Nouvelle preuve de collusion du PC avec les terroristes
L'aspirant Henri Maillot
Ancien comptable de Alger Républicain
Livre des Armes aux rebelles un chargement d'armes
97 fusils, 85 mitraillettes, 90 pistolets, 12 caisses de grenades et munitions
passent ainsi aux mains des hors-la-loi.
Les esprits les plus libéraux ceux qui considèrent
encore que le communisme était une opinion valable ne peuvent plus
entretenir cette illusion. En Algérie le communisme est synonyme de
trahison.
La félonie de l'aspirant Henri Maillot en est une confirmation. Seulement
une confirmation. C'est la gravité du forfait, ses conséquences,
qui heurtent la conscience humaine.
Qu'un français, un officier, use de ce titre pour ourdir
un sombre complot, se mette à la disposition des ennemis de son pays
au nom d'une quelconque idéologie, cela dépasse l'entendement.
Avant d'être officier il avait été délégué national de l'U.J.D.A.
Henri Maillot avait signé une déclaration sur
l'honneur " dans laquelle il affirmait ne pas être communiste et
ne jamais avoir appartenu au parti. C'était déjà un mensonge.
Et l'on peut s'étonner que sa seule signature lui ait valu la confiance
de ses chefs.
Henri Maillot avait pourtant des antécédents qui auraient dû
le rendre suspect. Son père, décédé il y a quatre
mois, étant un communiste notoire secrétaire général
du syndicat (C.G.T.K) des municipaux. Le fils avait suivi ses traces. Deux
fois il avait été invité derrière "le rideau
de fer ". Il faisait partie de la délégation qui avait
assisté au "festival de Varsovie ", il avait été
aussi en URSS, avant 1952, et l'on sait combien il faut montrer patte blanche
pour assister à de tels congés. Lui pouvait le faire : il avait
été délégué national de l'union de la Jeunesse
Démocratique algérienne (U.J.D.A).
Il était encore comptable au journal rouge "Alger-Républicain
", et épisodiquement l'un des ses rédacteurs. Henri Maillot
enfin était "fiché " dans les services de la police.
Nous sommes en mesure d'avancer que ces renseignements avaient été
communiqués à l'autorité militaire. Récemment.
On peut s'étonner qu'on lui ait alors confié une mission à
Miliana de cette importance.
L'intelligence du crime
Henri Maillot a intelligemment édifié son forfait. Les policiers et les malfaiteurs vous diront que plus une "affaire " est simple plus elle a de chances d'aboutir. Les contacts avec les rebelles étaient établis sans doute depuis longtemps. On nous a même assuré que Maillot s'était engagé dans le seul but de leur être un auxiliaire précieux. Ecarter un camarade et l'escorte qui l'accompagnait était un jeu. Quel " trouffion " résisterait à quelques heures de liberté accordées pendant une mission, à la possibilité d'aller embrasser sa femme de caresser son gosse sachant qu'il retrouverait dans quelques instants la caserne ? .Quel officier compréhensif était Henri Maillot et combien il savait se rendre sympathique à ses hommes. Hélas pour cet esprit rigoureux, mathématique tout n'était que bas calcul. Il poursuivait un plan ,.En mettant bas le masque, il a découvert aussi les buts que poursuivent ceux qui se réclament d'une idéologie néfaste. L'Algérie française connaît désormais ses ennemis.
A 7h mercredi matin, un convoi militaire quittait Miliana
pour se rendre sur Alger. Ce convoi Ce convoi était composé
d'un camion Ford, cabine avancée, du groupe de Transports 504, et de
deux Jeeps avec chacune trois hommes. La mission principale de ces derniers
était d'assurer la protection du camion qui transportait un armement
important comprenant : 97 fusils de guerre , 95 mitraillettes douze caisses
de grenades offensives, 50 pistolets à barillet, du modèle 92,
et 40 pistolets automatiques 7 mm, 65. Ces armes étaient accompagnées
de leurs munitions en nombre important. En outre le camion avait également
chargé des fusils de guerre et des baïonnettes reformés
et quatre cent chargeurs vides de mitraillette sten. Le Bataillon de protection
auquel elles avaient été affectées, ayant été
dissous à la suite de la démobilisation des réservistes
qui le composaient , ces armes étaient renvoyées à l'Arsenal
d'Alger avec un bordereau d'envoi régulier.
A 9 h le convoi arriva à Alger après un voyage sans histoire.
A partir de cette heure-là, on ne sait pas encore exactement ni dans
quelles circonstances l'aspirant Henri Maillot, si on peut encore lui donner
son grade, réussit à se séparer de son escorte. Henri
Maillot avait la responsabilité du camion d'armes, tandis que le lieutenant
Chicha, un réserviste également, notaire dans le Constantinois
assurait le commandement de la petite troupe.
