quête d’une rivière mythique où il pourrait contempler son âme et savoir enfin qui il est… En parcourant le pays d’est en ouest et du nord au sud, en prenant le temps de la rencontre, Françoise Saur ne fait pas autre chose que d’offrir au regard du lecteur les bribes du miroir. Boualem Sansal parle de « fragments de vie », de « bouts d’âmes », d’ « éclats de paysage », de « reflets fugitifs », d’ « ombres à contre-jour » que le soir venu, la photographe plaçait « dans un puzzle géant pour reconstituer la grande Âme de ce pays et l’entendre lui murmurer sa vérité ». On ne peut rendre plus bel hommage à l’artiste alsacienne qui parle modestement de sa démarche : « Depuis toujours, elle est la même : je photographie les gens et leur environnement. »
Derrière ce thème générique, il y a simplement la vie qui se joue, partout où vivent des frères et des sœurs d’humanité.
Dans un pays miné par la pauvreté et une guerre qui ne dit plus son nom, on croise des princesses et des mendiants superbes, des regards qui disent l’épreuve mais aussi l’espoir, la générosité.
Françoise Saur saisit autant la poésie et la beauté désordonnée des paysages qu’une petite parcelle des âmes lorsqu’elle photographie les gens. C’est une magicienne qui nous invite à entrer en grande proximité avec ses sujets, dans une intimité respectueuse.
Des liens très forts
Françoise Saur est née en Algérie, elle a vécu à Alger jusqu’à l’âge de 12 ans. « C’est mon grand-père qui s’était installé là-bas, avant de revenir en Savoie, sa région d’origine », explique-t-elle. Lorsque sa famille est revenue en France en 1962, elle n’a pas vécu la même déchirure que celle d’une communauté pied-noir enracinée depuis plusieurs générations. Françoise Saur est retournée souvent dans ce pays pour y rencontrer avant tout ses habitants.
« Au début, je ne sortais pas d’appareil photo, j’avais fait le choix de vivre, simplement. J’ai vécu souvent avec les femmes, notamment quand j’étais dans le sud… Les liens se sont tissés au fur et à mesure. Il y a des choses fabuleuses qui se passent… Des liens très forts. »
F Meichler
LIRE « Les Éclats du miroir, Petits contes algériens » photographies Françoise Saur, texte Boualem Sansal (chez Trans Photographic Press, 38€). |