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Dans une France peu concernée par le dramatique exode d'un million de Français d'Algérie, un adolescent pied-noir, aguerri par des années de violence, se fraye un chemin dans un univers souvent hostile. Il vient d'avoir dix-huit ans. Il sort de prison politique et porte sa douleur en bandoulière. C'est le temps du rejet, des centres d'accueil improvisés, des repas de la soupe populaire, des poches vides, des fripes trop grandes et des regards blessants.
Jean-Pax Méfret relate son itinéraire balisés d'humiliations, de rancoeurs et d'illusions perdues qui constituaient, à l'époque, le quotidien du monde parallèle de ces immigrés malgré eux.
Un récit sans concession sur les années brutales vécues par les déracinés de l'Algérie française qui avaient cru aux grandes promesses du général de Gaulle
Le livre le plus personnel de Jean-Pax. Une magnifique page d'histoire. Une merveille de nostalgie, "On ne connaissait pas ça, nous, le verglas. Ni la neige, d'ailleurs. En fait, on ne connaissait pas le froid. Le vrai froid. Celui qui te gèle les os, t'engourdit les mains, te brûle les oreilles, te fait claquer les dents. À Alger, en dessous de dix degrés, on mettait un manteau. Ici, à Rouen, en ce mois de décembre 1962, il fait moins quinze ! |
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C'est un hiver polaire.
Partout en France, le mercure oscille de moins dix à moins vingt-cinq. De nombreux ports sont paralysés par des banquises, les fleuves et les rivières charrient des blocs de glace.
J'ai rajouté des semelles en carton dans mes godillots pour isoler mes pieds du sol gelé. Je porte un duffle-coat usé et des gants de laine rêche offerts par la Croix-Rouge. J'avance en funambule sur…..
Ces quelques lignes d'introduction du dernier ouvrage de Jean-Pax Méfret vous pose le décor. Pour la première fois, et même si L'Eté du malheur nous avait permis d'entrevoir ses blessures profondes, Jean-Pax Méfret se livre réellement autrement qu'en chansons (Le pays qui n'existe plus, Le pain de la misère, etc.).
Un écorché vif mais quel régal. La France a préféré fermé les yeux sur son passé. Il nous pousse à ce retour sur nous-mêmes pour mieux appréhender l'avenir.
Merci Monsieur Meffret pour vos messages d'espérance et vos leçons de courage. |
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Le roman vrai d’une jeunesse brisée...
Après « L’Eté du malheur », Jean-Pax Méfret raconte sa libération de la prison (à 18 ans pour cause d’Algérie Française), le dénuement dans lequel il découvre sa famille, cette ville de Rouen où la neige et le verglas ne sont pas les seules froidures. Il dit, avec ce demi sourire un peu triste, un peu ironique, beaucoup complice que nous lui connaissons, les aides maladroites, les blessures infligées par méconnaissance, par maladresse, par mégarde ou au contraire, volontaires. Il dit le courage de la mère, les recherches du père, le mutisme du petit frère, le froid dans les cœurs et dans les corps. Il dit la révolte qu’il faut maîtriser pour ne pas accroître les épreuves de la famille et l’incroyable adresse de « l’homme à la casquette » l’Oranais au cœur « gros comme ça », l’as de la débrouille pour venir en aide aux compatriotes démunis de tout, en complet désarroi...
Il dit la sécheresse des politiques, des administratifs, l’abominable méchanceté gratuite pour empêcher ce garçon si jeune de sortir de son malheur. Il dit la frousse de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir, De Gaulle regnante. Il dit tout et tant de choses encore avec la vigueur des mots qui font mouche mais jamais la moindre jérémiade, oh ! Non ! Si je devais résumer l’œuvre de Jean-Pax Méfret ce serait en deux mots : Honneur et dignité. Qui ne s’honorerait de l’estime d’un tel homme ?
Geneviève de Ternant - 17 Juin 2012 -
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