A la lumière des déclarations du conducteur du " Ford ",
on sait toutefois que Maillot aurait proposé de se séparer pour
" casser la croûte " en donnant rendez vous au lieutenant
Chicha et à ses hommes devant l'Arsenal de Belcourt. Puis il se tourna
vers le conducteur du camion et lui dit : " Vous venez avec moi, nous
allons déjeuner dans ma famille, à Alger ".
Ne pouvant se soustraire à cette invitation qui était plutôt
un ordre le conducteur, un jeune Métropolitain, incorporé depuis
peu de temps, et en Algérie depuis une vingtaine de jours, reprit dons
la route avec Henri Maillot à ses cotés. Sur les ordres de ce
dernier, il s'engagea sur une route qu'il connaissait pas, celle du littoral
Ouest.
Je ne te tue pas tu es français !
A Baïnem, Henri maillot fit prendre au conducteur la
route de la forêt. A 11 h 10 environ, le camion passa devant la maison
forestière (le fils aîné du garde-forestier le remarqua
mais n'y prêta pas une attention particulière). C'est à
2 km 500 de la maison forestière que le coup de théâtre
survint. Le camion était arrivé au carrefour des routes de Baïnem,
Guyotville-Chéragas et Bouzaréa. Ignorant la route à
prendre, le conducteur ralentit l'allure et se tourna vers son supérieur.
Henri Maillot lui dit : Continue et engage toi dans la petite allée
en terre que tu vois devant toi ". Le soldat obéit. Les roues
du Ford avaient à peine quitté le goudron pour la terre mouillée
recouverte d'aiguilles de pins, que l'aspirant Henri Maillot jeta le masque.
. Sortant son pistolet de son étui, il le braqua sur le ventre du militaire
en lui annonçant d'une voix calme " Je ne te tue pas parce que
tu es français, comme moi, mais stoppe ici et laisse - toi faire "
Chez le jeune conducteur, la surprise fit place à la peur. Puis le
malheureux, en examinant plus attentivement le paysage, comprit qu'il était
victime d'une trahison. Il ,eut d'ailleurs pas le temps de pousser plus loin
ses réflexions. Déjà trois hommes masqués avaient
surgi des broussailles. Avec l'aide d'Henri Maillot, il fut rapidement ligoté
(la cordelette a été retrouvée sur les lieux), endormi
au chloroforme, et jeté dans le fossé devant son camion de surcroît,
on lui jeta du poivre dans les yeux.
Le conducteur réduit à l'impuissance, Henri Maillot et ses complices
transbordèrent le chargement d'armes sur un camion civil, négligeant
les fusils reformés et les trois cents chargeurs vides. L'opération
demanda sans doute très peu de temps. Elle se situe entre 11 h 30 et
12 h. Vers 12 h 30, le conducteur se réveilla. A l'aide de son couteau
de poche, il réussit à couper ses liens. Il sauta ensuite dans
son camion et s'aperçut que les fils d'allumage avaient été
cisaillés à leur arrivée au tableau de bord !
A 13 h 10 M. Santini, le garde forestier de la foret de Baïnem le voyait arriver, à pied pâle et défait " Menez moi tout de suite à Alger " lui dit le jeune soldat. Surpris M.Santini, lui demanda ce qui s'était passé. Le militaire lui expliqua alors le vol des armes et la conduite de son officier. Sans plus tarder, le garde téléphone à la gendarmerie de Guyotville. A 13 h 30, l'alerte générale était donnée. A 14 h des barrages étaient dresses sur toutes les routes tandis qu'une compagnie de tirailleurs sénégalais commençait le ratissage de toute la forêt et la fouilles des grottes qui se trouvaient à l'Ouest du bois. Hier matin ces fouilles devaient reprendre une nouvelles fois. Les barrages de la gendarmerie et de l'armée étaient restés en place toute la nuit.
Un filet serré
Dans les milieux autorisés on pense que le camion qui
a pris les armes à son bord n'a pu aller bien loin en raison du filet
très serré qui est tendu sur toutes les routes et les pistes.
Mais les terroristes ont dû probablement s'assurer par avance d'une
retraite sûre et à l'abri des recherches à Alger même
ou dans la banlieue. La façon dont s'est déroulée l'attaque,
prouve bien en effet que le " coup " a été parfaitement
monté que toutes les hypothèses ont été examinées
et qu'à chacune d'elles une parade a été préparée.
La Police judiciaire, la sécurité militaire et la gendarmerie
nationale ne désespèrent pas cependant de retrouver rapidement,
non seulement les armes, mais aussi Henri Maillot et ses complices qui auront
à répondre, surtout le premier , d'un chef d'inculpation qui
doit les conduire à la peine de mort !
F.ATTARD
Le journal d'Alger du 6 Avril 1956 page 3