qu’il conviendrait de sanctionner au lieu de se plier à ses pressions anti-démocratiques.

’U.N.C. et les autres associations se sont aussitôt ralliées à la date oecuménique du 5 décembre.

Monsieur le Député BRIAT et vos co-signataires, souhaitez-vous vraiment relancer cette guerre franco-française qui avait trouvé, sous l’autorité du Chef de l’Etat – et chef de file de votre parti, l’U.M.P., une solution de compromis ?


Allez-vous déterrer ou faire déterrer la hache de guerre ?

Quel bénéfice pourrait en retirer le monde combattant ?

Qui en profiterait ?


Allez-vous céder à l’agitation politicienne en mettant sous le boisseau la discipline républicaine ?

Vous n’honoreriez pas le mandat que vous tenez en partie des Français d’Algérie pour qui ce 19 mars marque le début d’un abominable calvaire toujours présent grâce à des initiatives comme la vôtre.

Ne doutez pas un seul instant que l’électorat des Français ‘’rapatriés’’ d’Algérie, que je me charge d’alerter, tiendra scrupuleusement compte, lors des prochaines échéances électorales, de votre position et de celle de vos associés dans cette entreprise honteuse qui indigne nos compatriotes et nos amis.

Je vous suggère donc respectueusement de songer sérieusement à déposer un projet de loi qui viserait à punir ceux et celles qui contreviennent aux lois de notre République. Ce serait éminemment plus utile et salutaire.

En espérant, sans trop d’illusion, avoir contribué à vous faire réfléchir sur l’inopportunité de votre imprudent projet, je vous assure, Monsieur le Député, de notre totale désapprobation ainsi que de notre constante vigilance.

Pour le Collectif des Rapatriés Internautes, le président. Jacques TORRES.