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– Revue de presse N° 181

 

– 29 juin 2024 – {2003–2024 – 21ème année}

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Cérémonie du 5 juillet 2024 à Aix en Provence cimetière Saint Pierre 11 heures

https://www.lefigaro.fr/actualite–france/une–bouteille–de–pastis–et–des–morceaux–de–tibia–les–derniers–mysteres–des–soldats–rapatries–de–dien–bien–phu–20240629

Une bouteille de pastis et des morceaux de tibia : les derniers mystères des soldats rapatriés de Diên Biên Phu

Par Hugues Maillot

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Des «artefacts» retrouvés avec les dépouilles. Stephan Zaubitzer/Hans Lucas pour Le Figaro

REPORTAGE – Les six dépouilles de soldats de l’armée française rapatriées en avril du Vietnam ont été analysées par un laboratoire marseillais, que Le Figaro a pu visiter.

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Il règne dans le petit laboratoire marseillais une atmosphère presque monacale. Ici, au coeur d’un des campus de l’université Aix–Marseille, pas de machines high–tech dernier cri. Des crânes et des ossements entreposés sur des racks de séchage ornent une première pièce baignée d’une lumière froide. Dans la seconde, tout aussi austère, trois sachets zip sont posés sur une grande table blanche. L’un d’eux semble rempli de copeaux de bois morts. Avec une simple mention au marqueur noir : «Dien Bien Phu. 11/04/24. Urne 2». C’est en réalité tout ce qu’il reste d’un soldat mort lors de la bataille qui a mis fin à la guerre d’Indochine, récemment rapatrié sur le sol français. Dans le deuxième sachet, un morceau fragmenté de tibia ou de fibula, et de la poussière. Dans le troisième, une dizaine de dents.

Des restes de soldats de Diên Bien Phu au laboratoire de Marseille. Stephan Zaubitzer/Hans Lucas pour Le Figaro

Le 11 avril dernier, les dépouilles de six soldats de l'armée française tombés à Diên Biên Phu ont atterri à l’aéroport Roissy–Charles de Gaulle en provenance du Vietnam. Elles y avaient été accueillies avec une sobriété toute militaire : un piquet d'honneur composé de soldats du 7e bataillon de chasseurs alpins (BCA), un bref discours du chef de cabinet de Patricia Mirallès, secrétaire d'État aux Anciens combattants, et une poignée de journalistes. L’événement était rare. Et le fruit d’une longue négociation diplomatique entre la France et le Vietnam. Les deux larges caisses revêtues du drapeau tricolore, à défaut de cercueils, laissaient imaginer l’état des corps.

https://maroc–diplomatique.net/il–y–a–32–ans–lassassinat–de–boudiaf–et–ce–quil–devoilait–dun–regime–militaire–qui–decime–son–peuple/

Il y a 32 ans l’assassinat de Boudiaf et ce qu’il dévoilait d’un régime militaire qui décime son peuple

Maroc diplomatique 29 juin 2024 Par Hassan Alaoui

Il y a trente et deux ans jour pour jour, le lundi 29 juin 1992, le président algérien Mohamed Boudiaf, était froidement assassiné à Annaba, à bout portant alors qu’il prononçait un discours – le dernier évidemment – devant les caméras de la télévision. Il avait construit une petite vie d’exilé dans un Maroc qui lui témoignait hospitalité fraternelle, solidarité et soutien…

Ce meurtre en direct avait été commis par l’un de ses gardes du corps, le sous–lieutenant Lambarek Boumaarafi, dit Abdelhak, du Groupe d’intervention spécial (GIS, troupe d’élite des services secrets) qui agissait sous le commandement de Toufik Medine, le général criminel de son état et patron inamovible à l’époque des services secrets ( DRS). « Abdelhak », sa créature avait agit sur ordre, bien entendu, contrairement à ce qui a été dit dans un premier temps, à savoir un « acte isolé » ! En fait le DRS dans son obsessionnelle culture du mensonge s’était efforcé vainement  de présenter l’assassin comme un fanatique islamiste. C’était le comble de la forfaiture, comme si Mohamed Boudiaf était un adversaire ou l’ennemi des Islamistes.

