Les attaquants arrivaient de tous les côtés.
Autour de lui se pressent une vingtaine de journalistes et
de photographes ainsi que des reporters radio avec leurs microphones.
" J'ai pris le F.M. et j'ai continué à tirer, reprend Dumas.
Mais des coups de feu sont partis également derrière nous "
d'autres camarades sont tombés. Les fellaghas sont apparus de tous
les côtés à la fois. Je crois bien que nous n'étions
alors, que cinq survivants : Le sergent Chorliet, blessé à la
poitrine, le caporal chef Aurousseau , blessé à la jambe, le
soldat Lucien Caron, blessé au poignet, enfin Jean_David Milllet et
moi-même, qui étions pas blessés " les rebelles nous
ont " Les rebelles nous ont entourés et désarmé.
Ils étaient environ 30 à 35 tous en uniforme. Ils se sont mis
à ramasser tout l'armement de la patrouille, ainsi que les équipements
individuels. Les habitants du village sont arrivés à ce moment
là et les ont aidés à récupérer notre matériel
".
Aussitôt après les rebelles emmenaient leurs prisonniers, laissant
sur le terrain Lucien Caron évanoui. Pierre Dumas n'assista donc pas
aux horribles mutilations auxquelles se livrèrent les gens du douar
sur les cadavres , ni à la fin du malheureux Caron.
Charliet et Aurousseau abandonnés dans un douar
" Un demi kilomètre plus loin nous avons fait
une halte, poursuit Pierre Dumas. Les fellaghas nous ont fouillés,
nous prenant nos papiers et nos montres. Puis nous nous avons fait route vers
un douar dont nous voyions les maisons à flanc de montagne. Le sergent
Charliet et le caporal chef Aurousseau étaient de plus en plus &puisés
. Aussi nos gardiens ont décidé de les laisser dans le douar
.
" Nous n'étions plus que deux " : Millet moi. Nous avons
encore marché longtemps. Au cours d'une halte, nos gardiens nous ont
fait manger. Ils semblaient être assez bien organisés, et ils
appelaient " mon lieutenant " leur chef qui avait deux étoiles
sur ses épaulettes.
" Le soir nous sommes arrivés à la grotte ou nous devions
être retrouvés. Nous y sommes restés du vendredi au mercredi.
Nos gardiens n'ont pas été trop durs avec nous. Nous mangions
très mal, et eux aussi. Un jour , ils nous ont obligés à
écrire des lettres à nos familles, pour faire savoir que nous
étions prisonniers. J'ignore si ces lettres sont parvenues à
destination. Puis vint le jour ou la légion d découvrit les
traces de nos ravisseurs. Il y eut un combat très violent auquel Millet,
hélas ne survécut pas. Puis l'hélicoptère est
venu me chercher. Voilà " Tel est le récit de Pierre Dumas
jeune appelé arrivé à Alger le 5 mai envoyé à
Beni-Amrane le 6 et capturé par les rebelles le 18, libéré
le 25. Les précisions qu'apporte l'unique rescapé d'Ouled Djerrad
permettent d'identifier formellement les deux derniers disparus de la patrouille
: il s'agit du sergent Alain Charliet et du caporal-chef Aurousseau. La dernière
fois que Dumas les vit, ils étaient blesses mais vivants, et furent
laissés dans un douar par les rebelles.
Saura-t-on un jour quel fut leur destin ? |