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Jean Morin
Novembre 1960 : nommé par le général de Gaulle à la tête de la délégation générale du gouvernement en Algérie, Jean Morin se voit confier une mission d'une extrême difficulté qui avait déjà eu raison de son prédécesseur, Paul Delouvrier. |
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le 22 avril 1961 le 1er REP, de fait, s'empare des centres de décision : siège de la délégation générale, principaux états-majors, etc. Le délégué général Jean Morin, qui reçoit au Palais d'été le ministre des Travaux publics et des Transports Robert Buron, est arrêté avec son hôte. Le général Gambiez qui tente dans la nuit de s'opposer à la marche des unités rebelles vers Alger, le général Adolphe Vézinet, commandant du corps d'Alger, le général Bernard Saint-Hillier, commandant de la 10e division parachutiste, sont arrêtés et envoyés avec eux en résidence surveillée à l'hôtel Atlantique à In Salah. Le ministre de l'Industrie Jean-Marcel Jeanneney, en visite privée à Saïda, parvient lui à regagner Paris. L'amiral Querville, commandant en chef des forces maritimes françaises en Méditerranée, échappe aussi au coup de filet. Il regagne son QG algérois, puis Mers el-Kébir. |
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L'ARGENT SALE DE JEAN MORIN En septembre 1961, l’autorité civile quitta Alger. Après le général Ailleret, qui, dès le mois de juin avait abandonné le quartier Rignot pour s’installer à la base de Reghaïa, Jean Morin s’éloigna de la Ville blanche pour emménager dans les bureaux ultramodernes de la cité administrative de Rocher-Noir, entre Aïn-Taya et Courbet Marine. |
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Ce départ laissait la ville aux mains de l’O.A.S qui, en cet automne de 1961, avait définitivement pris son essor. Les commandos de Roger Degueldre venaient de réussir le premier hold-up de l’histoire de l’organisation en enlevant 80 millions de francs sur le port. Chaque jour, les (delta) faisaient crépiter leurs armes automatiques aux quatre coins de la ville, laissant sur le bord des trottoirs les cadavres toujours plus nombreux de gaullistes, des libéraux ou de musulmans PRO-F.L.N. Les rayons du soleil et le bleu du ciel contrastaient étrangement avec l’atmosphère de guerre civile qui s’était abattue sur la capitale de l’Algérie. |
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Certains affirment que les barbouzes ont servi à leurrer l'OAS en l'entraînant vers des cibles secondaires tandis que se mettait en place, discrètement, la Mission C, dirigée par Michel Hache, directeur de la police judiciaire. Celui-ci était à la tête de deux cents policiers triés sur le volet, fonctionnaires du gouvernement, lesquels, aidés par les gendarmes du capitaine Lacoste, allaient porter de durs coups à l'organisation clandestine. Cette théorie du leurre a été soutenue par le journaliste et historien Yves Courrières. De nombreux chefs de l'OAS, comme le docteur Pérez, l'estiment valable. Toutefois, pour Jean Morin, alors délégué général en Algérie, comme pour Vitalis Cros, alors préfet de police d'Alger, une conclusion s'impose : ce rôle de leurre, les barbouzes ne l'ont joué que par hasard. |
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De son côté, Jean Morin débloque soixante autres millions, une trentaine de véhicules (en majorité des Peugeot 403, 404 et des fourgonnettes) et un stock de faux passeports, cartes d'identité et permis de conduire. Pistolets, revolvers, mitraillettes, grenades et plastic sont fournis par la Sécurité Militaire ainsi que les permis de port d’armes. Accords d’Evian Comme point de départ les accords d’Evian. Dès le 28 février 1962, Le Journal d'Alger affirme savoir « de bonne source » ce qu’en sera le contenu : « l'armée restera 3 ans en Algérie, tous les biens français seront protégés mais, postérieurement réforme agraire avec indemnisation, statut spécial pour Alger et Oran, représentation des européens dans chaque conseil municipal... » Le 21 mars 1962, le même titre publie le texte intégral des accords. Avec une pointe de scepticisme, Jacques Parini, rédacteur politique remarque : « Il convient maintenant au gouvernement français et au FLN de faire appliquer l'accord qu'ils ont conclu ». Jean Morin, délégué général en Algérie, plaçait, a contrario, les populations locales devant leurs responsabilités. Dans une allocution radiotélévisée il affirmait : « La chance de paix s’offre enfin à ce pays. Européens et musulmans, un contrat vous lie, vous êtes voués à la collaboration ». Trois jours plus tard les politiques métropolitains poussent toujours les feux de l’espoir. Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, affirme aux Français d’Algérie : « Dans la paix définitive vous serez chez vous en Algérie ». Jean Morin est avant tout un serviteur de l'État : l'esprit qui transparaît de ses écrits le démontre amplement. |
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