L’année 1992 constituait en effet la sinistre apogée du général « Toufik » confronté au Front islamique du salut (FIS) et aux débuts de la « décennie noire » qui fera presque 100.000 morts. Mohamed Boudiaf  n’avait pas passé plus de six mois après son retour en Algérie avant d’être abattu publiquement, alors qu’il voulait servir son pays et son peuple, comme dans un dernier sursaut, heureux enfin d’être à côté des siens après avoir passé un peu plus de 30 ans à Kénitra, retiré volontairement de la politique. Il avait crée une petite entreprise de construction, une briqueterie plus exactement, s’imposant un rythme de vie quasi spartiate, se levant chaque matin à 5 heures, effectuant régulièrement sa prière avant de rejoindre sa « fabrique »…Sa femme Fatiha, ses enfants vivaient avec lui cultivant un brin de nostalgie de l’Algérie.

Ce sont les militaires algériens qui, l’implorant presque, avaient demandé à Mohamed Boudiaf de rentrer en Algérie. La situation en 1992, notamment après le départ de Chadli Bendjedid, était catastrophique. Il avait pour mission de rétablir la confiance avec le peuple, de réussir le pari audacieux d’une réconciliation nationale, d’autant plus que ce même peuple – après avoir été mis sous le boisseau pendant les années Boumediene – aspirait à une meilleure existence et, déjà, ne supportait pas la chape de plomb qui lui était imposée par le pouvoir militaire. Feu Boudiaf était connu pour son honnêteté et sa rigueur intellectuelle, fils du peuple il était né, fils du peuple il était resté. Il était enthousiaste de rentrer dans son pays, de devoir servir son peuple dont il avait été séparé malgré lui au lendemain de la Révolution algérienne, cette révolution qui avait été confisquée par Boumediene et ses comparses.

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Un épisode significatif dans ce mouvement de l’histoire du Maroc et de l’Algérie qui nous tire en arrière, est celui de cet épisode de l’avion qui en 1955 devait embarquer les combattants algériens en direction de la Tunisie, lequel avion avait été intercepté par la France et ses passagers conduits à la prison d’Aulnay, en France. Il s’agit de Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat, Mohamed Khider, Ahmed Ben Bella et Houcine Aït Ahmed…Le pouvoir algérien, autrement dit Boumediene et ses stipendiés n’avaient de cesse de tromper et le peuple algérien et la communauté maghrébine, affirmant à tout bout de champ que le Roi du Maroc, feu Mohammed V et le Prince Héritier Moulay Hassan ( Hassan II) s’étaient faits les complices de la France pour arrêter en plein décollage les 5 militants nationalistes algériens en partance pour Tunis où se tenait une réunion intermaghrébine.

Comble du mensonge, véritable désinformation ! Car dans cet avion, le Roi Mohammed V avait exigé d’y être et d’en faire partie. C’est, comme le dira officiellement plus tard, Houcine Aït Ahmed qui l’en dissuada, insensé . La vidéo de cette déclaration de Houcine Aït Ahmed à la télévision française où il dément les allégations mensongères des services de Boumediene  existe toujours. On se doute en effet que si mauvaise intention du Roi du Maroc à l’égard des leaders algériens existait, risquerait–il pour autant sa propre vie pour s’imposer avec eux dans l’avion…Cet épisode est lamentable, il nous prédisait d’ores et déjà l’hostilité des tarentules algériennes et notamment Boumediene. La vérité historique s’impose d’elle–même et Houcine Aït Ahmed  a tenu la rétablir au nom de la mémoire des peuples, marocain et algérien. Il a rendu un vibrant hommage au Sultan Mohammed V, à son courage, à son soutien, à sa solidarité exemplaire.

Mohamed Boudiaf en exil forcé avait trouvé refuge au Maroc, son pays d’accueil mais devenu sa terre chérie qu’il défendait becs et ongles. Les militaires algériens ne lui avaient jamais pardonné sa relative proximité avec le Roi Hassan II, soucieux de parvenir quelque jour à un règlement du problème du Sahara. Boudiaf échappait aux griffes de l’armée algérienne et du pouvoir de Boumediene, lequel s’inspirant de Staline, avait quasiment liquidé ou incarcéré tous ceux qui incarnaient son contre–pouvoir : Aban Ramdan – originaire de Kabylie – assassiné au Maroc dans un attentat, Mohamed Khider, Krim Belkacem « liquidés » l’un à Madrid en 1967 l’autre à Francfort en 1970 , Ferhat Abbas le président du GPRA, Benkhedda, Ben Bella. Il faut rappeler aussi le sanglant guet–apens dans lequel était tombé, un certain 21 août 1993, Kasdi Merbah, ancien redoutable et redouté « patron » du DRS, natif de Fès qui a failli réussir le tour de force de parvenir à un règlement politique avec les Islamistes du Fès mais que les généraux ont assassiné devant chez lui à Alger. Il tombera sous les balles des sbires de « Toufik » Mediene, de Nizar et Larbi Belkheir…ces trois généraux chamarrés qui avaient incarné la répression la plus sanglante et le véritable génocide de l’élite du pays. Nous sommes à quelques mois voire quelques semaines entre l’arrivée de Boudiaf à Alger et la prise de pouvoir méthodique des « services » par Mediene qui, tapi à l’ombre d’une police secrète à la soviétique, genre KGB plus cruel, sévissait déjà sans scrupules. Mohamed Boudiaf avait déjà compris et désapprouvé à partir du Maroc les petits jeux mafieux des généraux  et s’était fait violence de lutter contre la corruption et de combattre cette nomenklatura de « patrons » de l’armée qui avait la main sur des fortunes et des fiefs colossaux qui sur les secteurs de la viande, de la pharmacie, le médicament importé, le lait, les armes etc…Ce que d’ailleurs les deux auteurs du livre « Le Mal algérien », Jean–Louis Levet et Paul Totlila explorent et dissèquent avec talent et une objectivité à toute épreuve. Ce livre constitue un véritable et amer voyage dans les méandres d’un régime qui ne sait plus où donner de la tête, plongé dans une passion triste de ses dirigeants, eux–mêmes victimes de leur aveuglement.

Mohamed Boudiaf avait à cœur de mettre en œuvre des réformes en politique intérieure, de mettre un terme à cette corruption rampante des généraux, et en politique étrangère de renouer avec une tradition de solidarité maghrébine dont, autrefois, il avait été l’un des instigateurs manifestant sa volonté de régler la question du Sahara avec le Maroc. C’était se méprendre vis–à–vis des militaires algériens qui, nolens volens, lui vouaient au fond d’eux–mêmes une méprise voire une haine terrible. A telle enseigne que l’assassiner était la seule manière de lui barrer la route, l’empêcher de faire la paix avec le Maroc, de construire ce rêve qu’il avait toujours caressé, à savoir un Maghreb des peuples fédérés, la démocratie et surtout le pouvoir aux civils en Algérie. Ce que le Hirak n’a cessé de revendiquer.

https://www.algeriepatriotique.com/2024/06/29/intrigant–appel–de–chems–eddine–hafiz–mosquee–algerienne–ou–annexe–du–crif/

Intrigant appel de Chems–Eddine Hafiz : mosquée algérienne ou annexe du Crif ?

juin 29, 2024 – 8:10 kenzi–Adam

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Chems–Eddine Hafiz écrit–il sous la dictée du rabbin de France ? D. R.

Par Abdelkader S. – Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, bien algérien, s’est fendu d’un énième appel, dont on ne comprend pas trop bien à qui il est adressé exactement, pour inciter à se rendre nombreux aux bureaux de vote ce dimanche pour faire barrage au Rassemblement national (RN) qui s’apprête à prendre les rênes d’une France en pleine dérive. Si l’initiative en soi peut sembler louable, les mots choisis par son auteur, eux, posent problème et suscitent moult interrogations. En effet, sans le vouloir, ou acculé par les institutions officielles et le lobby sioniste en France, Chems–Eddine Hafiz, non seulement accuse la communauté musulmane d’antisémitisme, mais admet que lui–même ne représente que sa personne.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, à qui le tapis rouge est déroulé à chacune de ses visites furtives à Alger, commence par dire que «notre nation se trouve à un carrefour déterminant» et «notre patrie» est menacée. Par «notre nation» et «notre patrie», il entend la France pour laquelle il affirme vouer un amour incommensurable. Ensuite, il dénonce un débat «dominé par des discours d’antisémitisme et d’islamophobie», en priorisant les attaques qui visent la communauté juive par rapport à celles, nombreuses, qui ciblent les musulmans, comme si l’appel avait été rédigé par le Crif ou la Licra, et non par un dignitaire musulman.

«En tant que recteur de la Grande Mosquée de Paris, lieu de sauvetage de nombreux juifs durant la Seconde Guerre mondiale, l’ennemi n’est pas le musulman. Ce n’est pas parce que des discours haineux persistent que cela devient une vérité», s’enfonce Chems–Eddine Hafiz qui s’emmêle les pinceaux en voulant dénoncer l’extrême–droite mais en pointant son doigt accusateur en direction de sa propre communauté dont il se proclame le représentant. Pourtant, quelques lignes plus loin, il affirme que «rien, ni personne, ni un prédicateur, ni un homme politique, ni même une institution religieuse ne nous représente en tant que communauté musulmane». Selon lui, donc, seule la communauté juive, qu’il encense, a le droit d’être défendue à travers ses influentes institutions et ses très médiatiques rabbins.

«Si l’antisémitisme est une réalité, il n’est pas l’apanage des musulmans», s’enlise encore Chems–Eddine Hafiz qui confirme son accusation de haine envers les juifs proférée contre la communauté musulmane de France, tout en se gardant, en évoquant l’agression militaire israélienne à Gaza, d’appeler les choses par leur nom. Il prend des pincettes en parlant de «conflit israélo–palestinien» qui «fausse le débat», là où il s’agit d’un génocide commis par le régime nazi de Netanyahou contre les populations civiles palestiniennes. Et, même quand il exhorte les destinataires de son appel à «s’indigner» contre la montée du Rassemblement national, il le fait «au nom de ce que le peuple juif a enduré sous une Europe gouvernée par une extrême–droite ultranationaliste le siècle dernier».

Alors, la Grande Mosquée de Paris, une institution religieuse algérienne ou une annexe du Crif et de la Licra ? A. S.

https://observalgerie.com/2024/06/29/societe/algerie–maroc–islam–revelations–origines–jordan–bardella/

Algérie, Maroc et Islam : Nouvelles révélations sur les origines de Jordan Bardella

Publié le 29 juin 2024 à 14h11· Écrit parAhmed O.·

© ObservAlgerie – Algérie, Maroc et Islam : Nouvelles révélations sur les origines de Jordan Bardella

En pleines élections législatives, les origines étrangères de Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), sont au centre des intérêts. Le candidat hostile à l'immigration s'avère avoir des liens profonds avec le Maghreb et l'Islam.

Derrière l'image publique qu'il projette, en mettant en avant ses racines italiennes, se cache une histoire familiale plus complexe avec des liens avec le Maghreb. L'enquête menée par le magazine Jeune Afrique révèle que l'arrière–grand–père maternel de Jordan Bardella, Mohand–Séghir Mada, était un immigré algérien originaire de Kabylie. Désormais, l'on apprend que son grand–père paternel est un Italien qui a immigré en France avant de s'installer au Maroc et de se convertir à l'islam.

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Arrivé en France dans les années 1930, l'aïeul kabyle de Jordan Bardella a travaillé en tant que manœuvre dans le bâtiment à Villeurbanne. Quant à son grand–père paternel, Guerrino Bardella, est un menuisier ébéniste qui a immigré en France en 1960.

Quelques années plus tard, il part s'installer au Maroc, épouse une marocaine et se serait converti à l'islam. Ainsi, les deux grand–parents du président du Rassemblement national sont issus de l'immigration qu'il combat aujourd'hui.

Selon l'enquête de Jeune Afrique, Guerrino Bardella est né en Italie en 1944 avant d'immigrer en France à l'âge de 16 ans. En 1963, il épouse Réjane Mada, la fille de Mohand–Séghir Mada.

Le couple va avoir un seul enfant, Olivier Bardella, en 1968, avant de divorcer.

Guerrino Bardella a un titre de séjour de 10 ans au Maroc

Après le divorce, Guerrino va immigrer au Maroc où il travaille comme menuisier ébéniste à Casablanca. Quelques années après, il rencontre et épouse Hakima, une Marocaine. Cela l'aurait conduit à se convertir à l'islam conformément aux lois locales.

Guerrino Bardella s'est ensuite fait un nom en tant que menuisier–ébéniste respecté par la communauté expatriée et la bourgeoisie casablancaise. Guerrino Bardella a réussi son intégration au Maroc. Aujourd'hui âgé de 80 ans, il est encore en vie et détient un titre de séjour valable 10 ans, obtenu en 2016 pour « regroupement familial ».

Ces révélations sur les origines familiales de Jordan Bardella mettent en lumière certaines contradictions de l'homme politique d'extrême droite sur la question de l'immigration et de la binationalité. Issu de l'immigration, il accuse cette même immigration d'être le mal profond de la France et promet de faire tout pour la combattre. Pour d'autres, Jordan Bardella peut être présenté comme un exemple d'assimilation et d'intégration en France.

Hors sujet

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EXCLUSIF – Philippe de Villiers au JDD : «Emmanuel Macron devra respecter le verdict des urnes»

ALERTE. À l’Élysée, les stratégies sont en cours pour neutraliser un possible gouvernement Bardella. Seul haut fonctionnaire à avoir démissionné en raison d’un désaccord profond sur la ligne politique, Philippe de Villiers met en garde contre un possible « coup d’État ».

Propos recueillis par Jules Torres 29/06/2024 à 23:30

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Pour Philippe de Villiers, « l’État ne doit pas être livré à la faction d’un enfant qui casse son jouet ». © ABACA

Le JDD. Avez–vous eu vent d’une rumeur selon laquelle Emmanuel Macron envisagerait une « valse des préfets » la semaine prochaine ?

Philippe de Villiers. Oui. Hélas. En tant qu’ancien sous–préfet, j’ai gardé de vraies fidélités dans le corps préfectoral auquel je suis profondément attaché. J’ai connu, tout au long de mon parcours politique, de très nombreux préfets et sous–préfets, tous imprégnés du sens de l’État et habités par l’intérêt général. Ils ont enjambé les alternances, et leur loyauté leur a permis de toujours faire la différence entre l’État et le régime, comme les diplomates le font entre les gouvernements et les peuples. Cela fait plusieurs jours que cette rumeur est venue jusqu’à moi. On entend parler d’une « valse des préfets », d’une razzia des postes par les proches du pouvoir. La macronie en débandade alpague les préfectures afin d’organiser une sorte de grève du zèle idéologique pour entraver par leur présence active et subversive l’action du futur gouvernement.

Y voyez–vous une dérive institutionnelle ou démocratique ?

Si ces nominations interviennent avant le second tour, il s’agit d’un pur et simple détournement. On n’est plus très loin d’un putsch. C’est–à–dire qu’on prend de force le pouvoir que le peuple ne veut plus vous accorder. Quand j’étais à l’Ena, on nous enseignait de manière solennelle que la France n’est pas les États–Unis et qu’il n’y a pas chez nous de spoil system. En Amérique, le président amène avec lui à Washington ses équipes et nomme à tous les postes de l’État et de l’administration fédérale. La France, vieil État capétien, enrichie dans sa tradition administrative par l’Empereur, a su conserver, par–delà secousses et turbulences, de génération en génération, le devoir de loyauté et l’obligation de réserve. L’obligation de réserve, cela veut dire que le haut fonctionnaire n’a pas à s’exprimer publiquement sur ses convictions intimes. La loyauté, c’est autre chose : elle vient enter l’obligation de réserve, elle est une forme de chevalerie moderne qui nous vient de la France des missi dominici et, plus tard, de celle des intendants. Le vassal est loyal à son chef. La loyauté, c’est ce qui permet au chef, qu’il soit civil ou militaire, de ne pas avoir à se retourner pour savoir si les troupes le suivent. Il n’y a pas d’action politique possible sans la loyauté de ceux qui ont en charge le destin de l’État.

Qu’est–ce que cela dit du chef de l’État ?

Sur le pont du Titanic, cela porte un nom : Panique à bord. C’est un naufrage. Emmanuel Macron a perdu pied. Je l’ai observé lors de ses dernières apparitions à Bruxelles : il a une tête de noyé, les yeux exorbités, le verbe exorbitant. On le sent dans la torpeur. Il n’est plus dans les équilibres de la fonction. Il est dans la recherche d’une faction. Il n’accepte pas le verdict des urnes à venir. Je ne suis pas si étonné de ce comportement erratique, car Emmanuel Macron est un Américain par le tropisme du caractère. Il copie l’Amérique dans un anglais parfait. Le spoil system est pour lui depuis toujours une vraie tentation, comme il me l’a confié lors d’un dîner en 2018. Il a cédé à la tentation de déconstruire la puissance publique en supprimant les deux grands corps qui tiennent la souveraineté : le corps préfectoral, qui tient la souveraineté interne, et le corps diplomatique, qui tient la souveraineté externe. Il ne croit pas à l’idée française de la filiation. C’est un homme de l’instant. Il s’emploie avec délices à faire en sorte que l’instant d’après vienne contredire l’instant d’avant. Or, un État s’inscrit dans la longue durée. L’État, c’est comme une cathédrale, un vaisseau renversé dont la fonction publique serait la charpente immémoriale. La démocratie ne peut pas survivre si elle cède à l’idée qu’une oligarchie de rencontre, dérogeant aux principes de la nomination au mérite, s’emploie soudain à récuser la volonté du peuple.

Son rapport à l’État ne vous paraît donc pas conforme à la démocratie moderne ?

Si cette rumeur devait être confirmée, cela voudrait dire qu’Emmanuel Macron ferait main basse sur les postes de décision, ou du moins sur certains d’entre eux. On parle devant le Conseil d'État d’excès de pouvoir et de détournement de pouvoir. Là, nous sommes devant un détournement de fonction. Une captation du pouvoir, un coup de force, que dis–je, un coup d’État ! Il s’apprêterait à provoquer une mutation de l’État. L’État ne serait plus au service de l’intérêt général et du bien commun, mais au service d’une caste et d’une faction. Cela rappelle un mot célèbre de François Mitterrand sur le « gang des copains et des coquins ». Personne ne peut accepter que le président de la République, après l’avoir déconstruit, s’apprête à subvertir l’État républicain. Cela relève de la Haute Cour. Car procéder ainsi avant même le verdict des urnes, c’est manipuler les institutions et en travestir l’esprit. Emmanuel Macron devra respecter le verdict des urnes.

Au cours des quarante dernières années, vous êtes le seul haut fonctionnaire à avoir démissionné en raison d’un désaccord profond sur la ligne politique. Quelles étaient les raisons qui vous ont poussé à prendre cette décision ?

J’ai démissionné le 10 mai 1981 au soir de l’arrivée de François Mitterrand. J’ai rompu mes liens et je ne suis pas resté dans la fonction publique. Je suis parti à cause de l’arrivée de l’alliance socialo–communiste, que je jugeais très mauvaise pour la France. C’était une question de loyauté et d’honneur. Je ne voulais pas servir un gouvernement contraire à mes convictions. Lorsque François Mitterrand m’a nommé secrétaire d’État à la Culture en 1986, nous avons évoqué cette décision. Il a salué avec un brin de sympathie l’élégance du geste. Qu’il y ait aujourd’hui des fonctionnaires gênés par l’arrivée probable de l’Union nationale, on peut le comprendre. Leur honneur serait de partir, ils seront remplacés. S’ils choisissent de rester à leur poste, ils ne doivent pas pratiquer la posture des « baïonnettes intelligentes », comme on dit dans l’armée. Si je suis parti, c’est précisément pour honorer ces deux principes qui maintiennent debout l’édifice de la République qui dépasse et surplombe alternances et caprices de coteries.

On entend des rumeurs de désobéissance dans certains ministères… Qu’est–ce que cela vous inspire ?

N’importe quel salarié, dans n’importe quelle entreprise française, qui pratiquerait ce qu’on appelait du temps des Canuts lyonnais des actes de luddisme désorganisant la production, serait immédiatement licencié pour faute lourde, au nom du droit du travail. La même règle vaut pour la sphère publique depuis la fameuse ordonnance de 1959 : n’importe quel fonctionnaire qui choisirait la désobéissance soi–disant civique et se comporterait ainsi comme un saboteur devrait être immédiatement mis à pied, congédié et sanctionné. Dans la déontologie de la haute fonction publique, la désobéissance civique est considérée comme un crime contre l’État. Un ambassadeur qui refuserait d’appliquer les instructions du nouveau Quai d’Orsay encourrait la peine appliquée à tout agent convaincu d’intelligence avec l’ennemi.

Existe–t–il encore de grands serviteurs de l’état qui travaillent pour servir et non se servir ?

La France est née de la rencontre de deux pouvoirs qui conjuguent leurs ordres respectifs : le pouvoir de décision qui engage l’État et le pouvoir d’exécution qui applique les normes, les règles permettant à la fois le renouvellement des voisinages affectifs et leur pérennité de génération en génération. C’est le miracle français d’avoir su transmettre jusqu’à nous ce couple harmonieux où chacun est à sa juste place. L’expression que vous utilisez est du Vigny dans le texte. Elle est magnifique. Elle rappelle la phrase de l’Évangile : « Demeurez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. » Quand on entre dans la fonction publique, on devient en effet un « serviteur de l’État ». Un serviteur de l’État exécute un service oblatif et non pas captatif. Il efface son nom, sa personnalité et ses opinions derrière le cachet de la puissance publique. Quand j’ai entendu ces rumeurs sur ces actes antidémocratiques qui seraient en préparation, mon cœur d’ancien fonctionnaire a saigné. J’espère que nos agents publics sauront se dresser, se lever, pour que leur honneur ne soit pas sali. Aujourd’hui, la France va parler, il faudra respecter ce qu’elle nous aura dit. L’État ne doit pas être livré à la faction d’un enfant qui casse son jouet après avoir tiré la nappe et cassé toute la vaisselle. Les Français réclament trois choses : de l’ordre, de l’ordre, de l’ordre.

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Antisémitisme : « Ils ont peur des agressions physiques et verbales », de nombreux Juifs quittent la France pour vivre en Israël

Société

Depuis le mois d’octobre dernier, les Juifs de France ne se sentent plus en sécurité sur le territoire français et choisissent de partir vivre en Israël.

Publié le 30 juin 2024 à 15h16

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Image d'illustration. © Andreea Alexandru/AP/SIPA

Depuis les attaques du 7 octobre 2023, en Israël, les Français de confession juive vivent dans l’inquiétude. Car depuis cette date, l’antisémitisme ne cesse de progresser sur le territoire. Comme le rapportent nos confrères de CNews, les Juifs font de plus en plus le choix de quitter l’hexagone afin d’aller vivre en Israël. Le président du consistoire israélite de la région Alpes–Provence, Zvi Ammar, soutient d’ailleurs ces familles. « Ils se sentent en insécurité. Ils craignent des agressions physiques et verbales. Ce sentiment–là pourrit la vie des gens », explique–t–il, toujours au micro de CNews.

« Les personnes se sentent plus en sécurité en Israël, bien que ce soit un pays en état de guerre »

Pour ne plus vivre cachés et en raison du climat d’insécurité qui règne depuis quelques mois maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à être tentés par l’aliyah, c’est–à–dire partir vivre en Israël. « Dans la bouche des gens de chaque foyer juif revient la question : « est–ce que nous, communauté juive, avons encore un avenir en France ? » Cela fait beaucoup de peine. Quand une personne se sent menacée et en danger, elle réfléchit à aller ailleurs », affirme Zvi Ammar, ajoutant « qu’aujourd’hui, les personnes se sentent plus en sécurité en Israël, bien que ce soit un pays en état de guerre ». En 2023, 1 100 Juifs de France étaient partis vivre en Israël. Ils devraient être plus de quatre fois plus cette année, à savoir 4 500, d’après les estimations.

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